Ce texte a été par le Dr. méd. Jérome Tschudi, médecin, conseiller médical de l’Initiative «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse» et sympathisant de longue date de Greenpeace Suisse. Il fait partie d’une série d’articles sur l’agriculture publiés par le média zurichois Tsüri.ch en collaboration avec Greenpeace Suisse.

Le 13 juin, nous avons voté sur l’interdiction des pesticides de synthèse. Parce que nous nous portons bien, parce que la plupart des gens vivent jusqu’à 90 ans, parce que les autorités répètent toujours combien elles sont sûres, nous avons rejeté l’interdiction. Oui, pourquoi pas ? Avez-vous déjà vu plus d’un pesticide dans votre assiette ? Moi non plus.

On ne voit pas de pesticides dans les aliments, mais il en va de même pour le Covid-19. Le coronavirus vous rend malade et peut vous tuer. Nous suivons donc les instructions des autorités.

Les pesticides ne tuent pas, sauf si vous en buvez pour en finir….. Et c’est exactement ce qui a été étudié avant que les poisons ne soient mis sur le marché. La quantité que l’on peut ingérer au maximum sans tomber gravement malade. L’objectif a été atteint : personne ne tombe malade immédiatement après avoir mangé, et si c’est le cas, ce sont des bactéries ou des virus qui sont en cause et non des pesticides. Alors, nos aliments sont-ils sûrs ?

Ce n’est pas si simple. Quand je tombe amoureux, mon corps est inondé d’hormones. Les hormones sont des substances messagères qui coordonnent l’interaction des différents organes. Dans notre exemple, cela entraîne des palpitations, des papillons dans l’estomac et le comportement typique des personnes amoureuses. Cela peut avoir des conséquences. Les hormones agissent à des doses infimes, des millionièmes de gramme.

C’est là que les pesticides synthétiques entrent en jeu. Ils n’existent pas dans la nature, ils ont été développés par nous, les humains, pour tuer les soi-disant nuisibles. Plus de la moitié des substances disponibles sur le marché ont été conçues pour agir comme des hormones. Ils interfèrent ainsi avec les signaux hormonaux propres à notre corps et perturbent le système de contrôle.

Cela peut entraîner une perturbation du développement du cerveau de l’enfant, avec une perte d’intelligence ou des troubles du comportement tels que le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), l’autisme ou une maladie mentale. Des malformations apparaissent chez l’enfant à naître.

Les modifications du patrimoine génétique et de ses fonctions sont particulièrement graves, car elles sont héréditaires et entraînent des maladies qui touchent non seulement l’enfant lui-même, dont la mère a été exposée à des pesticides, mais aussi les générations suivantes. L’augmentation des maladies de civilisation telles que l’obésité, le diabète, l’infertilité et, enfin et surtout, le cancer, y est liée. Ces dommages indirects n’apparaissent que des décennies plus tard, lorsque le lien avec l’ingestion de pesticides n’est plus évident.


Voulez-vous manger de manière respectueuse du climat ?

Le poster « All you can eat » illustre le score CO2 de 500 aliments et se laisse facilement aimanter sur votre réfrigérateur.


Comment peut-on prouver ces liens ? En criminologie, on recherche des traces d’ADN des auteurs sur la scène du crime. Les effets des pesticides peuvent être examinés en laboratoire en utilisant le matériel génétique des cellules humaines. On peut aussi mesurer la quantité de pesticides dans le sang et l’urine des femmes enceintes. Sur des milliers de femmes enceintes, il a été démontré que celles qui présentaient les concentrations les plus élevées donnaient également naissance aux enfants présentant les plus grands dommages pour la santé. Les pesticides ne sont pas testés pour leurs effets sur les hormones dans le cadre du processus d’approbation.

Les aliments produits conventionnellement avec des pesticides en contiennent toujours des traces. Au fil des ans, des quantités importantes pénètrent dans notre corps, où elles s’accumulent car le poison n’est pas entièrement excrété. Ils sont impliqués dans l’augmentation des démences prématurées telles que la maladie d’Alzheimer.

La longévité de ces substances est également problématique. Une fois appliqués, ils ne sont pas dégradés, ou seulement très lentement, pendant des décennies ou plus. On les trouve partout : dans le sol, dans l’air, dans l’eau et, donc, également dans l’eau potable. Plus on les cherche, plus on peut en détecter. Les somnifères et l’alcool se renforcent mutuellement. Les pesticides aussi. C’est ce qu’on appelle l’effet cocktail.

L’UE a reconnu que le système actuel d’autorisation des pesticides n’est pas suffisant et s’efforce de le réviser entièrement. Il lui a fallu 15 ans pour réussir à publier une ligne directrice pour l’identification des pesticides ayant des effets hormonaux. Mais elle n’a pas encore été mise en œuvre. Les autorités suisses ont commandé une étude sur l’effet cocktail. La tâche est colossale et, selon toute vraisemblance, la révision du système d’autorisation s’enlisera ou ne sera pas réalisable.

D’ici là, nos autorités continueront à prétendre que les pesticides sont soigneusement testés et sûrs avant d’être approuvés. D’énormes sommes d’argent ont été utilisées pour lutter contre les deux initiatives sur les pesticides, car il y a aussi beaucoup d’argent à gagner avec les pesticides.

Le rejet des initiatives sur les pesticides était-il erroné ? D’un point de vue médical, oui. Et il en va de même pour la protection de la biodiversité et du climat. La bataille est perdue, mais la guerre est loin d’être terminée. 40 % de la population ont soutenu les initiatives et ils sont de plus en plus nombreux à le faire…


Pétition « Pas d’argent public pour un conte de fées ».

Saviez-vous que l’agriculture suisse a un impact considérable sur le réchauffement climatique ? Dans ce pays, l’agriculture est responsable de 13,5 % du total des émissions de gaz à effet de serre. La majorité d’entre elles proviennent de l’élevage. 

Au lieu d’œuvrer à la réduction de la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers en Suisse, on en fait la promotion. Chaque année, des millions de francs de l’argent des contribuables sont injectés dans le marketing de l’industrie de la viande et du lait. Cela doit cesser.