Un rapport de Greenpeace International révèle aujourd’hui que plus de 50 millions de personnes dans 11 pays, dont la Suisse, risquent d’être exposées à une dangereuse pollution de l’air venant de la production pétrochimique liée au plastique. En Suisse, 973’000 personnes sont concernées. Ces conclusions démontrent encore une fois la nécessité d’exiger une drastique réduction de la production de plastique dans le cadre des négociations pour un traité international contre la pollution plastique qui se dérouleront du 5 au 14 août à Genève. Pour protéger la santé, le climat et l’environnement, nous demandons de réduire la production d’au moins 75% d’ici 2040.

Le rapport

Intitulé « À chaque respiration: les risques de pollution de l’air liés à la production pétrochimique dans la chaîne d’approvisionnement du plastique», ce rapport s’intéresse à la phase intermédiaire de production de plastique, c’est-à-dire aux usines pétrochimiques qui produisent les composants nécessaires à la fabrication du plastique et exposent les riverains de ces usines à un risque d’une dangereuse pollution de l’air. Ces usines émettent des substances nocives en suspension dans l’air, notamment des composés organiques volatils, des oxydes d’azote, des oxydes de soufre et des particules fines. Des études font état de concentrations plus élevées de ces polluants à proximité des usines pétrochimiques. Une situation inquiétante car cette proximité est liée à une augmentation des maladies.

Le rapport a identifié les emplacements des usines pétrochimiques liées au plastique dans 11 pays: les Philippines, la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie, la Corée du Sud, le Canada, les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suisse. Neuf zones à risque liées au plastique sont présentes sur le sol helvétique, dont trois en Suisse romande. 

Le rapport a ensuite estimé le nombre de personnes vivant à proximité de ces installations. 973’000 personnes vivent en Suisse dans un rayon de 10km de sites pétrochimiques liés au plastique. Ce nombre grimpe à 1’088’000 si l’on prend en compte la population frontalière (française et allemande). Parmi les pays étudiés, la Suisse arrive en 2e place en termes de proportion de la population à risque la plus élevée, avec 10,9% de sa population vivant à moins de 10 km d’un site de production pétrochimique lié au plastique.

© Greenpeace / Manoel Santos

​​« Ce rapport nous montre que la crise du plastique est aussi une urgence de santé publique dans notre pays. Près d’un million de Suisses vivent à côté de ces usines. Et la littérature scientifique indique que vivre à proximité de sites pétrochimiques présente un risque accru pour la santé. La Suisse, qui accueillera début août les négociations pour un traité international contre la pollution plastique, doit se montrer à la hauteur des enjeux. Elle doit tout faire pour obtenir un accord qui s’attaque à la source du problème: la production de plastique. Nous demandons une réduction de 75% de la production d’ici à 2040 afin de limiter les menaces qui pèsent sur notre santé, le climat et l’environnement » explique Joëlle Hérin, experte consommation et économie circulaire chez Greenpeace Suisse.

Principales conclusions du rapport

Plus de 50 millions de personnes dans les 11 pays étudiés vivent à moins de 10 km d’usines pétrochimiques liées au plastique et 16 millions vivent à moins de 5 km.

C’est aux États-Unis que l’on trouve le plus grand nombre de personnes vivant à une distance liée à un risque élevé, avec 13 millions de personnes, en particulier au Texas et en Louisiane.

Aux Pays-Bas, une personne sur quatre (25,6%) vit à une distance liée à un risque élevé d’exposition à la pollution de l’air, y compris les émissions toxiques provenant des usines pétrochimiques. C’est la proportion de la population à risque la plus élevée des pays étudiés. 

La pollution créée par certaines usines pétrochimiques dans les régions étudiées dans le rapport traverse les frontières. Plusieurs usines sont situées dans des zones frontalières, affectant des habitant·es en Autriche, en Pologne, à Singapour, en Belgique, en France et en Allemagne.

Dans des études de cas documentées, les populations vivant à proximité d’usines pétrochimiques souffrent de manière disproportionnée de cancers, de maladies respiratoires et de décès prématurés. Les Nations unies ont qualifié certaines de ces régions de « zones sacrifiées ».

Le rapport met également en garde contre les projets de l’industrie d’accroître la production mondiale de plastique d’ici à 2050, ce qui créerait davantage de zones sacrifiées, davantage de déchets exportés vers les pays à faible revenu et davantage de produits à courte durée de vie. Cela aggraverait la crise climatique et sanitaire.