Après 3 années d’enquête détaillée au cœur de la filière de l’élevage brésilien, Greenpeace publie un rapport en forme de réquisitoire contre ce qui est le 1er moteur actuel de la déforestation au Brésil et dans le monde. Ce rapport démontre l’urgence d’actions – à tous les niveaux – sur la filière bovine brésilienne pour préserver la forêt amazonienne et le climat.


L’élevage de bétail brésilien est le premier criminel forestier et climatique en pleine expansion. ©Greenpeace/Beltra

L’élevage est en effet responsable de 80% de la
déforestation amazonienne, ce qui représente 14% de la
déforestation annuelle de la planète. La destruction progressive de
la forêt amazonienne, par abattage et brulis, fait du Brésil le
4ème émetteur mondial de gaz à effet de serre. Le pays possède le
plus grand cheptel commercial du monde. Il est le premier
exportateur mondial de bœuf et de cuir et son gouvernement entend
voir sa part sur le marché mondial doubler d’ici à 2018. «Mais
cette expansion se fait sur l’avancée des frontières de la
déforestation  où les éleveurs profitent d’un manque patent de
gouvernance», explique Grégoire Lejonc, chargé de campagne forêts
chez Greenpeace.

Le gouvernement brésilien a lui-même une attitude plus
qu’ambiguë vis-à-vis de la préservation de la forêt amazonienne et
du climat. D’un coté, le président Lula a annoncé récemment un plan
d’action contre le changement climatique qui doit voir ce pays
réduire de 72% le déboisement illégal d’ici 2018. «Or, ce rapport
prouve clairement que 90% de la déforestation annuelle en Amazonie
est illégale tandis que des lois régularisant de facto des terres
accaparées illégalement pour l’élevage ont été adoptées récemment»,
explique Grégoire Lejonc. «Le gouvernement est l’un des principaux
bailleurs de fonds et actionnaires du secteur de l’élevage en
Amazonie, ce qui fait de lui un véritable promoteur de la
déforestation amazonienne», poursuit-il.

Au bout d’une filière complexe, Greenpeace a pu remonter
jusqu’aux produits de l’élevage et donc de la déforestation
amazonienne. Du cuir des baskets Nike, Reebok ou Adidas, aux
produits Louis Vuitton ou Gucci en passant par la viande des plats
préparés servis sur le réseau SNCF, ou les produits commercialisés
par Carrefour ou Casino au Brésil, le rapport fait un véritable
« tour du monde » des marques impliquées indirectement dans la
déforestation amazonienne. Répondant à l’interpellation de
Greenpeace, nombre de ces marques déclarent ne pas avoir
connaissance de l’implication de leurs fournisseurs dans la
déforestation. «On a affaire à une filière aveugle et tentaculaire.
Nous appelons toutes les entreprises impliquées à moraliser leurs
approvisionnements», conclut Grégoire Lejonc.

Le rapport a été salué par le ministre de l’environnement
brésilien lui-même, Carlos Minc, lors d’une conférence de presse le
mardi 2 juin.

Décharger le rapport: « Le
massacre de l’Amazonie » (PDF)

Visionner la vidéo:
« Chaque pas compte pour sauver l’Amazonie »