L’Agence internationale de l’énergie atomique minimise les risques nucléaires liés à l’invasion russe autour des ruines de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. C’est ce que montrent les mesures de radiation effectuées par Greenpeace sur place. Une fois de plus, il est clair que le nucléaire n’a pas d’avenir.

Une équipe de cinq experts, dirigée par Greenpeace Allemagne, s’est rendue à Tchernobyl afin d’évaluer l’impact des activités militaires – et d’examiner les dangers auxquels l’homme et l’environnement étaient et sont toujours exposés. 

Au cours de sa tournée de prélèvements de quatre jours, l’équipe de Greenpeace a analysé 19 échantillons prélevés sur le site où des soldats russes ont creusé des tranchées, mettant ainsi à nu de la terre contaminée par la radioactivité. 

L’équipe d’experts a mesuré des valeurs de radiation plus de trois fois supérieures à celles indiquées par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les mesures documentent des niveaux de radioactivité qui dépassent jusqu’à quatre fois la limite internationale pour les déchets nucléaires. 

Le directeur de l’AIEA, Rafael Mariani Grossi, avait annoncé fin avril que des valeurs élevées étaient certes enregistrées, mais qu’elles ne représentaient pas un grand danger pour l’homme et l’environnement.

A cela s’ajoute le fait que : selon les informations ukrainiennes, les occupants russes ont détruit une base de données contenant des informations sur les zones contaminées par la radioactivité dans la région et ont pillé un laboratoire. Les travaux scientifiques sur la gestion de la contamination ont été retardés de plusieurs décennies.

«Nous voulions savoir ce qui s’était passé sur le terrain»

Pour la plupart des médias suisses, les mesures de Greenpeace ne valaient pas la peine d’être publiées. Il s’agissait pourtant des premières mesures de radiation indépendantes depuis le début de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Le gouvernement ukrainien avait autorisé le voyage de recherche. « Nous voulions savoir ce qui s’était passé sur place », explique Thomas Breuer, expert nucléaire de Greenpeace Allemagne.

Aujourd’hui, les ruines de la centrale nucléaire de Tchernobyl sont à nouveau sous le contrôle de l’Ukraine. Il en va autrement de la plus grande centrale nucléaire du monde, située à Zaporizhzhia, qui se trouve en outre dans une région disputée. Depuis mars, l’armée russe occupe Zaporizhzhia. La centrale continue toutefois d’être exploitée par le groupe public ukrainien Energoatom. « Les installations nucléaires, tout comme les bases d’armes nucléaires, peuvent être des cibles d’attaque ou devenir ce que l’on appelle des dommages collatéraux », explique Breuer. C’est précisément ce qui s’est passé ces derniers jours. La Russie et l’Ukraine s’accusent mutuellement d’avoir tiré sur la centrale nucléaire.

Selon l’expert nucléaire Florian Kasser de Greenpeace Suisse, les conséquences d’un éventuel accident nucléaire seraient dévastatrices : « La population des environs de la centrale nucléaire serait touchée en premier lieu. La radioactivité pourrait toutefois atteindre l’Europe centrale. Le vent joue un rôle à cet égard ».

Le PLR demande des investissements dans les centrales nucléaires suisses 

Il est clair que Tchernobyl et Zaporizhzhia rappellent que la Suisse doit s’en tenir à la sortie du nucléaire – le plus vite sera le mieux. Les exigences du président du PLR Thierry Burkart dans une interview au Blick n’y changent rien. Burkart plaide pour la poursuite de l’exploitation des « centrales existantes » ainsi que pour des « conditions-cadres réglementaires » afin que « les investissements nécessaires à la sécurité de ces installations soient rentables pour les exploitants ». En d’autres termes : les contribuables doivent une fois de plus investir dans une forme d’énergie obsolète et risquée. 

La centrale nucléaire de Beznau fonctionne avec une autorisation exceptionnelle

Les centrales nucléaires sont en outre inadaptées à la crise climatique. La dernière preuve en date est la centrale nucléaire de Beznau (AG). Depuis environ deux semaines, elle ne fonctionne qu’à puissance réduite et avec une autorisation exceptionnelle de l’Office fédéral de l’énergie.

Pour éviter une mortalité massive des poissons, la température de l’Aar ne doit pas dépasser 25 degrés après le déversement de l’eau de refroidissement. Au-delà de cette température, les poissons tels que les truites et les ombres sont gravement menacés.

Si la température dépasse 25 degrés, la puissance des réacteurs doit être réduite. Si la température dépasse cette valeur pendant plus de trois jours, les réacteurs doivent être complètement arrêtés. C’était déjà le cas il y a quelques jours. Mais pour des raisons de sécurité d’approvisionnement, l’office fédéral permet de poursuivre l’exploitation de manière réduite. C’est ce qui ressort d’une décision de constatation du 23 juillet 2022 de l’office fédéral à l’attention d’Axpo. Il y est écrit qu’Axpo peut continuer à exploiter la centrale nucléaire de Beznau conformément à la décision intermédiaire du 4 juillet 2019.

La Suisse a besoin du sprint solaire

Il est possible de sortir des combustibles fossiles sans recourir à l’énergie nucléaire. Les solutions existent. C’est ce que montre le scénario énergétique de Greenpeace Suisse. Les émissions de CO2 du secteur de l’énergie peuvent être complètement éliminées au cours des dix prochaines années. Cela correspond à environ 75% de toutes les émissions de gaz à effet de serre. L’abandon et la reconversion sont réalisables sans détruire davantage la biodiversité et les paysages naturels. La base est constituée par les centrales hydroélectriques existantes, une efficacité énergétique accrue et un développement rapide de l’énergie solaire

Documentation

Greenpeace Allemagne a effectué des mesures de radiation en Ukraine afin de documenter les effets de l’attaque russe. Vous trouverez les résultats et le contexte dans la documentation en anglais et dans le communiqué de presse international.