A la grande surpise des passants, les militants Greenpeace ont construit un Tipi sur la fameuse Paradeplatz de Zurich, mercredi 25 avril 2018. Des Aînées pour la protection du climat et une délégation de femmes autochtones dirigeantes du Canada et des USA s’y sont installées afin de protester contre la politique d’investissement des deux plus grandes banques de Suisse en matière d’énergie fossiles. L’UBS et Credit Suisse, qui ont pignons sur rue à la Paradeplatz, sont encore fortement engagée dans des financements de combustibles fossiles extrêmement nocifs pour le climat. C’est ce que démontre un rapport de Greenpeace Suisse publié le même jour.

« Tous les jours nous nous demandons si les nôtres aurons encore de l’eau propre le lendemain. Ces pipelines ont souvent des fuites. » Voici comment Sara Jumping Eagle, une pédiatre membre du clan des Oglala, membre de la tribu des Lakotas nous présente la situation de sa communauté. Elle est présente en Suisse avec une délégation représentant les peuples autochtones Tsleil Waututh, Lakotas, Navajo de la Nation Houma de Louisiane et les Sioux de Standing Rock, qui luttent tous contre des projets d’oléoducs menaçant leur eau, et leurs droits fondamentaux.

En Suisse, cette délégation est venue afin de mettre les deux géants du secteur bancaire devant leurs responsabilités. Credit Suisse et UBS financent des entreprises comme Energy Transfer Partners, Kinder Morgan ou Enbridge qui construisent ces oléoducs destructeurs. Un soutien financier qui doit cesser immédiatement.  « Des peuples autochtones sont en danger. Nous avons besoin du soutien de la Suisse. Les banques doivent être amenées à rendre des comptes sur leurs affaires avec ces entreprises des plus sales. Et les banques doivent reconnaitre officiellement ne plus financer de telles entreprises » exige Michelle Cook, avocate autochtone des droits de la personne et chargée de mission de la commission des droits de la personne du peuple Dine/Navajo.

Ces revendications font écho à celles des Aînées pour la protection du climat, qui ont lancé une action en justice pour forcer le Conseil fédéral à mieux s’engager contre le réchauffement climatique. L’action en justice des Aînées pour la protection du climat se dirige contre le Conseil fédéral. Mais Credit Suisse et UBS doivent également assumer leurs responsabilités. C’est ainsi qu’Elisabetta Dredge explique le soutien que les Aînées pour la protection du climat accordent aux femmes indigènes.

Ces femmes de différentes origines et générations sont unies pour un même combat: s’assurer que les principaux décideurs politiques et économiques prennent enfin la mesure de la crise climatique, dont les effets deviennent plus dangereux à chaque année qui passe. Pour se donner une chance d’atteindre l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat, Credit Suisse et UBS doivent impérativement suivre des politiques d’entreprises cohérentes avec l’objectif de limiter le réchauffement du climat entre 1.5° et 2°C. Un objectif auquel la Suisse a souscrit et qui a été entériné au Parlement.

Les banques suisses travaillent contre l’Accord de Paris sur le climat

De 2015 à 2017, soit après la signature de l’Accord de Paris, Credit Suisse et UBS ont mis 12.3 milliards de dollars à disposition d’entreprises exploitant des combustibles fossiles extrêmes. Une dénomination qui se réfère aux hydrocarbures non-conventionnels (sables bitumineux, pétrole de l’Arctique, forages en eaux profondes, hydrocarbures de schiste) et le gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que tout le secteur du charbon. Le secteur du charbon est pris dans son ensemble au regard de son impact dévastateur pour le climat mais aussi pour l’environnement, la santé et les droits humains.

Ce soutien fait de la Suisse le pays européen où l’engagement des grandes banques contre le climat , rapporté à la taille de la population est le plus élevé. Les banques suisses investissent 1470 dollars par habitant dans le soutien aux combustibles fossiles les plus dangereux pour le climat et pour les conditions d’existences des personnes. Seul le Canada fait « mieux » avec 1960 dollars par habitants.

« Credit Suisse et UBS jouent avec notre climat. Notre environnement et la population paient cher l’aveuglement et l’avidité de ces deux banques. Tant que les combustibles fossiles extrêmes continueront d’être financés, ils feront grossir la bulle de CO2 et les risques climatiques financiers » dénonce Katya Nikitenko, spécialiste en finances chez Greenpeace Suisse.

Greenpeace Suisse appelle les grandes banques suisses à présenter d’ici le Sommet de l’ONU sur le climat qui se tiendra à Katowice en décembre de cette année des projets avec des échéances claires pour mettre tous les flux financiers en accord avec l’Accord de Paris sur le climat.

Retrouvez l’analyse de Greenpeace et de BankTrack dans le rapport « Les banques suisses à la fin de l’ère des énergies fossiles »

 

 

Video de l’action à Paradeplatz