Les récentes nouvelles au sujet du réchauffement climatique sont particulièrement alarmantes. La publication du rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, lundi 8 octobre dernier, révèle que les états signataires de l’Accord de Paris en 2015 n’ont pas pris la mesure de leur engagement. Les mesures annoncées pour l’heure, amèneraient la planète à un réchauffement global de 3°C. La Suisse, dans ce domaine, ne se montre pas plus vertueuse et les efforts envisagés sous la coupole fédérale pour la prochaine décennie sont ridicules au regard du défi qui nous attend.

Lors de cette journée du lundi 8 octobre, j’ai été invité à m’exprimer dans différents médias au sujet du rapport du GIEC en tant que porte-parole de Greenpeace Suisse. A chaque fois que je martelais que la Suisse, et l’ensemble des pays de la planète, doivent réduire de moitié les émissions de CO2 d’ici à 2030, on m’a invariablement demandé si cela était possible ou si c’était une utopie. La question est parfaitement valable, la surconsommation reste la règle dans notre pays, le pétrole est toujours la principale source d’énergie et on a l’impression que peu de choses ont changé depuis l’hiver de mes 17 ans, où je me réjouissais de la signature du protocole de Kyoto en 1997.

S’il y a une utopie, elle n’est pas à trouver du côté des défenseurs du climat. Aujourd’hui, l’utopie est du côté de ceux qui pensent que l’on peut maintenir le système actuel. Le rapport du GIEC est très clair à ce sujet : les efforts pour maintenir le statu quo sont ceux qui amèneront l’économie et la société dans le mur. Le problème en Suisse, c’est que la politique climatique fédérale est encore trop influencée par ces rêveurs dangereux.

Je garde toutefois espoir. Le défi du réchauffement climatique est complexe et difficile. Pourtant, nous sommes des milliers à le relever chaque jour en Suisse. Des personnes installant de nouvelles installations solaires sur leur toit, à celles qui réduisent leur consommation de viande et favorisent une agriculture locale et écologique, en passant par ceux qui placent leur épargne dans des institutions financière alternative ou qui échangent leurs voitures pour des abonnements de transport en commun ou des vélos, une grande part de la population s’active pour moderniser notre pays.

L’heure est aujourd’hui venue de faire entrer la Suisse dans le 21ème siècle, en la dotant d’une politique climatique qui aboutira à zéro émissions nettes dans une trentaine d’années. Une politique qui générera de la richesse et qui permettra à la Suisse de briller à l’étranger par la maîtrise de nouvelles technologies dans les domaines de l’énergie, du bâtiment, de la mobilité, de l’alimentation, de l’agriculture, du tourisme ou de la gestion de l’eau et des déchets.

C’est avec ce message que je me joindrai à la Marche pour le climat 2018, demain 13 octobre à Genève.

Mathias Schlegel, porte-parole pour Greenpeace Suisse

(Ce texte est paru vendredi 12 octobre 2018 dans la rubrique « L’invité » de la Tribune de Genève)