Aujourd’hui, le navire amiral de Greenpeace, le Rainbow Warrior, est entré dans le port militaire de Marchwood, à Southampton, et a empêché le départ de navires de ravitaillement britanniques devant se rendre dans la région du Golfe. Le Rainbow Warrior, entouré d’une armada de canots pneumatiques, a jeté l’ancre à l’entrée du port, bloquant ainsi toute possibilité de sortie. Des grimpeurs de Greenpeace se sont attachés à la chaîne d’ancre du Rainbow Warrior pour qu’il ne puisse pas être déplacé. Cela faisait plusieurs jours et plusieurs nuits que les navires de ravitaillement chargeaient à leur bord des hélicoptères, des porte-chars, des camions et autres équipements militaires lourds.

Southampton (Grande-Bretagne). Cette interposition directe et non-violente de Greenpeace s’inscrit dans le cadre d’une campagne mondiale contre une intervention militaire en Irak, qui causerait la mort de centaines de milliers de civils et augmentrait le risque d’utilisation d’armes de destruction massive.

Sur le pont du Rainbow Warrior, Stephen Tindale, directeur de Greenpeace Grande Bretagne a déclaré : « Nous sommes décidés à arrêter les va-t-en-guerre pour qui le pétrole à plus de valeur que le sang. Une guerre contre l’Irak ne rendra pas le monde meilleur. Au contraire, elle rsique de renforcer le soutien au terrorisme et pourrait entraîner l’utilisation d’armes de destruction massive. Les impacts humains et écologiques seraient épouvantables. Seuls George Bush et des compagnies pétrolières comme Esso tireraient profit d’une telle situation. »

Que les Nations unies autorisent ou non un intervention, Greenpeace s’oppose à la guerre en Irak, car celle-ci aurait des conséquences humaines et écologiques désastreuses. Selon les experts militaires et médicaux, une guerre conventionnelle pourrait causer la mort de plus de 200.000 personnes, principalement des civils, et plus de 250.000 personnes supplémentaires pourrait succomber à la famine et aux maladies. Si le conflit s’envenimait au point d’impliquer des frappes chimiques ou nucléaires, le nombre de victimes pourrait même atteindre plusieurs millions d’individus.

George Bush et Tony Blair ont invoqué la volonté de Saddam Hussein de se procurer des armes de destruction massive comme pour justifier cette agression. Pourtant, effectuer des frappes militaires préventives contre des Etats possédant ou soupçonnés de posséder des armes nucléaires, biologiques ou chimiques ne constitue en rien une bonne façon de contrôler les armements. Une telle méthode nécessiterait des interventions militaires à répétition dans de nombreux pays. Parmi les Etats que l’on sait posséder des armes nucléaires en dehors de toute forme de contrôle international on compte l’Inde, le Pakistan et Israël. La Corée du Nord cherche activement à en acquérir. L’administration Bush a indiqué qu’au moins 13 pays mènent des recherches sur les armes biologiques…

Greenpeace pense que la solution au problème des armes de destruction massive est un système international et multilatéral de contrôle et de désarmement. Ce cadre formel existe déjà, au travers d’accords comme le Traité de non-prolifération (TNP), la Convention sur les armes biologiques et la Convention sur les armes chimiques. Mais ce sont justement ces accords internationaux qui sont aujourd’hui mis à mal par les Etats détenteurs de l’arme nucléaire.

L’enjeu évident et véritable de cette guerre est le pétrole. Ceux qui soutiennent la guerre sont également ceux qui s’opposent à la signature par les Etats-Unis du Protocole de Kyoto, qui constituerait un premier pas dans la lutte contre les changements climatiques. Les compagnies américaines qui entretiennent la dépendance des Etats-Unis envers le pétrole et s’opposent au Protocole de Kyoto sont également celles qui soutiennent l’idée d’une guerre contre l’Irak. Le gouvernement britannique a récemment annoncé que l’une des cinq grandes priorités de sa politique étrangère est de s’assurer un accès aux ressources énergétiques. Pourtant Blair continue de nier qu’une intervention militaire en Irak puisse avoir un quelconque lien avec le pétrole…

Toute attaque contre l’Irak accroîtrait la menace terroriste car elle alimenterait la colère des opprimés et jetterait une nouvelle génération de jeunes gens dans les bras du terrorisme.

Stephen Tindale a ajouté : « Un monde fondé sur des négociations internationales équilibrées et faisant une très large place aux énergies renouvelables serait bien plus sûr et bien plus vivable que la planète surchauffée et terrorisée que nous prépare George Bush. »