Dans un nouveau rapport, Greenpeace révèle les liens qu’entretiennent des multinationales européenne et américaine avec des entreprises d’exploitation forestière qui développent leurs activités dans l’une des plus vastes forêts primaires au nord-ouest de la Russie.

Depuis l’an 2000, la forêt de Dvinsky a perdu 300’000 hectares de forêts intactes une surface plus grande que celle du Luxembourg. Les arbres de cette forêt terminent en papier toilette ou en emballages vendus dans les supermarchés du monde entier. Les trois quarts de la forêt de Dvinsky sont aujourd’hui occupés par les concessions de trois grandes sociétés: Pomor Timber, Arkhangelsk Pulp and Paper Mill et Titan  et Region-Les LLC sont les principales entreprises impliquées dans la récolte et le commerce du bois issu de cette forêt.

Ces exploitants se prévalent parfois d’une gestion « durable » de la forêt, alors qu’ils contribuent activement à sa destruction. Parmi les entreprises citées dans ce rapport, on retrouve le géant suédois du papier Arctic Paper, bien connu du monde de l’édition, le finlandais Stora Enso, l’irlandais Smurfit Kappa pour le secteur des emballages ou encore le suédois SCA pour les produits d’hygiène. Mais d’autres grands groupes tels que Nestlé, PepsiCo, McDonald’s ont un rôle important à jouer dans la protection de la forêt de Dvinsky.

Greenpeace demande en effet à ces sociétés d’exiger de leurs fournisseurs une traçabilité complète des matières premières utilisées dans leurs produits, ainsi qu’une cartographie précise des concessions détenues par les opérateurs forestiers auprès desquels elles s’approvisionnent. Elle doivent également veiller à ce que les droits des peuples autochtones soient respectés. Le cas échéant, Greenpeace demande à ces entreprises de changer de fournisseurs, afin de ne plus participer, de près ou de loin, à la destruction des paysages forestiers intacts de la forêts Dvinsky.

Les paysages de forêt boréale qui entourent la région subarctique, également connue sous le nom de forêts du Grand Nord, représentent environ un tiers de la surface forestière qui persiste sur la planète. Pourtant, seulement 2,8% des forêts du Grand Nord sont officiellement protégées, contre 27% des forêts tropicales et 11% des forêts tempérées. En 2011, les autorités régionales avaient prévu de créer la réserve de la forêt de Dvinsky. Cette zone protégée devait couvrir près des deux tiers de l’un des plus grands paysages forestiers intacts qui persistent en Russie, s’étendant sur 835’000 hectares et abritant des habitats essentiels à plusieurs espèces menacées.

La protection des paysages forestiers intacts est un enjeu crucial car ils soutiennent l’ensemble de l’écosystème local (y compris les grands prédateurs), stockent de grandes quantités de carbone et résistent mieux que les autres forêts aux changements climatiques. C’est avant tout aux autorités politiques de prendre leurs responsabilités, notamment au gouverneur de la région d’Arkhangelsk, à qui revient la décision finale. L’année 2017 a été déclarée année des aires protégées en Russie. Si le gouvernement russe veut vraiment mettre en place de nouvelles aires protégées cette année, il devrait sans plus attendre passer des paroles aux actes et protéger intégralement cette forêt.