Une action a été menée dans le port d’Anvers où Greenpeace a localisé du bois abattu au Congo sans respecter le processus légal élaboré pour assainir un secteur qui – faute de bonne gouvernance – a les coudées franches, tandis que les populations locales ne retirent quasi aucun bénéfice de ce commerce lucratif. Les irrégularités observées lors de l’abattage seront transmises à la police de l’Environnement.


Le dossier révélé par Greenpeace illustre également les manquements de la législation européenne en matière d’importation de bois. ©Greenpeace/Mauthe (Archives)

Les grumes de Wengé stockées à Anvers et
abattues au Congo par la compagnie forestière ITB ont une valeur
marchande brute de l’ordre de CHF 70’000.- Selon les informations
réunies par Greenpeace, les communautés locales dans la zone
d’abattage n’ont pas touché plus de quelques dollars pour le
Wengé.

Telle que pratiquée actuellement, l’exploitation forestière ne
débouche sur quasi aucun développement pour les populations locales
qui – outre le pillage de leurs essences les plus précieuses comme
le Wengé, le Sapelli ou encore l’Afromosia- font face à la
destruction de leurs champs et l’émergence de nombreux conflits
sociaux.

Le Wengé est un bois noir et veiné utilisé pour des aménagements
intérieurs (parquets, escaliers…), de la marqueterie ou encore la
fabrication de meubles. Les grumes localisées à Anvers ont été
abattues dans la région du Lac Tumba (province de l’Equateur),
reconnue pour son exceptionnelle biodiversité. Cette région est
importante pour la survie des bonobos , nos plus proches cousins
génétiques. Elle constitue le cadre de vie habituel de communautés
de «Pygmées»  et abrite des espèces animales menacées comme les
éléphants de forêt…

Lors de la récente révision des titres forestiers, organisée au
Congo sous l’impulsion de la banque mondiale, la compagnie
forestière responsable de l’abattage des grumes localisées à Anvers
s’est vu retirer les droits d’abattage dans deux zones spécifiques
en province de l’Equateur dont celle proche du Lac Tumba.

Greenpeace demande aux autorités congolaises de maintenir le
moratoire sur l’attribution de nouveaux titres forestiers et de
confirmer le résultat du processus légal, initié sous l’impulsion
de la Banque mondiale. Cette «révision des titres forestiers» a 
abouti sur la non validation de certains permis de coupe. Le bois
découvert à Anvers provient d’une zone que l’on a voulu soustraire
à l’industrie forestière. L’élaboration d’un plan de zonage
participatif – c’est à dire réalisé en concertation avec les
communautés locales – constitue un des préalables essentiels à la
levée de ce moratoire.

Le dossier révélé par Greenpeace illustre également les
manquements de la législation européenne en matière d’importation
de bois. L’UE n’offre pas à ses états membres d’outil législatif
permettant de limiter l’arrivée sur son territoire de bois abattu
illégalement.

En l’absence de cet outil législatif, les autorités belges
devront faire preuve de créativité pour s’opposer à la destruction
des forêts congolaises qui font partie du plus grand massif
forestier après l’Amazonie. En RDC, les forêts jouent un rôle clé
dans le quotidien de quelque 40’000 millions de Congolais, abritent
une biodiversité exceptionnelle et contribuent largement au
maintien du climat.