Suite à la plainte déposée par Greenpeace Nordic et Natur og Ungdom (Nature et jeunesse en français), le procès du gouvernement norvégien démarre aujourd’hui à Oslo. Les organisations dénoncent la prospection pétrolière en Arctique. Une activité qui contrevient à la Constitution norvégienne et aux objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. Une victoire offrirait un précédent décisif pour les nombreuses autres procédures similaires menées à travers la planète.

Durant le procès, qui durera du 14 au 23 novembre 2017, les défenseurs du climat argumenteront qu’en accordant des permis exploratoires pour la prospection du pétrole en Arctique, le gouvernement norvégien viole le droit des générations futures de profiter d’un environnement sain. C’est la première fois qu’une procédure judiciaire s’appuie sur ce droit dans le pays.

Dans le monde, environ 90 pays disposent d’un droit similaire dans leur Constitution. Une victoire en Norvège aurait un effet positif au niveau global. Cela constituerait un précédent qui aidera d’autres juridictions à interpréter correctement leurs lois. Il est à espérer qu’un tel exemple inspirera encore plus de personnes à mettre leurs gouvernements face à leurs responsabilités.

Pour Truls Gulowsen, directeur de Greenpeace Norvège, les choses sont simples. « En accordant de nouveaux permis exploratoires, le gouvernement norvégien met en danger l’environnement, la santé et les familles partout dans le monde. Il doit en assumer la responsabilité. Chercher de nouvelles sources d’hydrocarbure est en contradiction complète avec l’Accord de Paris sur le climat et la Constitution du pays. Nous avons hâte de défendre cette position devant la Cour. »

Les Fiji en première ligne
Le procès débute en Norvège alors qu’à Bonn, la 23ème Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques (COP23) bat son plein. Cette année, la conférence aurait dû se tenir aux îles Fidji, mais ce petit état insulaire, déjà durement touché par le réchauffement climatique, manque de moyens et d’infrastructures pour accueillir un tel évènement. Deux jeunes représentants des Iles Fidji sont présents en Norvège pour observer le déroulement du procès.

Alisi Nacew fait partie de cette délégation. Elle sera aussi présente à Bonn pour défendre le sort des communautés insulaires qui subissent déjà de plein fouet les conséquences du réchauffement. « Ma patrie est en première ligne. Notre mode de vie est mis en danger par les impacts des évènements météorologiques extrêmes et de la montée des eaux. Il est impossible de vouloir à la fois maintenir l’extraction du pétrole et du gaz et de limiter le réchauffement global à 1,5°C, peu importe les justifications articulées par le monde politique. La Norvège a signé l’Accord de Paris et souhaite parallèlement fournir plus de pétrole au monde. C’est une contradiction complète! »