Greenpeace a débarqué par voie aéroportée sur le porte avion Clemenceau dans la rade de Toulon, ce matin vers 11h. Trois activistes sur le bateau et quatre sur une grue de déchargement ont déployé des banderoles signalant: «Porte amiante, ni ici ni ailleurs!»

Toulon (France) Greenpeace a débarqué
par voie aéroportée sur le porte avion Clemenceau dans la rade de
Toulon, ce matin vers 11h. Trois activistes sur le bateau et quatre
sur une grue de déchargement ont déployé des banderoles signalant:
«Porte amiante, ni ici ni ailleurs!»

Alors que l’Etat français s’apprête à remorquer le porte-avion
Clemenceau en Inde pour y être démantelé, Greenpeace demande une
nouvelle fois, par cette action, le désamiantage total du navire
conformément à la législation européenne et internationale.

«L’Etat français viole la convention de Bâle, qui stipule qu’il
est interdit d’exporter des déchets toxiques vers des pays non
OCDE. L’Etat doit assumer ses responsabilités en imposant le
démantèlement du Clemenceau en France ou en Europe ou son
désamiantage intégral avant son exportation vers l’Inde», déclare
Pascal Husting, directeur de Greenpeace France.

Au printemps 2004, le Clemenceau avait été intercepté en
Méditerranée après que Greenpeace ait dénoncé une tentative
d’exportation illégale auprès des autorités turques. Le navire a
alors été rapatrié vers Toulon. L’Etat, toujours propriétaire du
navire, s’était engagé à désamianter 90% du Clemenceau sous
pression de l’opinion publique suite au scandale de l’amiante et au
travail juridique des associations. Pour ce faire un contrat a été
passé entre l’Etat et SDIC qui a elle-même fait appel à Technopure
un sous-traitant spécialisé dans le désamiantage pour réaliser les
travaux nécessaires avant le départ du bateau en Inde.

Technopure reconnaît avoir travaillé sans connaître la quantité
exacte d’amiante du Clemenceau car il n’y a jamais eu de diagnostic
amiante indépendant réalisé sur le bateau. Comment l’Etat peut-il
donc annoncer aujourd’hui avoir désamianté le Clemenceau à 90 %
alors que Technopure assure n’avoir enlevé que 30 % d’amiante (70
tonnes sur un total estimé à 220 tonnes par l’Etat français(4) et
600 tonnes selon différentes estimations)?

«Il est clair que l’Etat est incapable aujourd’hui de gérer la
fin de vie de ses navires militaires et marchands. Nous demandons
que le gouvernement engage une stratégie nationale de démantèlement
respectueuse du droit international, des droits de l’homme et de
l’environnement», déclare Pascal Husting, directeur de Greenpeace
France.

Les impacts humains et environnementaux de ce secteur
d’activités sont énormes. Dans un rapport co-réalisé par Fédération
Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Greenpeace (rapport
présenté demain lors d’une conférence de presse à Paris), le nombre
total de décès liés à la démolition navale ces vingt dernières
années concerne des milliers de familles. Les travailleurs des plus
gros chantiers de démolition (Alang en Inde et Chittagong au
Bangladesh) n’ont accès à aucune éducation ni qualification pour
travailler en toute sécurité sur ces bateaux. Ils ne disposent
d’aucune formation appropriée ni des équipements nécessaires pour
travailler dans un environnement aussi dangereux et nocif.

«La démolition navale doit être considérée et prise en compte
par l’Office Maritime International comme une profession
particulièrement dangereuse alors que d’ici 20 ans 50 000 navires
devront être démantelés dans le monde. Dans le cas exemplaire du
Clémenceau, nous demandons au Premier ministre français d’envoyer
un message clair à la communauté internationale dans ce sens»,
termine Martin Besieux, chargé de campagne Shipbreaking à
Greenpeace International.