Vous demandez-vous parfois si le bois des meubles de jardin, des planchers, des bateaux, des guitares ou des pianos provient de sources légales et durables ? La question est d’actualité. Il est bien connu que chaque année de grandes quantités de bois abattu de façon illégale et non durable parvient en Europe.


Cette usine de production de plaquage à Horní Pocaply en Tchéquie, appartient à Danzer. ©Greenpeace/Ibrahimoviç

Le 3 mars 2013, l’UE a adopté une directive pour faire face à l’abattage illégal. Elle interdit d’importer dans l’UE du bois et des produits en bois provenant d’abattages illégaux, et de les y commercialiser. Greenpeace vient de dévoiler un cas de commerce de bois illégal qui montre bien combien il est important d’appliquer la nouvelle législation. Ce cas montre aussi la façon dont des entreprises basées en Suisse sont impliquées et que la Suisse doit agir de façon aussi rapide que possible.

Il commence en République démocratique du Congo (RDC ou Congo-Kinshasa) ou l’abattage illégal et les licences d’abattage illégales sont des pratiques courantes. Les grumes de ‘wenge’ de l’entreprise « Bakri Bois Corporation » (BBC) font une escale dans le port d’Anvers. Le bulletin de livraison mentionne que le destinataire se nomme « Bois d’Afrique mondiale » (BAM) et qu’il est basé à Lucerne. Le bois a été débarqué à Anvers le 24 avril et y est stocké jusqu’à ce qu’un acheteur soit trouvé. Près de deux mois plus tard, Greenpeace retrouve ce bois dans l’usine de production de plaquage « Danzer Bohemia Dýhárna » à Horní Pocaply en Tchéquie. Cette fabrique appartient à Danzer Group, une entreprise active dans l’industrie du bois sur tout la planète; son siège est à Baar (ZG) et elle a déjà été impliquée plusieurs fois dans des pratiques commerciales critiquables.

C’est la dernière étape avant que ce bois illégal soir vendu en Europe ou ailleurs sur la planète. Ce bois précieux est utilisé pour des produits de luxe comme des yachts, mais aussi des meubles, des parquets et des portes. Ce sont les communes autochtones au Congo qui en portent les vrais coûts. Greenpeace Tchéquie a appelé les autorités tchèques à séquestrer le bois et d’enquêter sur le déroulement des faits.

La Suisse doit aussi agir, la législation suisse comporte des lacunes en ce qui concerne l’importation de bois illégal. Et il y a des importations en provenance de pays tiers même si la plus grande partie du bois importé en Suisse provient de l’UE. Il faut aussi examiner le rôle des marchands et acheteurs de bois basés en Suisse. Comme il faut de trois à quatre ans pour établir une base législative, la Suisse doit élaborer une règlementation de transition aussi rapidement que possible.

Le commerce de bois illégal n’est pas une peccadille. L’étude « Green carbon, black trade » du PNUE et d’Interpol estime que 15% à 30% du bois vendu dans le monde proviennent de sources illégales (en anglais). L’abattage illégal de bois est particulièrement problématique dans les régions en conflit où règne une importante corruption.

Le commerce de bois tropical est particulièrement touché. Entre 50% et 90% du bois abattu en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Indonésie le sont illégalement. Cette illégalité fournit un chiffre d’affaires d’USD 30 à 100 milliards à la mafia du bois! Le PNUE et Interpol considèrent que les contrevenants prennent peu de risques, mais font un gros bénéfice – cela intéresse donc des investisseurs d’Europe, d’Amérique du Nord et du reste de la planète.

Et qui en paie le prix? Les conséquences sociales et environnementales de l’abattage illégal de bois sont dévastatrices. Ce sont généralement les populations autochtones des régions touchées qui en souffrent le plus; leur façon traditionnelle de vivre nécessite des forêts écologiquement intactes.

 

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