Des informations détaillées sur les transports de plutonium, rendue publiques en violation délibérée du nouveau décret, seront présentées par Greenpeace à la « Commission spéciale » sur les affaires nucléaires qui se réunira aujourd’hui à Cherbourg. Des politiciens, des hauts fonctionnaires et des représentants de la Cogéma, l’entreprise publique de retraitement de Cherbourg, participeront à cette réunion. Le haut responsable de la sécurité nucléaire du gouvernement français, M. Lallemand, qui a fait publier le nouveau décret, doit également venir témoigner lors de l’audition de la Commission spéciale.

Cherbourg (France). Dans le but évident de
tenter d’empêcher Greenpeace de révéler des informations sur les
transports nucléaires en France, le gouvernement français a décrété
(1) suite à une demande d’Anne Lauvergeon, la directrice
d’Areva/Cogéma, que toute information sur les matières nucléaires
serait classée « Secret défense » pour des raisons de sécurité
nationale, sous prétexte de réduire les risques d’accidents
catastrophiques ou d’attentats.

« Plutôt que d’essayer de réduire au silence les opposants au
nucléaire, le gouvernement devrait mettre fin à la production, au
transport et à l’utilisation de plutonium utilisable en armement
dans les installations de retraitement nucléaire de la Cogéma,
avant que ne se produise une catastrophe. » déclare Yannick
Rousselet de Greenpeace. « Les recherches de Greenpeace ont montré
que les transports de plutonium sont vulnérables aux accidents ou
aux attentats (2). C’est le gros problème auquel la Cogéma et le
gouvernement se trouvent confrontés et ce décret essaie de le
régler de façon absurde. »

En février dernier, Greenpeace a bloqué un transport nucléaire
contenant 150 kilos de plutonium pur en plein centre-ville de
Chalon-sur-Saône, alors qu’il faisait route de la Hague, en
Normandie, vers Marcoule, en Provence. La Cogéma effectue
généralement 2 ou 3 transports chaque semaine entre ses
installations de retraitement à La Hague et son usine de production
de combustible au plutonium (MOX) à Marcoule. Chaque transport fait
transiter suffisamment de plutonium pour fabriquer 30 bombes
atomiques. En mai, après que la Cogéma ait repris les transports,
Greenpeace a lancé un site web « d’inspection citoyenne » publiant
des informations sur les transports de plutonium relevées par des
bénévoles et des activistes tout au long des 1’000 kilomètres du
trajet des transports.

« Le commerce international de matières pouvant servir à
fabriquer des bombes atomiques est absolument injustifiable.
L’industrie nucléaire et le gouvernement qui protège ses intérêts
se servent de décrets relatifs à la sécurité nationale pour la
mettre à l’abris du regard des citoyens, mais ils ne sont pas
capables de protéger efficacement leurs transports de plutonium.
Nous sommes résolus à mettre en lumière leur mépris continuel pour
la santé publique, l’environnement et la véritable sécurité
nationale. » déclare Shaun Burnie de Greenpeace International.

Le jeudi 9 octobre, Greenpeace va déposer une plainte contre le
nouveau décret sur le secret défense pour obtenir sa suppression.
L’institut indépendant de recherche radiologique CRIIRAD et
Reporters sans Frontières vont se joindre à Greenpeace dans cette
procédure.

(1) arrêté du 24 juillet 2003, paru au Journal Officiel du
2 Août 2003

(2) L’étude Wise-Paris « Les transports de l’Industrie du
Plutonium en France: une activité à haut risque »