Révélé en catimini par la presse française jeudi matin, l’avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) est maintenant public: il estime que le maïs MON 810 ne présente pas de danger pour la santé humaine. L’importance de cet avis d’une agence publique depuis toujours pro-OGM ne doit pas être surestimée.


28.11.2007 Des militants Greenpeace protestent devant le siège de l’Union européenne (Bruxelles/Belgique) ©Greenpeace/Reynaers (Archives)

Quelques jours avant une réunion d’importance
de l’Union européenne à Bruxelles, il est néanmoins symbolique du
retour en force des lobbies pro-OGM et de l’urgence de se
remobiliser dès maintenant pour le droit et la liberté de consommer
et produire sans OGM.

«On peut légitimement s’étonner de la fuite organisée d’un
rapport soi-disant secret, quelques jours avant que le sort de la
clause de sauvegarde française soit discuté à Bruxelles.» observe
Arnaud Apoteker de Greenpeace. «Cette fuite est un coup bas des
lobbies biotechnologiques visant à affaiblir le ministre français
de l’Ecologie Jean-Louis Borloo, mais aussi à inciter les autres
Etats Membres de l’UE à voter contre les moratoires nationaux. On
ne peut que mépriser de telles pratiques et encourager le ministère
français à défendre au nom du peuple français son opposition à des
cultures potentiellement dangereuses et mal évaluées devant les
institutions européennes.»

L’avis de l’AFSSA ne répond en rien aux préoccupations qui ont
justifié la clause de sauvegarde française, prise en vertu de
principes écologiques et non de principes sanitaires de court
terme. En annonçant jeudi en milieu de journée, que la France ne
remettait pas en cause la suspension des cultures de maïs OGM, le
gouvernement français s’est donc engagé dans la seule voie
possible: celle du bon sens. Greenpeace appelle maintenant le
gouvernement à faire preuve du même discernement et de la même
conviction les 16 février et 2 mars lors des réunions à Bruxelles
qui doivent se prononcer sur les clauses grecque, française,
hongroise et autrichienne.

Rappelons que la clause de sauvegarde française est
principalement basée sur des considérations écologiques:

– «Le risque de pollinisation croisée ne peut être négligé»

– «La protéine Bt produite naturellement par le bacille et celle
produite par le maïs MON810 n’ont pas les mêmes séquences
primaires»

Néanmoins, des risques sur la santé ont aussi été évoqués:

– «A ce jour, aucun travail scientifique ne permet d’affirmer
l’innocuité pour la santé de ces plantes transgéniques»

Il est vrai qu’en l’état actuel des connaissances, les risques à
long terme de ces derniers sur l’environnement et la santé ne sont
pas connus. La suspension des cultures d’OGM doit donc être
maintenue au nom du principe de précaution et du droit des
consommateurs et des agriculteurs à consommer et produire sans
OGM.

L’AFSSA ne s’est jamais intéressé aux effets sanitaires à long
terme des OGM. L’avis de l’AFSSA doit donc être ramené à sa juste
valeur, celle d’une agence sanitaire qui s’intéresse au court terme
et néglige son rôle de prévention. A ce titre, non seulement il
n’affaiblit en rien la position de la France et celle des autres
pays ayant activé une clause de sauvegarde, mais il justifie la
demande unanime des Etats Membres de réformer les méthodes
d’évaluation.