2025 a été une année charnière pour notre campagne Change. Mathias Schlegel, notre porte-parole romand depuis 2011 revient sur nos activités des 12 derniers mois et partage ses impressions.

Je m’appelle Mathias Schlegel et depuis 15 ans j’ai la chance de travailler en Suisse romande pour Greenpeace Suisse sur différentes campagnes menées par notre organisation. Durant ces années une question revient sur la table pour pratiquement toutes les campagnes menées par Greenpeace en Suisse et dans le monde. Greenpeace ne devrait-elle pas s’engager ouvertement en faveur d’une évolution profonde de la manière dont nous abordons notre économie, notre société et les principes qui dirigent nos décisions politiques? L’objectif est d’arriver à établir une relation durable entre la planète et ses habitant·es..  

Greenpeace Suisse a mis ces questions au cœur des ses préoccupations peu après la fin de la crise de la Covid 19. Et depuis plus d’un an, j’ai le privilège d’avoir rejoint l’équipe qui travaille sur le sujet. Ces 12 derniers mois ont été riches d’activités autour de ces questions. 

Dénoncer une économie déconnectée 

Depuis fin 2024, nous soutenons une pétition internationale pour obtenir une convention fiscale équitable aux Nations Unies. La situation actuelle favorise les personnes et les entreprises les plus riches et rend possible une concentration des richesses au détriment d’une large part de la population mondiale. Une réalité que des militant·es Greenpeace ont eu le courage de rappeler début 2025 aux puissant·es de ce monde venus se retrouver au Forum de Davos, le plus souvent en jet privés

© Miriam Künzli / Greenpeace

En mai, nous avons eu l’opportunité  de collaborer avec les étudiant·es de la Haute école d’art de Zurich (ZHdK) afin de symboliser le jour du dépassement en présentant la facture de la nature à la Suisse. Il nous a semblé pertinent de nous associer à des jeunes afin de s’interroger sur notre futur, dans un contexte où les autorités politiques de notre pays sabrent violemment dans les budgets destinés à la protection de la nature et des personnes les plus vulnérables.

© Marc Meier / Greenpeace

Un donut comme boussole

Dans les deux cas, le constat est affligeant. Nous abusons des ressources que notre planète met à notre disposition alors que la protection des moins privilégiés se réduit toujours davantage et que les richesses se concentrent dans les mains d’une minorité déconnectée de la réalité. Pourtant notre planète met à notre disposition toutes les ressources nécessaires pour permettre à tout le monde de connaître la prospérité. C’est au moment de les partager que surviennent les problèmes. Comment faire émerger une nouvelle approche qui permette à la fois de tenir compte des limites planétaires et d’un partage équitable des ressources? 


C’est pour répondre à cette question que le modèle du Donut a été développé par une économiste britannique. Au premier abord, cette histoire de donut m’a semblé un brin utopique. Une fois renseigné, j’ai découvert que ce modèle est d’ores et déjà appliqué par différents organismes très sérieux, notamment en Suisse romande. L’université de Lausanne a développé une série d’indicateurs sur le modèle du Donut pour le développement de l’agglomération du Grand Genève. La Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) le met au cœur de ses réflexions avec les communes partenaires. Le Donut fait même l’objet d’études du très sérieux Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA).

Sprechen Sie Donut? 

Pour promouvoir le Donut en suisse nous proposons une approche innovante: mobiliser les habitants de petites communes afin qu’elles motivent leurs autorités à adopter le modèle. Notre campagne consiste à trouver la commune la plus heureuse. En tant que romand, je suis un peu déçu du fait que cette démarche se fasse uniquement en Suisse alémanique. Cela se comprend toutefois tout à fait. Une fois une commune nominée, nous voulons approcher les autorités pour entamer une collaboration afin de produire une analyse complète et des indicateurs pertinents. Nous souhaitons aussi nous assurer de la participation des habitant·es. Cela demande un effort de coordination trop grand à assumer en français, le nombre de collaborateur·trices francophones étant réduit. 

Le processus de nomination, que nous avons lancé en octobre dernier, est un succès. Plus d’un millier de personnes ont déjà nominé leurs communes et certaines ont atteint le nombre  de nominations pour déclencher une première prise de contact avec les autorités. Parmi elles, la commune de Lichtensteig, dans le Toggenburg, est mon coup de cœur. Ma maman vient d’une commune voisine. Lichtensteig oscille entre tradition et modernité, avec un patrimoine bâti exceptionnel et des initiatives innovantes pour les artistes et artisans. C’est aussi là qu’a été fondée en 1863 la Toggenburger Bank dont la fusion avec la Bank in Winterthur crée en 1912 le futur géant bancaire UBS. Existe-t-il un meilleur endroit en Suisse pour entamer une refonte complète de notre économie? 

Je me réjouis de voir évoluer ce projet en 2026 et de pouvoir le mettre en lumière en Suisse romande. Nous continuerons dans les mois à venir à tout faire pour voir se multiplier l’adoption du modèle du Donut par les communes de Suisse.