#eaupropreOUI

A l’heure actuelle, il n’est pas possible de considérer l’agriculture suisse comme entièrement durable. Cela est notamment dû à l’importance de la production animale dans notre pays. L’élevage intensif, qui s’appuie sur les importations de fourrage, a des conséquences dramatiques pour la qualité de l’eau, en Suisse comme à l’étranger. Le fait d’importer une partie importante de la nourriture des animaux de rentes suisses pose un double problème environnemental. Cela entraîne une pollution dans les pays producteurs et en Suisse ou ces importations permettent de maintenir un nombre élevé d’animaux. C’est pourquoi Greenpeace soutient l’Initiative pour une eau potable propre: elle prévoit que seules les exploitations agricoles qui pratiquent une agriculture écologique – soit sans fourrages importés, mais aussi sans pesticides –  puissent toucher des subventions. 

Une des principales sources de pollution des eaux en Suisse vient de l’azote émis par le fumier répandu sur les champs. Chaque année, l’agriculture de notre pays produit près de 100’000 tonnes d’excédents d’azote. Les importations de fourrage y contribuent pour un quart. Les composés azotés sont responsables de la surfertilisation des sols et des cours d’eau, et contribuent au réchauffement climatique. L’importation de fourrage est donc aussi à la source d’émissions de gaz à effet de serre en Suisse comme dans les pays producteurs. 

Source: « L’arnaque du fourrage », Greenpeace Suisse, février 2021

Les statistiques actuelles en termes d’importation de fourrage s’appuient sur les tonnages et non pas sur la composition nutritionnelle des aliments. Les fourrages concentrés contiennent un nombre élevé de calories pour un poids relativement faible. D’un point de vue du tonnage, l’impression c’est que les volumes importés sont faibles, mais d’un point de vue nutritionnel, ces volumes permettent de nourrir un grand nombre d’animaux. Ces statistiques masquent l’importance des fourrages importés pour l’élevage en Suisse. 

 Les importations de fourrage permettent à l’agriculture suisse de maintenir un nombre artificiellement élevé d’animaux et des pratiques industrielles nocives pour l’environnement. L’exemple le plus spectaculaire est celui de l’élevage de volailles. Actuellement, près de 69 millions de volailles sont élevées chaque année en Suisse. Sans les importations de fourrage, le total de volaille ne pourrait pas dépasser les 12 millions, soit seulement 17% du nombre actuel. 

Des ressources locales

Rassurons-nous, mettre fin aux importations de fourrage et à l’élevage intensif ne signifie pas se passer entièrement de produits animaux. Une agriculture durable, adaptée aux ressources naturelles disponibles localement permet toujours de produire une quantité importante de viande, de lait et d’œuf. Greenpeace Suisse a élaboré en 2018 le modèle de “L’agriculture de l’avenir”, qui permet de voir à quoi ressemblerait une agriculture durable et adaptée au réchauffement climatique en 2050. Selon cette vision, l’agriculture de notre pays est toujours en mesure de produire pas moins de 10kg de viande, 273 kg de lait et 48 œufs par personnes et par année.

L’avantage d’une agriculture durable c’est qu’elle permet de nourrir la population sans avoir à subir les conséquences funestes pour la biodiversité et le climat du modèle agricole actuel. C’est pourquoi les organisations de protection de l’environnement et de nombreux agriculteurs appellent de leurs vœux une évolution de la politique agricole suisse. Celle-ci est malheureusement bloquée au Parlement. Car si l’élevage intensif ne concerne qu’une minorité d’agriculteurs, il reste important aux yeux des entreprises industrielles en amont et aux géants du commerce de détail en aval. Et ce sont les lobbys liés à ces intérêts qui s’agitent dans l’ombre afin d’immobiliser le processus d’écologisation de l’agriculture en Suisse. 

Qu’à cela ne tienne. Les citoyens suisses ont à leur disposition les outils de la démocratie directe, et il est possible de faire avancer la politique agricole aux moyens d’initiatives. L’acceptation de l’Initiative pour une eau potable propre constitue un pas en avant important pour généraliser le modèle de l’agriculture durable. De nombreux agriculteurs ont déjà fait le choix d’une production écologique et ont trouvé des modèles économiques viables pour leurs exploitations. Toutefois, pour que tout le monde puisse s’engager sur cette voie, en particulier les exploitations qui se sont concentrées sur l’élevage, il faut des politiques publiques adaptées afin que la transformation se fasse avec les agriculteurs-ices et non contre eux.  Il n’est plus possible de laisser les agriculteurs assumer tous les risques seuls. 

Changer, rapidement!

Il appartient aujourd’hui au monde politique d’accélérer les mesures pour une nouvelle politique agricole, cohérente avec les objectifs de la Confédération en matière de durabilité et de protection du climat. Il est encore possible de contrer la crise climatique et de maitriser l’effondrement des espèces. Mais la fenêtre d’opportunité se referme de plus en plus vite. Nous devons agir rapidement afin de nous donner une chance d’avoir une agriculture nourricière et durable et d’éviter les pires conséquences des crises écologiques en cours. 

C’est pourquoi Greenpeace Suisse s’engage pour le OUI à l’Initiative pour une eau potable propre. Greenpeace suisse appelle même à voter #2XOUI aux deux initiatives pour une agriculture écologique le 13 juin prochain. 


Un long dimanche de votation

Le dimanche 13 juin se tiendra une votation d’une importance capitale pour l’environnement et le climat. En plus des deux initiatives agricoles, un autre objet important est soumis au vote des Suisses: la Loi sur le CO2, pour laquelle Greenpeace Suisse appelle à voter OUI. En votant OUI au trois objets soumis au vote, nous nous engageons pour notre santé, une eau potable propre, des sols fertiles et une meilleure protection du climat. 

Greenpeace a critiqué les travaux du Parlement fédéral sur la Loi sur le CO2 pendant des années, car les mesures qu’elle prévoit ne suffisent pas pour atteindre les objectifs climatiques de la Suisse. Aujourd’hui nous nous engageons résolument pour le OUI. Refuser cette loi renverrait la Suisse des décennies en arrière en termes de protection du climat. Face à l’urgence que constitue la crise climatique, le retour en arrière demandé par le lobby automobile et pétrolier serait dramatique. Cette loi est une première étape indispensable vers une politique climatique conséquente.

C’est pourquoi nous vous invitons à nous rejoindre et à voter OUI à la Loi sur le CO2 le 13 juin 2021.