Greenpeace a analysé des échantillons prélevés dans des pommeraies de toute l’Europe pour voir quel est leur contenu en résidus de pesticides. Les résultats sont divulgués dans le rapport Greenpeace « L’arrière-goût amer de la production européenne de pommes et les solutions écologiques qui existent ». Des cocktails de pesticides alarmants ont été retrouvés dans des échantillons de sol et d’eau – en Suisse aussi.

Pesticides sur une plantation de pommes en France

En avril 2015, l’organisation écologiste indépendante Greenpeace a fait analyser 36 échantillons d’eau et 49 de sols prélevés dans 12 pays européens pour voir s’il y avait des résidus de pesticides. Près des deux tiers (64) de ces échantillons contenaient des résidus. Le pire est l’échantillon contaminé par 13 poisons différents. Parmi les échantillons, on a trouvé 53 pesticides dont certains sont particulièrement toxiques, comme le DDT, et perturbateurs du système hormonal comme l’endosulfane. 20 d’entre eux sont extrêmement persistants et restent dans l’environnement pendant des décennies. Certaines des substances analysées sont interdites depuis un certain temps, mais se retrouvent toujours dans l’environnement. Ces produits toxiques sont particulièrement dangereux lorsqu’ils conjuguent une toxicité et une persistance élevées. En mai 2015, Greenpeace avait montré dans un rapport que les pesticides menacent en particulier la santé des paysans, de leurs familles et des personnes dans les régions agricoles – et réduisent dramatiquement la biodiversité.

Des pesticides au bord du Lac de Constance

Greenpeace a prélevé sept échantillons de sol et six échantillons d’eau dans la région du Lac de Constance. Nous y avons trouvé 9 pesticides différents, et un échantillon en contenait même 5. Il y avait là des poisons dangereux pour les animaux tels que les grenouilles et d’autres animaux aquatiques ainsi que pour les humains. Les analyses de fleurs de 4 pommeraies sont tout aussi inquiétantes. Tous les échantillons contenaient 6 à 9 pesticides ou leurs produits de dégradation. L’insecticide chlorpyrifosméthyle et le fongicide Iprodion étaient les produits avec les concentrations les plus élevées. Le chlorpyrifos peut perturber la croissance et le développement des enfants, ainsi que leur comportement. Il est soupçonné de provoquer des cancers et des maladies neurodégénératives telles Alzheimer et Parkinson. Il est aussi extrêmement nuisible pour les abeilles et d’autres pollinisateurs – de même que les autres substances actives que sont le lufenuron et le pirimicarb. Les abeilles visitent régulièrement les fleurs des pommiers où ils peuvent entrer en contact avec ces poisons. Les combinaisons ont des effets particulièrement risqués. Les fongicides qui ont été considérés comme sans risques pour les abeilles peuvent devenir toxiques pour elles s’ils sont combinés avec d’autres pesticides.

Des solutions existent

Les concentrations en poisons dont certaines sont particulièrement élevées indiquent que les pommeraies ont été « traitées » peu avant le prélèvement de l’échantillon analysé. La saison des traitements commence lorsque les bourgeons des fleurs de pommiers éclosent et se termine trois semaines avant la récolte. Durant cette période, les pommeraies sont traitées environ 20 fois. « Cette série d’analyses donne un aperçu du quotidien de la production conventionnelle de pommes dans laquelle on utilise des poisons dangereux pour la santé publique et l’environnement. Ce système est malade et rend malade. Il faut un changement vers une agriculture sans pesticides et investir dans le développement de méthodes de culture écologiques, » revendique Marianne Künzle, spécialiste en agriculture chez Greenpeace Suisse.

Les longues années d’expérience des arboriculteurs qui travaillent sans chimie, ainsi que des projets de recherche prometteurs montrent que c’est possible pour la culture de pommes. Pour cela, il faut notamment: des plantes d’accompagnement dans les pommeraies qui attirent les insectes utiles et favorisent la santé des sols, l’utilisation de perturbateurs contre le carpocapse des pommiers et la culture de variétés robustes et adaptées à la localisation.

Rapports