L’administration américaine donne le feu vert à Shell pour ses projets hautement risqués de forages pétroliers en Alaska. On peut donc craindre le pire pour la nature, les populations autochtones et la biosphère unique des régions arctiques.

Les écologistes n’ont pas la tâche facile lorsque le 1er gaspilleur d’énergie et un des principaux groupes pétroliers s’allient. Le US Bureau of Safety and Environmental Enforcement BSEE a donné le feu vert à Shell pour ses forages pétroliers en Alaska. Le groupe anglo-néerlandais, qui avait déjà commencé à faire des forages d’essai, a dû faire des années de procédure pour finalement obtenir cette autorisation.

C’est incompréhensible qu’il ait fini par l’obtenir. Car si Shell devait trouver et extraire du pétrole en Mer des Tchouktches, le gouvernement des États-Unis considère lui-même que le risque d’un ou de plusieurs accidents graves serait de 75% durant la période d’extraction prévue de 51 ans! « Il est incompréhensible que Shell ait aussi peu de scrupules à mettre en danger l’environnement et un écosystème aussi unique que l’Arctique – et reçoive même l’autorisation de l’administration américaine pour cela, » dénonce Thomas Stahel, chargé de la campagne Arctique chez Greenpeace Suisse. « Les stocks des groupes pétroliers sont déjà plus que pleins. Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, il ne faut pas exploiter les gisements de pétrole arctiques. »

L’avidité triomphe de l’humilité

Le projet arctique de Shell subit une panne après l’autre. Un accident pétrolier pourrait endommager l’écosystème arctique pendant longtemps. Une éventuelle fuite de pétrole ne peut se dégrader qu’extrêmement lentement du fait des basses températures dans l’Arctique. Il serait en outre impossible d’arrêter une fuite de pétrole sous une couche de glace compacte – il n’existe actuellement aucune méthode pour le faire. Les populations autochtones craignent pour leurs conditions de vie. Une faune unique et en partie endémique est gravement menacée. L’administration américaine et Shell s’en moquent manifestement. L’avidité semble l’emporter. Une entreprise suisse veut aussi participer au bénéfice. La plateforme pétrolière que Shell veut utiliser pour ses dangereux forages dans l’Arctique appartient en effet au groupe zougois Transocean.

Il y a cinq ans, sa plateforme Deepwater Horizon a explosé dans le Golfe du Mexique. Cette catastrophe écologique a une fois de plus montré que l’industrie pétrolière n’a pas la moindre idée comment éviter ce genre d’accidents, et encore moins comment y remédier. Mais elle continue de forer. Il y a plus de 6’000 plateformes pétrolières sur notre planète, dont 500 en Mer du Nord. Il y a des centaines d’incidents chaque année sur les plateformes au large de l’Allemagne qui provoquent parfois le déversement de milliers de tonnes de pétrole en mer, comme en 2007. A cela s’ajoute la pollution provoquée par l’exploitation au quotidien, plus de 8’000 tonnes en 2012. Mais le public n’entend parler que des pires catastrophes.

L’opposition contre le pillage de l’Arctique augmente

Il y a de plus en plus de protestations contre Shell dans le monde entier. Il y a ainsi eu des protestations particulièrement créatives aux États-Unis où la flotte de Shell a fait escale avant l’Arctique. Des militants Greenpeace ont plusieurs fois tenté d’occuper et de bloquer les bateaux et les plateformes de Shell. En juin, des militants écologistes inquièts avaient aussi bloqué toutes les stations service Shell de Zurich. Même des politiciens étasuniens connus du Parti démocrate, comme Al Gore et Hillary Clinton, ont récemment fait part de leurs doutes quant à la sécurité des forages pétroliers dans l’Arctique. Le Sénateur de l’Orégon Jeff Merkley et cinq autres sénateurs US ont proposé une loi contre les forages pétroliers dans l’Arctique. Le groupe pétrolier russe Gazprom qui fore pour du pétrole dans l’Arctique depuis une année et demie est régulièrement confronté à des protestations.

Greenpeace a déjà récolté plus de 7 millions de signatures en faveur de la défense de l’Arctique. Vous aussi, signez cette pétition! Nous continuons à nous engager pour une interdiction des forages pétroliers dans des régions écologiquement sensibles comme l’Arctique et pour un réseau planétaire de réserves naturelles maritimes qui comprendrait au moins 40 % de la surface des océans.

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