Une étude effectuée par d’éminents climatologues sur mandat de Greenpeace et publiée aujourd’hui montre que si tous les pays industrialisés avaient une politique climatique semblable à celle de la Suisse, le réchauffement planétaire serait d’au moins 3°C d’ici 2100, ce que la science considère comme catastrophique.


26.08.2009 Des militants Greenpeace effectuaient une action éclair et avaient installé une plaque de pierre, avec les objectifs climatiques de la Suisse gravés, devant l’entrée du Palais fédéral. (Archives) ©Greenpeace/ExPress/Wyttenbach

Ce résultat est en contradiction totale avec
l’objectif déclaré du Conseil fédéral de maintenir le réchauffement
en dessous de 2ºC. Cela n’empêche toutefois pas le Conseil fédéral
de se vanter de protéger le climat. C’est la raison pour laquelle
Greenpeace dénonce le Conseil fédéral et exige de lui qu’il prenne
des mesures ciblées de protection du climat comme signe de son
engagement à Copenhague. Selon le Groupe intergouvernemental
d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) mandaté par l’ONU, le
réchauffement du climat ne doit pas dépasser 2°C par rapport à
l’ère préindustrielle. Dans le cas contraire, les conséquences
seraient insurmontables pour l’humanité.

Officiellement, le Conseil fédéral en convient aussi, mais dans
la révision de la Loi fédérale sur le CO2 il ne prévoit d’ici 2020
qu’une réduction des émissions de CO2 de 10% par rapport à 1990 à
l’intérieur des frontières nationales et de 10% à l’étranger. Dans
l’étude «Réchauffement du climat prévisible en cas de politique
climatique planétaire suivant l’exemple suisse» (Erwartete
Klimaerwärmung bei einer weltweiten Klimapolitik nach Schweizer
Vorgabe
), des climatologues de Climate Analytics montrent
maintenant que si tous les pays industrialisés suivent le mauvais
exemple de la Suisse, la température de l’atmosphère terrestre
augmentera de 3°C d’ici la fin du 21e siècle. Si les principaux
responsables du réchauffement climatique déjà en cours ne font pas
d’efforts, les pays en développement continueront sur leur lancée
actuelle – avec des émissions de CO2 en augmentation massive.
Michiel Schaeffer, un des principaux auteurs de l’étude, explique :
«L’objectif suisse des réduire les émissions de gaz à effet de
serre de 20% entre 1990 et 2020 n’indique pas la bonne direction
pour maintenir le réchauffement planétaire sous 2°C».

Quelques jours avant le début de la conférence décisive sur le
climat qui aura lieu à Copenhague, Cyrill Studer, chargé de la
campagne climat de Greenpeace, dénonce: «Le Conseil fédéral fait
croire à la population que ses mesures lui permettront de maîtriser
les changements climatiques. Mais les objectifs de réduction qu’il
emmène à Copenhague conduisent à la catastrophe». Greenpeace
appelle le Conseil fédéral à prendre les résultats scientifiques
enfin au sérieux, à réduire les émissions de CO2 de 40% d’ici 2020
et à réclamer des autres pays qu’ils soient tout aussi
conséquents.

Au début de la semaine, Greenpeace a envoyé un tract à tous les
politiciens fédéraux. Ce tract critique le serment des Conseillers
fédéraux ; alors que la main droite est levée pour le serment, la
gauche croise les doigts derrière le dos. Cyrill Studer revendique:
«La population a droit à de la sincérité. Soit le Conseil fédéral
décide enfin de mesures ciblées, soit il informe sincèrement qu’il
a l’intention de laisser à nos descendants une planète
invivable».

Le Conseil fédéral n’a plus que onze jours jusqu’à l’ouverture
de la Conférence de Copenhague pour transformer de fausses
promesses en actes responsables. Ensuite on négociera sur les
objectifs de réduction des émissions de CO2, ce qui déterminera le
climat planétaire durant ce siècle. Chaque pays a la responsabilité
de contribuer à ce que le réchauffement du climat se limite à 2ºC
au maximum.

Demain, le Conseil fédéral présentera sans doute le mandat de la
délégation suisse qui se rendra à Copenhague.

Décharger le contexte de l’étude: «Réchauffement du climat
prévisible en cas de politique climatique planétaire suivant
l’exemple suisse
» (PDF)