Les abeilles sont les pollinisatrices les plus efficaces de la planète. Cela fait de nombreuses années que les abeilles domestiques subissent des dégâts croissants. Les pertes sont inquiétantes. Ces derniers hivers, la mortalité des abeilles domestiques en Europe s’est élevée jusqu’à 50%. Un nouveau rapport de Greenpeace montre l’urgence et la nécessité de décider de mesures politiques. L’interdiction des produits chimiques nuisibles aux abeilles constitue un premier pas essentiel et efficace pour protéger la santé des abeilles.


La disparition des abeilles est l’un des symptômes d’une agriculture qui a fait fausse route. ©Greenpeace/Beentjes

L’étude de Greenpeace « Le déclin des abeilles » montre clairement que sans pollinisation par les insectes, il faudrait polliniser par d’autres moyens un tiers des plantes dont nous dépendons pour notre alimentation – autrement elles produiraient nettement moins d’aliments. Près de 75% des plantes cultivées seraient touchées par un tel recul de la productivité. Le déclin des insectes pollinisateurs toucherait durement la productivité des plantes cultivées les plus appréciées de notre alimentation – beaucoup de fruits et de légumes – ainsi que certaines plantes fourragères nécessaires à la production de viande et de lait. 

La valeur de la pollinisation naturelle est estimée à 320 millions de francs suisses par an; cela correspond à la valeur des plantes cultivées qui dépendent de la pollinisation. Les plantes cultivées ne sont pas les seules touchées; 90% des plantes sauvages dépendent des insectes pollinisateurs pour leur reproduction. C’est une valeur à peine chiffrable.

Dans la plupart des zones géographiques, les abeilles domestiques et sauvages sont les pollinisateurs les plus nombreux et économiquement les plus indispensables. Cela fait de nombreuses années que les abeilles domestiques subissent des dégâts croissants. Le recul mondial des populations d’abeilles est multifactoriel: les principaux facteurs ayant une influence négative sur la santé des pollinisateurs sont liés à des maladies et à des parasites, ainsi qu’aux pratiques agricoles industrielles répandues sur toute la planète.  Les changements climatiques sont à l’origine de tous les autres facteurs qui nuisent de plus en plus à la santé des pollinisateurs.

Certains insecticides, soit la classe des néonicotinoïdes, constituent la principale menace directe contre la santé des abeilles. L’agriculture industrielle utilise ces neurotoxiques produits par les groupes agrochimiques Syngenta et Bayer pour traiter les semences ou les épandre sur les champs cultivés. Différentes études montrent que même une faible dose provoque déjà des problèmes de vol et d’orientation chez les abeilles et affaiblissent sur leur reproduction et la capacité à chercher efficacement de la nourriture. Combinés à un environnement pauvre en biodiversité, ils ont un effet négatif sur la résistance des abeilles qui deviennent ainsi plus sensibles aux maladies et aux parasites tel le varroa.

« La disparition des abeilles est l’un des symptômes d’une agriculture qui a fait fausse route, qui utilise des produits chimiques de façon intensive et qui porte atteinte à la biodiversité, » dénonce Marianne Künzle, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace Suisse. « Les géants de l’agrochimie tels que Syngenta et Bayer sont les seuls à en profiter; ils font tout pour empêcher l’interdiction des insecticides nuisibles aux abeilles. Changer de paradigme et passer à une agriculture écologique est la seule solution d’avenir. » L’interdiction des produits chimiques nuisibles aux abeilles constituerait un premier pas essentiel et efficace pour protéger la santé des abeilles.

Greenpeace appelle Johann Schneider-Ammann, le conseiller fédéral en charge de l’agriculture, à interdire l’utilisation en Suisse de tous les insecticides nuisibles aux abeilles.  Un processus d’autorisation transparent, indépendant et élargi aux produits chimiques est indispensable. Et il faut définir une stratégie nationale pour réduire l’utilisation des pesticides et promouvoir une agriculture écologique (paiements directs, recherche et formation, promotion de la biodiversité) et une production intégrée optimisée (renonciation accrue aux produits chimiques, promotion de la biodiversité). En février 2013, Greenpeace et des apiculteurs de toute la Suisse ont remis aux autorités fédérales une pétition leur demandant de protéger les abeilles. Plus de 80’000 personnes ont soutenu cette revendication.