Il est extrêmement difficile de démontrer la sécurité du réacteur 1 de la centrale nucléaire de Beznau. C’est ce que démontre une étude commandée auprès de l’Oeko-Institut par Greenpeace Suisse. Ce document dévoile combien de questions restent encore sans réponses dans ce dossier d’une importance capitale. Il dénonce également le manque de transparence de la politique d’information menée par l’exploitant de la centrale, l’entreprise Axpo. Greenpeace Suisse et 40 autres organisations exigent qu’Axpo prenne part à une audition publique au sujet de l’état actuel du réacteur de Beznau 1, le plus vieux du monde.


Le plus ancien réacteur au monde: Beznau 1 (Döttingen/Argovie) ©Greenpeace/ExPress/Forte

Le plus ancien réacteur au monde: Beznau 1 (Döttingen/Argovie) ©Greenpeace/ExPress/Forte

Beznau 1 sera-t-il un jour reconnecté au réseau? Les doutes au sujet de la remise en service du plus vieux réacteur nucléaire du monde ont été renforcés la semaine dernière alors qu’Axpo repoussait encore une fois la date de redémarrage du réacteur. La validité de ces doutes est confirmée par l’étude réalisée par l’Oeko-Institut, sur mandat de Greenpeace Suisse, qui a été rendue publique ce matin lors d’une conférence de presse à Zurich. « Il va être très difficile pour Axpo de démontrer que Beznau 1 est sûre« , déclare Simone Mohr, ingénieure, spécialiste en sécurité des installations nucléaires pour l’Oeko-Institut, et co-auteure de l’étude. Près de 1’000 faiblesses avaient été découvertes dans la cuve de pression en été 2015.

Manque de transparence
L’étude dénonce notamment le fait qu’Axpo n’utilise pas la méthode de calcul la plus prudente pour ce qui concerne le risque de friabilité de la cuve de pression. Au regard des risques, une approche plus prudente aurait été appropriée. L’étude revient également sur les examens du métal de la cuve annoncés par Axpo. Les auteurs estiment qu’il n’existe pas d’échantillon possédant des propriétés similaires au métal de la cuve de pression, que ce soit pour les faiblesses constatées ou pour les conditions d’exploitation. De nombreuses incertitudes demeurent avec cette méthode d’analyse.

La politique d’information très opaque menée par Axpo est une autre source d’inquiétude dénoncée dans l’étude. « Comment voulez-vous que la population puisse savoir à quel degré de risque elle est exposée si Axpo diffuse les informations au compte-gouttes et soulève davantage de questions qu’elle n’apporte de réponses?« , s’interroge Christian Engeli, directeur des campagnes de Greenpeace Suisse.

Un dialogue d’égal à égal
Afin de faire la lumière sur l’état du plus vieux réacteur nucléaire du monde, Greenpeace Suisse lance un appel à Axpo et l’invite à prendre part à une audition publique. Il s’agit de discuter ouvertement avec des experts indépendants des risques induits par une remise en service de Beznau 1 ainsi que des mesures à mettre en œuvre pour y parvenir et leurs conséquences éventuelles. Dans le cadre de cet appel, il est également demandé à Axpo de rendre publique une série de documents concernant l’état des cuves de pression des 2 réacteurs de Beznau, notamment le document de 2012 sur la cuve de pression du réacteur, livré avec 950 pages entièrement noircies.

40 organisations soutiennent cet appel de Greenpeace Suisse, dont des groupes issus de régions limitrophes à la Suisse. « Une audition publique est importante pour la transparence, mais permet aussi de reconstruire la confiance« , déclare Bernd Friebe, représentant de l’organisation environnementale BUND (Bund für Umweltschutz und Naturschutz Deutschland) pour le Baden-Württemberg.