De nombreuses personnes sont critiques face à l’omniprésence du plastique dans la vie courante, mais ne sont pas prêtes à renoncer à leur confort pour agir. Entretien avec Anneliese Bunk, l’une des deux auteures du livre « Besser leben ohne Plastik » (« Mieux vivre sans plastique »), qui évoque ses efforts pour un quotidien sans plastique.

Combien de plastique tolérez-vous dans votre vie ?

Nous avons encore quelques objets en plastique à la maison, le téléphone par exemple, les legos pour les enfants ou les châssis de fenêtres. En Allemagne il est quasi impossible de vivre totalement sans plastique, et je ne prétends pas que j’en suis capable. Mais avec ma famille, nous essayons de renoncer au plastique dans la mesure du possible, et d’être conscients de l’usage que nous faisons de cette matière. Surtout, nous n’achetons pas de détergents ou d’aliments dans des emballages plastiques.

Pourquoi avez-vous fait ce choix ?

Je souhaite vivre plus sainement. Le plastique contient un grand nombre de polluants, qui passent dans les aliments et aussi dans l’environnement. Tout ceci est finalement réabsorbé par le corps humain. C’est ce cercle vicieux que je veux briser.

Comment avez-vous décidé de réduire votre consommation de plastique ?

Le film « Plastic Planet », sorti en 2009, m’a beaucoup impressionnée. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée. Au contraire : l’industrie du plastique augmente sa production chaque année. Il faudrait un travail de sensibilisation. Tous les paquets de cigarettes indiquent que leur contenu est nocif. En revanche pour le plastique, presque personne ne sait ce qu’il contient.

Depuis quand pratiquez-vous la vie sans plastique ?

Cela fait environ deux ans. J’ai commencé par fabriquer mon propre produit à lessive. Et ensuite j’ai continué, étape par étape. C’est quelque chose qui me tient à cœur.

Est-ce que cela vous demande un effort particulier ?

Non, je ne vois pas vraiment d’effort supplémentaire à fournir au quotidien. Par exemple, concernant le produit à lessive, nous avons deux garçons qui jouent beaucoup dehors, donc notre volume de linge à laver est assez conséquent. Avant, il nous fallait 50 à 60 litres de produit à lessive par année. Pour se procurer la quantité nécessaire – acheter le produit, le payer, le ramener à la maison – cela demandait deux à trois heures. Aujourd’hui, j’achète tout ce qu’il faut à la fois, donc simplement 10 morceaux de savon de Marseille, et je fabrique mon produit à la maison. Une grande économie de temps, et d’argent aussi.

C’est vraiment moins cher ?

Oui, j’ai fait le calcul. Pour notre famille, nous dépensons environ 150 euros de moins par mois. En achetant de manière plus consciente, et en renonçant à certains produits.

Qu’est-ce que vous achetez, en général ?

Ce que tout le monde achète : au supermarché, du lait et du yogourt dans des contenants en verre réutilisables. On me demande souvent : mais comment fais-tu pour transporter tout ceci ? En fait, comme je n’achète plus de détergents et shampoings, j’ai beaucoup plus de place dans mon cabas, et le lait en bouteille de verre n’est donc pas un problème. Les aliments de base comme la farine ou les flocons d’avoine sont disponibles en sachets de papier. Pour les fruits et légumes en vrac, nous allons plutôt dans les petits magasins ou chez le marchand de légumes. Mais les légumes en vrac s’achètent un peu partout. Pour l’achat j’utilise évidemment le sachet en coton que j’ai créé moi-même, qui permet aussi de conserver les aliments. En été, les fines herbes et les salades se conservent jusqu’à quatre jours dans un tel sachet humidifié.

Qu’est-ce que votre famille pense de ce nouveau mode de vie ?

Les enfants ont été très faciles à convaincre. Il ne leur manque rien, ils n’ont pas l’impression de se priver. Mais je crois qu’au début, mon mari espérait que ce soit une phase passagère… Aujourd’hui, il est totalement convaincu de notre démarche.

Et les réactions de votre entourage ?

En général les gens se disent fascinés, veulent savoir comment nous faisons, pour aller dans le même sens. C’est ainsi qu’est venue l’idée d’écrire un livre, dans la phase de financement participatif pour la production de mes sachets en coton. Cela faisait 18 mois que nous vivions sans plastique, avec ma famille, et donc j’ai voulu partager quelques astuces pour aider les gens à réduire leur consommation de plastique. Le retour était extrêmement positif. Beaucoup ont tenu à commander le livre avant sa parution. J’espère que nous avons réussi à donner des conseils praticables pour consommer moins de plastique.

Que conseillez-vous aux débutants ?

Il y a des produits tout à fait fascinants, par exemple l’huile de coco. Qui remplace parfaitement les cotons démaquillants et les lingettes. C’est nettement moins cher, sans polluants et très efficace : cela enlève même le mascara imperméable.

Quoi d’autre ?

Le bicarbonate de soude, qui marche très bien pour nettoyer les toilettes. De plus il neutralise des acides dans les eaux usées. Plus besoin d’acheter les produits de nettoyage courants, avec tous leurs symboles de danger. Mon but serait que plus personne n’achète de détergent pour les toilettes. Il n’y a aucun effort supplémentaire à faire. Il est facile de trouver du bicarbonate de soude pratiquement sans emballage en plastique. Généralement juste à côté des détergents coûteux qu’on achetait auparavant… Pour le gel douche, c’est pareil, il se remplace très facilement par le savon. Et il existe tant de savons merveilleux !

 

Ce texte a été publié par le magazine enorm. enorm est le magazine pour la transition sociétale. Avec son slogan « L’avenir commence chez toi », il veut encourager les petits changements individuels qui contribuent à faire évoluer les choses. enorm s’intéresse aux personnes qui réalisent des idées innovantes, et présente des entreprises et projets qui sont porteurs d’avenir pour notre mode de vie et de travail. Dans un esprit constructif, intelligent et basé sur les solutions.

 

Anneliese Bunk (à droit), designer de profession, vit à Munich. Elle a créé Naturtasche: un sachet en coton qui permet d’acheter les produits alimentaires en vrac, sans produire de déchets. Nadine Schubert (à gauche) est journaliste et vit dans un village de la région allemande de Franken. Elle relate ses expériences et ses alternatives sur son blog : besser-leben-ohne-plastik.de.

 

Dans leur ouvrage, Anneliese Bunk et Nadine Schubert partagent leurs astuces pour mieux vivre sans plastique.