L’accès à l’énergie fait partie des besoins fondamentaux, quotidiens des communautés humaines. Or, actuellement près de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont accès à aucune forme moderne d’énergie, qui pourrait permettre une amélioration significative de leurs conditions de vie (pompage de l’eau, cuisson des aliments, chauffage, éclairage, communication…). Beaucoup de populations pauvres n’ont en effet d’autre choix que d’utiliser des formes d’énergies polluantes, dépassées et coûteuses qui dégradent l’environnement et affectent leur santé et leur bien-être.

International. Commandité par le Président de la Banque Mondiale en 2001, le rapport d’évaluation indépendant « La Revue des Industries Extractives » (Extractive Industrie Review, EIR) avait pour but d’examiner la contribution des projets pétroliers, gaziers et miniers à la reduction de la pauvreté, mission première de l’institution. Après 2 ans de consultations, le rapport conclut que la Banque Mondiale ne devrait financer de projets extractifs que « si ses interventions permettent aux industries extractives de contribuer à lutter contre la pauvreté via le développement durable. Cela n’est possible que lorsque les bonnes conditions sont en place ».

Ces conditions, présentées en détail dans le rapport final de l’EIR, concernent la bonne gouvernance, le respect des droit humains; l’existence d’une législation environnementale efficace ainsi que l’information et le consentement préalable des populations affectées par les projets. De plus, reconnaissant la menace du changement climatique provoqué par les énergies fossiles, le rapport recommande à la Banque de cesser immédiatement ses financements pour l’extraction du charbon et du pétrole, et de redéployer ses fonds vers les énergies renouvelables et en faveur des populations les plus pauvres. La mission officielle du groupe Banque Mondiale étant d’octroyer des financements permettant aux pays du Sud de combattre la pauvreté, l’amélioration de l’accès à l’énergie pour les populations défavorisées en constitue un élément déterminant.

Le réchauffement climatique est une réalité qui fait l’objet d’un consensus scientifique mondial. Il est à présent prouvé que les activités humaines depuis la Révolution industrielle ont généré des quantités de gaz à effet de serre telles qu’elles ont accentué l’effet de serre naturel au point de déstabiliser le climat global. Les pays développés portent la responsabilité historique dans ce phénomène et demeurent encore à l’heure actuelle les principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Il est de leur responsabilité de réduire drastiquement et rapidement leur émissions afin d’éviter le chaos climatique. La réduction nécessaire des émissions des pays développés est estimée par les scientifiques à 80% d’ici la moitié de ce siècle, ce qui suppose des politiques de rupture et une dynamique globale de décarbonisation des économies.

Les dispositions du Protocole de Kyoto sont encore très en-deçà de ces recommandations scientifiques, mais elles imposent néanmoins aux états l’ayant ratifié d’amorcer cette démarche. La plupart des pays développés mettent en place des politiques de lutte contre le réchauffement climatique qui doivent être en cohérence avec l’exigence de développement durable. Que les pays développés agissent par des mesures domestiques pour réduire leurs émissions est impératif, qu’ils veillent à ce que l’aide qu’ils apportent aux pays en développement n’aille pas à contre-courant de cette action l’est tout autant.

Dans le « portefeuille énergétique » de la Banque Mondiale, les énergies renouvelables sont réduites à la portion congrue, par rapport aux énergies fossiles dont les populations du Sud ne retirent pas d’amélioration de leurs conditions d’existence et ni de développement économique local viable. Les projets énergétiques à base de charbon ou d’hydrocarbures, néfastes pour l’environnement, les populations, la paix civile, la démocratie et le développement soutenable sont d’autant plus inacceptables qu’ils aggravent le phénomène du réchauffement global dont les populations pauvres seront les premières et principales victimes. Elles devront en effet subir les coûts économiques, financiers et humains de la recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes, des pertes agricoles, des déplacements forcés, de l’expansion des maladies à vecteur, de l’appauvrissement de la biodiversité…etc.

Au cours de la dernière décennie, les communautés du Sud ont commencé d’exprimer de plus en plus ouvertement leur volonté d’accéder à une énergie propre, fiable et abordable. Elles tentent de s’organiser pour lutter contre des projets énergétiques de grande ampleur portés par des multinationales occidentales qui s’imposent à elles. Ces communautés mettent en avant des solutions à base de technologies renouvelables. Ces alternatives offrent de véritables possibilités de développement économique et d’amélioration des qualifications des populations tout en préservant l’environnement local et global.

Les énergies renouvelables sont un instrument crucial du développement durable, elles doivent être au coeur de la stratégie de lutte contre la pauvreté du groupe Banque Mondiale.
Greenpeace, à l’instar de plus de 300 ONG et personnalités du monde entier, appelle les représentants à la Banque Mondiale à appuyer l’adoption par le Conseil d’Administration de la Banque Mondiale, des recommandations du rapport de l’EIR:
– l’information et le consentement préalable de la population concernée par les projets,
– l’arrêt immédiat du financement pour le charbon, et en 2008 pour le pétrole, en accord avec le protocole de Kyoto contre le changement climatique,
– une transparence totale dans la gestion des revenus,
– l’arrêt du financement des projets dans des zones de conflits armés,
– la reconnaissance et l’acceptation des responsabilités de la Banque, en se conformant à la Déclaration universelle de Droits de l’Homme des Nations Unies,
– le redéploiement des financements vers les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et en faveur des populations les plus pauvres.