Le récent rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’utilisation des terres et le réchauffement climatique est formel: si nous voulons maintenir le réchauffement climatique sous la limite des 1.5°C, il va falloir modifier en profondeur le système alimentaire mondiale et réduire drastiquement notre consommation de viande et de produits laitiers. L’objectif est d’arriver à généraliser des modèles agricoles durables qui permettent de nourrir la planète en évitant la destruction d’écosystèmes naturels, notamment des forêts, qui jouent un rôle majeur dans la régulation du climat. Voici un petit aperçu de ce que cela signifie pour la Suisse. 

La Suisse importe de grandes quantités de matières premières dont la production détruit les forêts et les zones humides: le soja pour l’alimentation animale, l’huile de palme, le cacao ou le bois et la cellulose. Une étude récente a montré qu’aucun autre pays n’exporte une part aussi importante de son impact environnemental vers des pays tiers que la Suisse. Ce que nous mangeons, et les objets et les produits que nous utilisons tous les jours jouent un rôle prépondérant dans notre capacité à contrer la crise climatique.

Mais les changements d’affectation des sols entraînent également des émissions en Suisse. La dégradation des zones humides est la source d’émission de grandes quantités de gaz à effet de serre (GES). Greenpeace a développé une vision de l’agriculture suisse qui montre comment les secteurs agricole et alimentaire peuvent être rendus écologiques et respectueux des animaux. Les points suivants sont au cœur de cette vision :

  • Le nombre d’animaux élevés par les agriculteurs ne doit pas dépasser le potentiel naturel de production de fourrage des prairies suisse. On ne cultive plus d’aliments pour les animaux et la consommation de viande doit être réduite à un quart du total actuel.
  • Se baser sur une agriculture moins intensive et plus respectueuse de l’environnement. Cela signifie se débarrasser des engrais artificiels, et des pesticides chimique de synthèse.
  • Augmentation des aires de biodiversité et des aires protégées.

Grâce à cette vision, les émissions de GES de l’agriculture suisse peuvent être réduites d’environ un tiers et les excédents d’azote et de phosphore appartiennent au passé. L’élimination de l’importation d’aliments pour animaux réduira également la pression sur les changements d’affectation des terres dans d’autres pays, ce qui évitera de nouvelles émissions.

C’est une bonne chose pour le climat, mais aussi pour la santé des Suisses. Une réduction de la consommation de viande et de produits laitiers aura un effet vertueux sur la santé des suisses, car une alimentation basée essentiellement sur des aliments végétaux permet de prévenir les maladies cardio-vasculaires, les diabètes et certains types de cancer. De plus, le danger potentiel que font courir les produits de synthèse utilisés dans l’agriculture sur la santé des Suisse sera éliminé.