Suite à de nombreux problèmes, l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire française) a décidé de stopper les opérations liées à la construction du réacteur EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville, en particulier les opérations de coulage de béton et de ferraillage. Ce réacteur EPR est du même type que celui que le lobby nucléaire veut faire construire en Suisse.

«Suite à une injonction de l’ASN, qui a constaté une énième anomalie dans le ferraillage de l’îlot destiné à supporter le futur réacteur EPR, EDF (Electricité de France) a été contraint de suspendre les travaux à Flamanville. Le chantier est donc interrompu,» déclare Leo Scherer, responsable de la campagne contre les risques atomiques chez Greenpeace Suisse. «Cette décision est d’une extrême importance et confirme ce que Greenpeace dénonce depuis des semaines: de nombreux problèmes s’accumulent sur le site de construction de l’EPR français depuis le début du chantier.»

Dès la fin du mois d’avril, Greenpeace France avait donné l’alerte suite aux divers courriers adressés à EDF par l’ASN, qui dresse, depuis le début du chantier en décembre dernier, une liste de problèmes récurrents, parmi lesquels:

  • une utilisation de béton de qualité inadaptée;
  • des fissures dans le béton;
  • des non-conformités de ferraillage pour le béton de la plateforme support réacteur;
  • des soudures non conformes;
  • une non qualification de certains opérateurs – en particulier des soudeurs en charge de la réalisation du « liner » (coque en acier de protection interne);
  • des contrôles de qualité inexistants ou inadéquats;
  • des variations non autorisées entre les plans «papier» du projet initial et la mise en œuvre;
  • une incapacité à réparer les erreurs de façon satisfaisante.

Sans surprise, le chantier français prend donc le même chemin que le chantier de l’EPR finlandais d’Olkiluoto. Premier chantier EPR lancé par le groupe Areva mi-2005, celui-ci était censé faire office de vitrine mais a vite tourné à la catastrophe. Le réacteur finlandais a déjà accumulé deux ans de retard depuis le début de sa construction: le contrat prévoyait une connexion du réacteur EPR au réseau finlandais pour le premier semestre 2009; en réalité, ce ne sera fait au plus tôt qu’en 2011, voire beaucoup plus tard.

Par ailleurs, le dépassement budgétaire est désormais évalué entre 1,3 et 2,2 milliards d’euros (2.1 et 3.6 milliards de francs) selon les experts. En clair, au lieu des 3,3 milliards d’euros (5.3 milliards de francs) convenus au départ, l’EPR finlandais devrait coûter au moins 4,6 milliards d’euros (7.4 milliards de francs). Enfin, les problèmes techniques s’accumulent, relevés par l’Autorité de sûreté nucléaire finlandaise: faible qualité du béton destiné aux fondations ou défauts des soudures ou des composants du réacteur – ce qui représente d’importants risques potentiels en matière de sécurité.

«Ce qui se passe en Finlande et en France prouve une fois encore que le nucléaire, c’est trop cher et trop risqué. Le projet EPR doit être abandonné, et la Suisse doit définitivement renoncer à la production d’électricité d’origine nucléaire,» ajoute Leo Scherer.