« Be a leader, Detox now! » (Soyez un meneur, Detox maintenant!) Plus d’une dizaine de militants Greenpeace ont habillé le magasin Mammut de la Löwenstrasse à Zurich. Le « Mammut » de la marque de plein air est ainsi devenu « Mamba », un serpent venimeux. Car les articles Mammut contiennent toujours des perfluorocarbures (PFC) toxiques. Ces poisons se retrouvent aussi dans les régions les plus reculées de notre planète – tel le Parc national suisse – et même dans le sang de la population humaine.

« Pour nous, en tant qu’entreprise alpine suisse, un environnement et des montagnes intactes ne sont pas seulement essentiels d’un point de vue économique. Nous vivons dans les Alpes et nous aimons nous retrouver en montagne. Mammut vit de et pour la nature. » Mammut prêche la « responsabilité » sur son site internet.

L’étude Greenpeace « Leaving Traces » (en anglais) présentée hier au salon des articles de sport ISPO à Munich dresse malheureusement un tout autre portrait. En plus des vêtements et des chaussures, notre étude porte pour la première fois sur les équipements de camping et de randonnée tels que les sacs à dos, les tentes, les sacs de couchage et une corde, pour voir s’ils contiennent des produits chimiques per- ou polyfluorés (PFC).

Les consommateurs avaient d’abord voté en ligne sur le choix des produits à analyser. Nous avons ainsi développé des tests de produits avec la participation du public. Seuls 10% des articles analysés ne contenaient pas de PFC. Les produits Mammut s’en sortent mal. L’une des plus fortes concentrations de PFOA toxiques à longues chaînes moléculaires a été mesurée dans une chaussure Mammut (12.73 µg/m2). Un sac à dos en contenait aussi (4.24 µg/m²). Greenpeace a retrouvé d’autres PFC dans des vestes, des pantalons, des sacs de couchage et une corde Mammut.

Julia Bangerter, chargée de campagne Detox chez Greenpeace Suisse, explique: « Les militants Greenpeace qui ont réalisé ce ‘relooking’ du magasin Mammut appellent l’entreprise suisse à assumer en actes ses responsabilités à l’égard des êtres humains, des animaux et de leur environnement, et de ne pas seulement se contenter de faire de vaines promesses. Les PFC n’ont rien à faire dans la nature, dans l’alimentation et dans l’eau potable. »

De nombreuses marques de plein air telle Mammut remplacent les PFC à longues chaînes par des PFC à courtes chaînes et prétendent résoudre le problème. Plus de 200 scientifiques exigent en réalité une interdiction générale d’utiliser des PFC au moins pour les produits de consommation tels que les vêtements. Ils pensent que les PFC à chaînes courtes, plus volatils, se dispersent tout autant dans la nature et s’y accumulent. En 2015, des échantillons prélevés par Greenpeace ont montré que l’on trouve des PFC partout – même dans le Parc national suisse.

D’autres firmes fournissent déjà des produits de pointe sans PFC pour tous les domaines du plein air. Le grimpeur professionnel italien David Bacci vient ainsi de gravir le sommet le plus difficile du Cerro Torre en Patagonie, vêtu d’habits sans PFC. Et la marque britannique Paramo s’est engagée à bannir le PFC de ses vêtements. Cela prouve bien qu’il existe déjà des solutions de haute technicité sans PFC. Greenpeace appelle Mammut à assumer un rôle de pionnier dans le business du plein air et d’enfin tenir sa promesse de vivre par et pour la nature. Il est déjà possible de remplacer les PFC par des alternatives durables et de qualité élevée.

La campagne Detox de Greenpeace, à laquelle participent les consommateurs, exige depuis 2011 de l’industrie textile qu’elle renonce à tous les produits chimiques toxiques – y compris les PFC dans ses chaînes de production et de livraison.