Alors que les gouvernements du monde discutent de la possibilité d’autoriser prochainement l’extraction minière en eaux profondes, une vingtaine de militants Greenpeace, venus de Suisse, de Hollande et d’Allemagne, ont occupé ce matin un navire apprêté pour la prospection minière en mer. Ils ont accroché une bannière avec le slogan « No Deep Sea Mining » (« Pas d’extraction minière en eaux profondes ») sur un gigantesque bateau long comme deux terrains de football nommé le Hidden Gem. Ce bâtiment appartient à Allseas, une entreprise suisse installée dans le canton de Fribourg, et est l’objet de travaux depuis le mois de septembre afin de devenir le premier à pouvoir réaliser des opérations d’extraction minière en eaux profondes.

Allseas prépare un ancien navire de forage en eaux profondes et l’équipe pour ramasser des nodules polymétalliques à plus de 4’000 mètres de la surface des océans. Les nodules polymétalliques sont des roches sous-marines contenant des métaux comme le manganèse, le cobalt et le nickel qui pourraient potentiellement être utilisés dans le domaine de l’électronique et de l’informatique. En collaboration avec le groupe canadien The Metals Company (anciennement Deep Green), ils envisagent de mener une première expédition de test en 2022.

“Les abysses sont l’un des derniers écosystèmes marins quasi vierges de toute intervention humaine”, explique Iris Menn, docteur en biologie marine et directrice exécutive de Greenpeace Suisse. “L’extraction minière en eaux profondes détruirait irrémédiablement sa biodiversité. Le fait que l’entreprise Allseas prépare cette expédition alors que des États et de grands groupes privés comme Samsung, Google, BMW et Volvo approuvent d’ores et déjà un moratoire sur l’extraction minière en eaux profondes, témoigne d’un manque d’intérêt pour la nature et d’une priorité accordée au profit. »

L’action des militants Greenpeace se déroule parallèlement à la 26ème session du Conseil de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui se tient à Kingston en Jamaïque et où devrait être discutée la possibilité d’autoriser l’extraction minière en eaux profondes dans les deux prochaines années. Le coup d’envoi a été donné en juin 2021 par Nauru, un État insulaire d’Océanie, soutenu par The Metals Company, qui avait auparavant choqué d’autres nations en s’exprimant au nom du gouvernement de Nauru lors de réunions de l’AIFM.

Au cours des dernières années, l’AIFM a accepté pour examen de nombreuses demandes de licence pour l’exploration et l’exploitation de ressources minérales. Actuellement, ces licences couvrent déjà plus de 36 fois la superficie de la Suisse. « Le risque est grand que l’AIFM ouvre la porte à la ruée vers les ressources minières des abysses, » ajoute Iris Menn. « C’est précisément pour cette raison que la Suisse et le Conseil fédéral sont appelés à s’engager publiquement en faveur d’un moratoire sur l’extraction minière en eaux profondes ».

Le rôle de la Suisse

Jusqu’à présent, le Conseil fédéral ne s’est pas suffisamment engagé pour protéger les océans. Dans ses réponses à l’interpellation parlementaire sur l’extraction minière en eaux profondes, le Conseil fédéral ne prend pas clairement position pour la protection des mers. Le soutien du moratoire est un premier pas concret pour mettre en pratique son engagement international en faveur de la protection de la biodiversité et une contribution à la protection du climat. Les océans jouent un rôle décisif pour le climat. Afin d’inciter le Conseil fédéral à adopter enfin une position ambitieuse en matière de protection des mers, Greenpeace Suisse a lancé une pétition portant des revendications concrètes à l’intention des autorités fédérales.

« L’humanité se trouve à la croisée des chemins », analyse Iris Menn. « La protection de la biodiversité marine joue un rôle primordial dans la lutte contre le réchauffement climatique et la disparition des espèces vivantes. La Suisse doit mettre un terme à son double langage et s’engager concrètement en faveur des océans. »

Photos et vidéos de l’action:


https://media.greenpeace.org/collection/27MDHUHEL2UY

Contacts:


Iris Menn, docteur en biologie marine et directrice exécutive, Greenpeace Suisse, [email protected], +41 79 886 75 92 (réponse en allemand et en anglais uniquement)

Mathias Schlegel, porte-parole, Greenpeace Suisse, [email protected], +41 79 794 61 23