Des grimpeurs de Greenpeace ont bloqué le chargement du cargo Glory Island avec du canola génétiquement modifié (GM) à destination du japon. Portant des pancartes sur lesquelles était écrit «Danger: exportation d’OGM», trois grimpeurs se sont suspendus aux structures de chargement alors que deux autres ont déroulé une bannière sur le côté du navire qui disait «Canada: Arrêtez l’exportation d’OGM».

Vancouver (Canada). «Le reste de la planète refuse les plantes et les aliments génétiquement modifiés alors que le Canada les exporte sans étiquetage partout au monde», déclare Pat Venditti, responsable de la campagne OGM chez Greenpeace Canada. «En continuant de cultiver les plantes OGM, le Canada menace l’environnement mondial, les agriculteurs canadiens et les exportations canadiennes.»

En exportant des produits agricoles OGM, le Canada viole ses obligations internationales en vertu du Protocole sur la biosécurité. Selon cet accord, les pays sont tenus de protéger l’environnement naturel contre les risques associés aux OGM. En tant que signataire, le Canada est tenu de ne pas miner les objectifs du Protocole sur la biosécurité, notamment celui de s’assurer que les OGM exportés soient étiquetés, qu’ils ne présentent aucun risque pour l’environnement du pays importateur et qu’ils fassent l’objet d’une évaluation adéquate des risques.

«Le système canadien de réglementation de la biotechnologie agricole est défectueux, car il ne protège pas l’environnement du Canada et des pays importateurs comme le Japon et la Chine», explique Pat Venditti. «En insistant pour introduire les aliments OGM dans les assiettes des consommateurs à l’échelle internationale, le gouvernement met en danger la biosécurité et les marchés». De nombreux experts, y compris ceux de la Société royale du Canada, ont critiqué le système canadien de réglementation de la biotechnologie agricole en soulignant qu’il ne permet pas de réglementer d’une manière adéquate les OGM.

Le Canada refuse aussi de reconnaître le rejet international croissant des cultures OGM. Depuis l’introduction du canola OGM, la valeur des exportations annuelles canadiennes de canola vers l’Union européenne a chuté considérablement. Les exportations se chiffraient à 185 millions de dollars en moyenne au milieu des années 90 et depuis, elles sont d’à peine plus d’un million de dollars par année. La valeur des exportations de canola canadien à la Chine est tombée de plus de 350 millions de dollars en 2001 à moins de 16 millions de dollars en 2002, en partie à cause de l’adoption par la Chine d’une réglementation stricte sur les OGM. Plusieurs analystes prévoient que dans l’avenir, cette réglementation nuira probablement à la capacité du Canada à exporter les produits OGM en Chine.

Un sondage récent réalisé par le gouvernement du Japon montre que plus de 60 % des consommateurs japonais refusent d’acheter des aliments OGM. Soixante-seize pour cent des personnes sondées ont déclaré qu’il faudrait étendre l’étiquetage obligatoire aux produits comme l’huile de canola. À l’heure actuelle, l’étiquetage de l’huile de canola OGM n’est pas obligatoire au Japon. De plus, l’industrie agroalimentaire japonaise a clairement fait entendre qu’elle n’acceptera pas le blé OGM cultivé au Canada.

«Le Canada continuera-t-il d’exporter des OGM dangereux et non étiquetés ou respectera-t-il ses engagements internationaux à protéger l’environnement contre la menace des OGM ?», s’interroge Pat Venditti. «En ratifiant le Protocole sur la biosécurité et en appliquant le principe de précaution à la dissémination des plantes OGM dans l’environnement, le Canada a l’occasion d’agir comme un leader plutôt que comme un criminel.»