Une nouvelle étude de Greenpeace, intitulée Fossil Fuel Empire, montre comment le régime du président Vladimir Poutine repose sur une troïka toxique composée du pillage des ressources naturelles, de la guerre et de la dictature. Les activités centrées autour des énergies fossiles financent en grande partie la guerre, qui est utilisée par Poutine pour justifier son régime dictatorial. Malgré tout, une résistance s’organise.
En Russie, l’intimidation, la désinformation, la propagande et le contrôle de l’information entravent la liberté de la presse. Le plus grand pays du monde est un désert informationnel. C’est un avertissement pour le monde entier sur ce qui se passe lorsque le pillage des ressources, la violence et la militarisation servent de socle au pouvoir.
Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, Greenpeace publie une analyse sur la manière dont l’empire russe menace l’environnement et la stabilité dans le pays, mais aussi dans le monde entier.
Le rapport s’appuie sur les conclusions de nombreux expert·es sur le climat, la biodiversité et le monde politique. Il offre un aperçu unique en son genre de la situation écologique du pays, des mouvements en faveur de la protection de l’environnement et de l’impact

Dommages irréversibles
Près de la moitié du territoire russe est recouverte de forêts qui, tout comme les vastes toundras, les zones humides et le permafrost, stockent d’immenses réserves de carbone et protègent la biodiversité. Sous le régime de Vladimir Poutine, rien n’est fait pour freiner la déforestation.
La perte de surfaces forestières pourrait accélérer la crise climatique mondiale et causer des dommages écologiques irréversibles. Plus de la moitié des forêts russes sont considérées comme exploitables, les incendies se propagent, le pergélisol fond et les écosystèmes sont fragilisés et fragmentés.
La corruption, les infrastructures obsolètes et l’absence de contrôles augmentent également le risque de pollutions graves. En décembre 2024, une catastrophe pétrolière qui a pollué la mer Noire a fait la une des journaux dans le monde entier. Plusieurs milliers de tonnes de fioul lourd se sont déversées dans l’eau après le naufrage de deux pétroliers dans le détroit de Kertch lors d’une tempête. Alors que des milliers de personnes ont pris bénévolement du temps pour tenter de nettoyer la côte et sauver la faune, les autorités sont restées plus ou moins inactives.
L’Arctique russe est une zone militarisée dont les écosystèmes sont menacés. L’élévation des températures y est quatre fois plus élevée que la moyenne mondiale. La nature subit la pression des forages pétroliers et gaziers, de l’expansion militaire et de l’effondrement de la coopération internationale et du multilatéralisme. La politique menée par le régime de Vladimir Poutine détruit les moyens de subsistance des populations autochtones et leur vole leurs terres.
Complicité de la communauté internationale
L’entreprise publique Rosatom, un des géants du secteur du nucléaire à l’échelle mondiale, est confrontée à des accusations de crimes de guerre en lien avec l’occupation de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijia.
Rosatom était un des principaux fournisseur d’uranium des centrales nucléaires suisses jusqu’à ce que l’entreprise Axpo, qui gère les centrales de Beznau et de Leibstadt, se décide à changer de fournisseur début 2025 après plus de deux ans de guerre en Ukraine. Axpo collabore dorénavant avec le géant kazakh du secteur de l’uranium Kazatomprom.
Cet exemple montre que les grands acteurs internationaux se rendent complices. Notamment parce que de nombreux États et entreprises continuent d’acheter du pétrole, du gaz et des matières premières à la Russie, soutenant ainsi la guerre, l’oppression et la destruction.
Dans le cadre de plates-formes mondiales telles que le G20, la Russie sabote systématiquement la coopération internationale. Elle se cache derrière la notion de « souveraineté sur les ressources » pour affaiblir les accords contraignants sur les questions climatiques et la biodiversité.
À l’intérieur du pays, Poutine mène une répression brutale contre la société civile. Il dissout les organisations indépendantes et restreint l’accès aux informations sur l’état de l’environnement. Pourtant, des mouvements de protestation et des organisations locales continuent de se mobiliser en faveur de l’environnement et de la paix.
Greenpeace maintient son engagement
Greenpeace Russie est interdite depuis 2023. Mais la répression est loin d’avoir réduit Greenpeace au silence. Nous poursuivons notre travail du mieux que nous pouvons.
En septembre 2024, Greenpeace Ukraine a été fondée à Kiev afin de dénoncer les dommages et les crimes environnementaux et de soutenir la reconstruction durable du pays en collaboration avec des partenaires locaux. Greenpeace Ukraine a équipé huit hôpitaux de panneaux solaires, formé des dizaines de techniciens et fait preuve d’espoir, de courage et de créativité, même dans les moments les plus sombres.
La Russie n’est pas un cas isolé. Dans le passé, des agents secrets français ont coulé un de nos navire et des compagnies pétrolières ont poursuivi les organisations de Greenpeace en justice. Mais nous ne nous laisserons pas réduire au silence.
L’étude de Greenpeace international:
Fossil Fuel Empire: The Environment of Post-2022 Russia and the Kremlin’s Threat to Domestic and Global Stability and Sustainability, Greenpeace International, octobre 2025

