Un rapport publié aujourd’hui par Greenpeace Royaume-Uni révèle que le traité international contre la pollution plastique est menacé par certaines des plus grandes entreprises pétrochimiques mondiales. Ces entreprises font systématiquement pression contre la réduction de la production de plastique tout en générant des profits colossaux grâce à leur activité en pleine expansion dans ce secteur. Le rapport révèle que depuis le début des négociations sur le traité en novembre 2022, sept entreprises ont à elles seules produit suffisamment de plastique pour remplir 6,3 millions de bennes à ordures, soit l’équivalent de 5,5 bennes par minute. 

Le rapport, intitulé Plastiques, profits et pouvoir: comment les entreprises pétrochimiques font dérailler le traité mondial sur les plastiques s’appuie sur des données obtenues auprès de sources industrielles. Depuis le début du processus de négociation du traité, Dow, ExxonMobil, BASF, Chevron Phillips, Shell, SABIC et INEOS ont augmenté leur capacité de production de plastique de 1,4 million de tonnes et envoyé au total 70 lobbyistes aux négociations, où elles ont également été représentées par de puissants lobbys industriels.  

À elle seule, Dow a envoyé au moins 21 lobbyistes aux négociations, tout en gagnant environ £3,4 milliards de ses activités liées au plastique. Le rapport indique également qu’INEOS, le plus grand producteur de plastique du Royaume-Uni, a augmenté sa capacité de production de plus de 20% et investit £3,5 milliards dans le projet ONE, qui devrait devenir la plus grande usine de plastique d’Europe à Anvers, en Belgique.

Le rapport de Greenpeace Royaume-Uni est publié quelques jours avant la réunion des gouvernements à Genève pour le dernier cycle de négociations sur le traité. Le rapport révèle les tactiques utilisées par les lobbyistes pour dominer les négociations, influencer les délégué·es et bloquer les progrès. Il met également en évidence le lobbying exercé lors des négociations par de puissantes associations professionnelles, qui défendent des positions favorables à l’industrie tout en protégeant leurs membres de toute surveillance.

Anna Diski, auteure du rapport et responsable de la campagne sur les plastiques chez Greenpeace Royaume-Uni, déclare : « Nous voulons un traité international qui permette d’inverser la tendance en matière de pollution plastique. Nos recherches montrent que ceux qui ont le plus à perdre d’une réglementation importante sont ceux qui s’efforcent le plus de l’entraver. Nous ne pouvons pas laisser les entreprises qui profitent de la pollution plastique rédiger les règles, sinon nous nous retrouverons avec un traité inefficace. Il est temps d’interdire les lobbyistes aux négociations et de s’assurer que les États membres de l’ONU restent fermes et soutiennent un traité fort. »

Selon CIEL, 220 lobbyistes du secteur des énergies fossiles ont participé au 5e cycle de négociations du traité en 2024 à Busan, en Corée du Sud, qui s’est conclu sans accord. Les lobbyistes ont ainsi constitué la plus grande délégation présente aux négociations, devant l’Union européenne et ses États membres réunis, et ont été trois fois plus nombreux·ses que les délégué·es de la Coalition des scientifiques pour un traité efficace sur les plastiques. 

Greenpeace demande une réduction d’au moins 75% de la production de plastique d’ici 2040 et exige qu’une politique stricte en matière de conflits d’intérêts soit intégrée au traité afin d’éviter toute influence indue. Les négociations doivent également donner la priorité aux personnes les plus touchées par la crise du plastique, en garantissant une place aux scientifiques indépendants, aux populations autochtones, aux communautés les plus exposées et aux représentant·es de la société civile, qui doivent pouvoir jouer un rôle dans l’élaboration et la mise en œuvre du traité.  

Contacts

Service de presse de Greenpeace Royaume-Uni, [email protected] ou +44 7377 730878 / +44 20 7865 8255

Une galerie de photos associées au rapport est disponible dans la médiathèque de Greenpeace

Remarques

Les négociations INC5.2 visant à adopter un traité international sur les plastiques se tiennent du 5 au 14 août 2025 à Genève, en Suisse. Greenpeace est présente avec une délégation de 30 personnes représentant les membres de la société civile d’Afrique, l’Asie du Sud-Est et de l’Est, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, l’Europe, le Canada, la Colombie et les États-Unis. La délégation s’appuie sur sa vaste expérience politique et juridique ainsi que sur ses relations avec les gouvernements pour faire pression en faveur d’une plus grande ambition dans le processus du traité, en particulier sur la question cruciale de la mise en place de réductions juridiquement contraignantes de la production de plastique. 

L’analyse de Greenpeace Royaume-Uni se base sur les estimations de la production mondiale de polypropylène (PP) et de polyéthylène (PE) les mois de novembre/décembre 2022, et les exercices financiers de 2023 et 2024 pour Dow, ExxonMobil, BASF, Chevron, Shell, SABIC et INEOS, produites par Market Research Future (données disponibles sur demande). Cette estimation couvre deux des polymères les plus utilisés au monde et que l’on trouve couramment dans les emballages et les biens de consommation. Elle exclut d’autres types de plastiques importants tels que le PET et le polystyrène, ainsi que les données de production pour 2025, même si les négociations sur le traité se poursuivent cette année. Le chiffre final présenté est donc une sous-estimation de la production totale de plastique pendant cette période. 

Pour calculer le volume de plastique en équivalent bennes à ordures, Greenpeace Royaume-Uni a utilisé la capacité standard d’une benne à ordures britannique, qui peut contenir environ 12 tonnes de déchets plastiques.

Toutes les entreprises mentionnées dans ce rapport ont eu la possibilité de répondre aux conclusions du rapport, mais aucune n’a répondu.