BP n’a pas fini de souiller le Golfe du Mexique qu’une autre compagnie pétrolière anglaise, Cairn Energy, débute de nouveaux forages dangereux. En Arctique, région jusque là non polluée par la prospection pétrolière, cette compagnie inexpérimentée vient de forer un premier puits – et en prévoit 2 autres – de 300 à 500 mètres de profondeur.


Le message adressé à Cairn Energy: « Go Beyond oil » (Allons au-delà du pétrole). ©Greenpeace/Rose

L’Esperanza, le navire de Greenpeace qui avait quitté Londres le 12 août dernier, fend à présent les eaux glacées de l’Arctique, au large du Groenland, où le forage a lieu. Munis de banderoles et à bord de zodiacs, des militants de Greenpeace sont venus s’opposer aux pétroliers et dénoncer cette nouvelle prospection en eaux profondes. Greenpeace demande l’arrêt immédiat du projet et un moratoire international sur les nouveaux projets pétroliers à haut risque.

La preuve que la question est sensible: pour contrer cette manifestation pacifiste, c’est un navire de guerre de la marine danoise qui est venu mettre en garde les militants de Greenpeace contre une intervention possible du navire de l’association et de ses militants. « L’allée des icebergs », la zone où ont lieu les forages, fait partie de la mer de Baffin, formidable réserve de biodiversité. 80 à 90% de la population mondiale de narvals y vit, sans compter les baleines bleues, les ours polaires, les phoques, les requins, les cormorans, les mouettes tridactyles et autres oiseaux migrateurs.

Mais cet écosystème fragile et sauvage n’est pas la seule richesse de la région. En effet, l’Arctique est une gigantesque réserve de pétrole, jusqu’à 90 milliards de barils! De quoi allécher plus d’une compagnie pétrolière. Si l’opération de prospection de Cairn est une réussite, elle risque d’ouvrir la voie à une véritable ruée vers le pétrole en Arctique.

Pourtant, le forage y est une opération particulièrement risquée. Bien plus risquée encore que dans les eaux chaudes du Golfe du Mexique, par exemple. D’abord parce que la saison de forage est raccourcie à cause de l’hiver arctique, ce qui diminue les chances qu’un puits de secours soit construit. Sans puits de secours, un écoulement pourrait durer jusqu’à deux ans avant d’être stoppé! Et les nappes de pétrole ont toutes les chances de rester emprisonnées sous la glace…

Ensuite, parce que l’impact environnemental d’une marée noire en eaux glacées est encore plus redoutable que celui d’une marée noire ‘classique’. Les conséquences du naufrage de l’Exxon Valdez, échoué en 1989 au large des côtes de l’Alaska, se font encore et toujours sentir!

« Laissez l’Arctique en paix! » plaide Leila Deen, Chargée de campagne sur l’Esperanza. Elle demande aux compagnies de « travailler, à la place, à développer rapidement des alternatives saines et propres qui nous aideront à éliminer pour toujours les combustibles fossile ».