Les opposants à la loi sur le CO2 font de la publicité dans tout le pays avec les supposés coûts supplémentaires que les consommateurs devront payer après l’adoption de la loi. Ils ignorent systématiquement que le refus de cette loi est l’option la plus coûteuse pour tout le monde. Il est toujours moins cher de prévenir les dommages climatiques que de devoir essayer de les réparer. Ils omettent aussi systématiquement d’évoquer le mécanisme de redistribution, grâce auquel il n’y aura aucun surcoût net pour la majorité des ménages.

La question se pose donc de savoir quels sont les intérêts défendus par les opposants. L’exemple d’Alain Schwald, un politicien très actif parmi les opposants à la Loi sur le CO2 illustre bien cette question. Il est à la fois le responsable de la campagne du « Komitee für eine wirksame Umweltpolitik » et un employé de l’entreprise pétrolière AVIA. Est-il possible qu’il se batte pour protéger ses propres affaires? Avenergy, anciennement connu comme l’union pétrolière suisse, publie une brochure pleine d’erreurs sur la loi sur le CO2. Et des représentants importants de l’UDC, qui est le seul parti à se positionner catégoriquement contre une meilleure protection du climat, sont directement liés aux négociants en pétrole. C’est notamment le cas d’Albert Rösti, président du parti jusqu’en aout 2020 tout en étant le président de Swissoil.

Les chiffres suivants, tirés de la statistique globale de l’énergie 2019 de la Suisse, montrent clairement pourquoi les acteurs de la branche pétrolière se font du souci. Un regard sur l’évolution des dépenses en énergies fossiles montre que jusqu’à présent, les acteurs de la branche pétrolière suisse ont réussi à se protéger des mesures de protection du climat. Aujourd’hui, les consommateurs finaux dépensent nettement plus pour la consommation de produits pétroliers et de gaz naturel qu’en 1990, année de référence pour la politique climatique.

En 2019, les dépenses suisses en produits pétroliers ont atteint la somme impressionnante de 14,71 milliards de francs suisses. A cela, il faut ajouter 2,85 milliards pour le gaz naturel. Au total, les consommateurs finaux ont dépensé 17,56 milliards de francs suisses en combustibles fossiles en 2019. Sur le total des dépenses, une moyenne de 8 milliards par an a été transférée à l’étranger au cours des dix dernières années. Cela représente plus de 2100 CHF par ménage et par an.

Les dépenses en produits pétroliers et gaziers ont fortement augmenté par rapport à 1990, année de référence pour la politique climatique, bien que leur consommation ait légèrement diminué. En 1990, une dizaine de milliards étaient consacrés aux combustibles fossiles ; en 2019, près de 18 milliards.

Le fait que les dépenses consacrées aux combustibles fossiles aient augmenté de façon aussi considérable malgré une légère baisse de la consommation s’explique principalement par deux facteurs. D’une part, l’augmentation du prix d’achat des importations, et d’autre part, la différence entre le prix d’importation et le prix de consommation. La comparaison entre le prix d’achat des producteurs et le prix de consommation montre que les coûts des consommateurs finaux sont essentiellement influencés par les énormes fluctuations des prix sur le marché pétrolier.

Selon les statistiques de la Confédération, près de CHF 80 milliards ont quitté la Suisse au cours des dix dernières années pour aller dans des pays pétroliers comme le Kazakhstan, la Libye et le Nigeria. 

La nouvelle loi sur le CO2 rendra plus difficile cette fuite d’argent et de pouvoir d’achat vers d’autres pays. En accélérant la transition énergétique, notamment en ce qui concerne la mobilité et le chauffage, la loi fera en sorte que davantage d’argent soit investi en Suisse. Au lieu de se défendre avec de fausses revendications et beaucoup d’argent pour leur propre porte-monnaie, les négociants en pétrole et en gaz feraient bien d’investir dans des solutions énergétiques d’avenir.

Quoi qu’il arrive nous allons abandonner les énergies fossiles.  Au plus tard, nous le ferons lorsque nos récoltes s’assècheront à grande échelle et que l’eau se fera rare. D’autres pays agissent de manière plus décisive que la Suisse. L’attente peut être lucrative pour certains, mais elle est coûteuse et dangereuse pour tous les autres. C’est pourquoi Greenpeace, avec toutes les autres associations environnementales, fait campagne pour un OUI à la loi sur le CO2.