Suite à de nombreux problèmes, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire française) a décidé de stopper les opérations liées à la construction du réacteur EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville, en particulier les opérations de coulage de béton et de ferraillage. Ce réacteur EPR est du même type que celui que le lobby nucléaire veut faire construire en Suisse.


27.04.2007 Des militants Greenpeace bloquent le chantier de l’EPR à Flamanville. ©Greenpeace/Gleizes

«Suite à une injonction de l’ASN, qui a
constaté une énième anomalie dans le ferraillage de l’îlot destiné
à supporter le futur réacteur EPR, EDF (Electricité de France) a
été contraint de suspendre les travaux à Flamanville. Le chantier
est donc interrompu,» déclare Leo Scherer, responsable de la
campagne contre les risques atomiques chez Greenpeace Suisse.
«Cette décision est d’une extrême importance et confirme ce que
Greenpeace dénonce depuis des semaines: de nombreux problèmes
s’accumulent sur le site de construction de l’EPR français depuis
le début du chantier.»

Dès la fin du mois d’avril, Greenpeace France
avait donné l’alerte suite aux divers courriers adressés à EDF par
l’ASN, qui dresse, depuis le début du chantier en décembre dernier,
une liste de problèmes récurre

  • une utilisation de béton de qualité inadaptée;
  • des fissures dans le béton;
  • des non-conformités de ferraillage pour le béton de la
    plateforme support réacteur;
  • des soudures non conformes;
  • une non qualification de certains opérateurs – en particulier
    des soudeurs en charge de la réalisation du « liner » (coque en
    acier de protection interne);
  • des contrôles de qualité inexistants ou inadéquats;
  • des variations non autorisées entre les plans «papier» du
    projet initial et la mise en œuvre;
  • une incapacité à réparer les erreurs de façon
    satisfaisante.

Sans surprise, le chantier français prend donc
le même chemin que le chantier de l’EPR finlandais d’Olkiluoto.
Premier chantier EPR lancé par le groupe Areva mi-2005, celui-ci
était censé faire office de vitrine mais a vite tourné à la
catastrophe. Le réacteur finlandais a déjà accumulé deux ans de
retard depuis le début de sa construction: le contrat prévoyait une
connexion du réacteur EPR au réseau finlandais pour le premier
semestre 2009; en réalité, ce ne sera fait au plus tôt qu’en 2011,
voire beaucoup plus tard.

Par ailleurs, le dépassement budgétaire est
désormais évalué entre 1,3 et 2,2 milliards d’euros (2.1 et 3.6
milliards de francs) selon les experts. En clair, au lieu des 3,3
milliards d’euros (5.3 milliards de francs) convenus au départ,
l’EPR finlandais devrait coûter au moins 4,6 milliards d’euros (7.4
milliards de francs). Enfin, les problèmes techniques s’accumulent,
relevés par l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise: faible
qualité du béton destiné aux fondations ou défauts des soudures ou
des composants du réacteur – ce qui représente d’importants risques
potentiels en matière de sécurité.

«Ce qui se passe en Finlande et en France prouve une fois encore
que le nucléaire, c’est trop cher et trop risqué. Le projet EPR
doit être abandonné, et la Suisse doit définitivement renoncer à la
production d’électricité d’origine nucléaire,» ajoute Leo
Scherer.