Pêche au thon rouge en Méditerranée: la frénésie continue. Quinze jours seulement après le début de la saison, le 29 avril, le gouvernement turc a dénoncé le quota de 683 T qui lui avait été octroyé et s’est auto attribué un volume de capture non limité pour la saison 2009. D’autre part, selon les informations de Greenpeace, plusieurs débarquements illégaux de thon rouge ont eu lieu. Deux faits inquiétants puisque la Turquie dispose actuellement de la plus importante flotte en mesure de capturer du thon rouge.


De nos jours, l’activité figure encore parmi les pêcheries les plus lucratives, ce qui a provoqué une véritable «ruée vers l’or», les stocks n’ont pas tenu face à la pression de pêche et ont chuté de 80% au cours des 20 dernières années. ©Greenpeace/Sutton-Hibbert

«En s’affranchissant ainsi des quotas, la
Turquie va tout simplement précipiter la disparition d’un stock et
d’une pêcherie déjà en sursis» a déclaré Banu Dokmecibasi, chargé
de campagne Océan pour Greenpeace Méditerranée.

Le lendemain de cette annonce, le 30 avril, Greenpeace avait
documenté un débarquement illégal de 7 à 8 tonnes de thon rouge à
Izmir-Karaburun.

Le Yasar Reis II, un senneur ne disposant ni de la licence ICCAT
ni de la licence turque, a débarqué entre 400 à 500 thons rouges.
Ces thons étaient des juvéniles de 12 à 20 kilos alors que le poids
minimum pour ce type de bateau est fixé à 30 kilos. Le 3 mai, des
juvéniles ont aussi été débarqués de l’Aktaslar C dans le même
port. La flottille turque présente la particularité d’utiliser un
équipement technique polyvalent qui ne lui permet de cibler que des
petits spécimens.

Les médias turcs et italiens ont également recensés des
débarquements en sous taille dans différents ports. Opérés sur
plusieurs sites turcs situés sur le rivage de la Mer Egée, ils
s’effectuent sans aucun contrôle. Cette situation ne fait
qu’aggraver l’état déjà critique du stock du thon rouge. Le
débarquement illégal que Greenpeace a documenté à Karaburun n’est
donc qu’un triste exemple de ce qui se passe quotidiennement dans
plusieurs ports de la mer Egée dotés de flottilles similaires.

D’autres débarquements en sous taille, effectués en Italie, ont
quant à eux donné lieu à des saisies opérées par les autorités: une
tonne de thon rouge sous taille à Messine le 28 avril et 15 tonnes
non inscrites sur les documents de capture le 8 mai à Brindisi.
Cette année, un nouveau «plan de reconstitution» permettra de
pêcher un tonnage encore supérieur de 47% à la préconisation
scientifique, un chiffre qui relativise fortement l’éventuelle
efficacité de ce plan.

«Ce pseudo-plan de reconstitution n’est en réalité qu’un pacte
de suicide collectif au détriment d’une ressource et d’une pêcherie
historique» affirme François Chartier avant d’ajouter «la Turquie
et tous les autres pays pêcheurs, y compris ceux qui sont membres
de l’Union Européenne doivent immédiatement quitter les zones de
pêche et n’y revenir que lorsque la parole scientifique sera
reconnue comme valable dans la gestion de la pêcherie.»

L’avenir du stock du thon rouge est très clairement compromis.
Le stock ne peut s’inscrire que sur le court terme tant que les
capacités de captures ne sont pas compatibles avec les
recommandations scientifiques et que des réserves marines ne sont
pas instituées pour protéger les zones de reproduction.