Ce texte a été rédigé par, Zsofia Hock biologiste et responsable politique pour l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique. Il fait partie d’une série d’articles sur l’agriculture publiés par le média zurichois Tsüri.ch en collaboration avec Greenpeace Suisse.

Chaque année, une vache produit entre 70 et 120 kilogrammes de méthane, un gaz à effet de serre très puissant. L’agriculture est donc le principal responsable des émissions de méthane. En Suisse, l’élevage, et plus particulièrement la détention de bovins de boucherie, est responsable de plus de 80 % des émissions de méthane à l’échelle nationale.

Une émission annuelle de 100 kilogrammes de méthane, soit environ ce qu’émet un bovin, équivaut à peu près à la quantité de CO2 produite par la combustion de 1000 litres d’essence.  Cela signifie que pour le même impact climatique on pourrait parcourir en voiture trois fois la distance entre le point le plus à l’est et le point le plus à l’ouest de l’Europe.  

De minuscules micro-organismes, semblables à des bactéries, sont responsables de la production de méthane dans l’intestin des ruminants. Ceux-ci sont si étroitement liés à leurs hôtes que leur transmission d’une génération à l’autre passe par les gènes du bovin. Certains chercheurs et ingénieurs du secteur des biotechnologies s’intéressent de près à ces minuscules organismes. Ils espèrent les modifier génétiquement pour qu’ils produisent moins de méthane pendant le processus de digestion. Ils cherchent également ài intervenir dans le génome bovin pour désactiver les gènes qui favorisent la transmission de ces producteurs de méthane.


Voulez-vous manger de manière respectueuse du climat ?

Le poster « All you can eat » illustre le score CO2 de 500 aliments et se laisse facilement aimanter sur votre réfrigérateur. 


Cela résoudrait-il le problème des gaz digestifs des bovins? Pas vraiment. Cette technologie génétique présente de nombreux inconvénients en y regardant de plus près. La modification rapide de quelques endroits du génome ne change rien à la principale cause des émissions de gaz à effet de serre d’origine agricole : la production intensive. Bien au contraire, ces bovins sur mesure et « respectueux du climat » ne font qu’inciter les agriculteurs à maintenir élevé le nombre d’animaux dans leur élevage, voire de l’augmenter, dans des systèmes d’élevage intensif. Cela cimente ainsi le modèle raté de l’agriculture industrielle. C’est uniquement une bonne si la seule dimension prise en compte est la maximisation du profit.  Cela ne réduit pas globalement les émissions de gaz à effet de serre.

En outre, l’élevage intensif, qui dépend des aliments concentrés, produit non seulement du méthane, mais aussi de fortes émissions de protoxyde d’azote (dues aux engrais synthétiques) et de CO2 (dues à la conversion des forêts et des prairies en terres arables pour la production de fourrage, et aux transports). Pour trouver des solutions durables, un changement systémique est inévitable : des approches holistiques, systémiques et agro-écologiques sont nécessaires, comme la conversion à des exploitations agricoles écologiques, des races locales adaptées aux fourrages grossiers et la réduction de la consommation de viande.

Dans les applications médicales humaines de l’édition du génome, une évaluation approfondie des risques est obligatoire, et les interventions dans la ligne germinale sont interdites. En revanche, dans le domaine de l’agriculture, où les changements sont beaucoup plus profonds et où les organismes modifiés par le génome sont libérés dans des écosystèmes complexes, l’industrie agricole fait pression pour que soient approuvées des technologies fraîchement sorties du laboratoire et non testées à long terme, sans évaluation complète des risques. Cela met en danger non seulement l’environnement et la santé, mais aussi la confiance du public dans les innovations. Les effets secondaires incontrôlables, la souffrance des animaux et la dépendance à l’égard de produits coûteux et brevetés ne peuvent être évités que si le principe de précaution est appliqué et que les nouvelles méthodes de génie génétique sont réglementées par la loi.


Pétition « Pas d’argent public pour un conte de fées ».

Saviez-vous que l’agriculture suisse a un impact considérable sur le réchauffement climatique ? Dans ce pays, l’agriculture est responsable de 13,5 % du total des émissions de gaz à effet de serre. La majorité d’entre elles proviennent de l’élevage. 

Au lieu d’œuvrer à la réduction de la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers en Suisse, on en fait la promotion. Chaque année, des millions de francs de l’argent des contribuables sont injectés dans le marketing de l’industrie de la viande et du lait. Cela doit cesser.