Micarna, qui appartient au groupe Migros, prévoit de construire un gigantesque abattoir de volailles sur le Swiss Campus for Agri & Food Innovation à St-Aubin dans le canton de Fribourg. 40 millions de poulets au minimum y seraient tués chaque année! Aux côtés de citoyen·ne·s de la région, nous avons déposé en décembre 2022 une opposition au plan d’aménagement local afin de contrer ce projet qui nuirait à l’environnement et au climat. Selon le sondage de gfs-zurich, 70% de la population suisse estime que le commerce de détail doit s’engager en faveur d’une offre durable. Nous demandons que ce lieu soit réellement orienté vers l’innovation, avec une activité économique qui préserve la région et favorise une transition vers un système alimentaire plus résilient.

Le site d’AgriCo à St-Aubin se présente comme un campus à la pointe de l’innovation agroalimentaire. Son nom? Le Swiss Campus for Agri & Food Innovation. Micarna a pourtant prévu d’y construire l’un des plus grands abattoirs de volailles de Suisse – ce qui n’a rien d’une innovation durable!

Un projet de cette ampleur, qui prévoit la mise à mort d’au minimum 40 millions de poulets par an, ne fera qu’augmenter la production de poulet, dont l’élevage n’est pas adapté à la Suisse. Le fourrage nécessaire à l’alimentation des poulets suisses est en effet cultivé en partie en Suisse, sur des terres qui pourraient servir directement à nourrir la population, tandis que l’autre partie est importée de l’étranger, notamment en Ukraine, au détriment d’autres pays moins riches que la Suisse qui ne peuvent faire face à la hausse des prix, accroissant l’injustice alimentaire.  

Micarna accroît la production de viande

Le projet de Micarna à St-Aubin ne remplacerait d’ailleurs pas l’abattoir voisin de Courtepin : il vise le développement de la production de viande, particulièrement celui de la volaille. Les experts scientifiques s’accordent pourtant sur le fait que la surconsommation de produits d’origine animale contribue au réchauffement climatique et à la destruction de l’environnement. 

A ces conséquences globales sur le climat et la biodiversité s’ajoutent plusieurs problématiques pour la région : gestion de l’eau, trafic routier ou encore dégradation de l’environnement. Nous avons donc déposé le 19 décembre 2022 une opposition contre la révision générale du plan d’aménagement local de la commune de St-Aubin, révision spécifiquement faite pour préparer l’arrivée de l’abattoir.

Moins d’élevage intensif, plus de transparence et une alimentation durable

Favoriser l’arrivée de Micarna au détriment d’entreprises innovantes est non seulement contraire aux intérêts de la population locale et de l’environnement, mais semble aussi ne pas être en adéquation avec les attentes des citoyen·ne·s. Le sondage représentatif gfs-zurich réalisé en février 2023 indique que la population suisse est majoritairement opposée (à 57%) à une augmentation de l’élevage intensif. 70% des sondé·e·s estiment par ailleurs qu’il relève avant tout de la responsabilité du commerce de détail de proposer des aliments durables. La majorité des personnes interrogées (57%) souhaitent également que la grande distribution soit plus transparente sur les conditions de production de leur assortiment.

Les intérêts économiques d’un seul groupe comme Migros ne doivent pas se faire au détriment de la population locale et de la nature. Nous demandons donc que le Swiss Campus for Agri & Food Innovation soit dédié à des projets réellement innovants et durables du secteur agroalimentaire – par exemple la permaculture ou l’agroforesterie. 

Pour faire face à la crise climatique et à la perte de biodiversité, il est nécessaire de mettre en place un système alimentaire équitable et durable, qui ne dépende pas des importations de fourrages comme c’est le cas avec l’élevage de poulet en Suisse.