Les politiciens suisses font enfin quelques efforts pour réduire la pollution plastique. Contrairement à la recommandation du Conseil fédéral et malgré le lobbying intensif mené par les associations faîtières du commerce de détail, du forum des consommateurs et de l’industrie plastique, le Conseil national a clairement approuvé, la motion 18.3712 (« Réduire la pollution plastique dans les eaux et les sols ») lors de la session d’hiver 2018. Il charge le Conseil fédéral de prendre des mesures qui « réduisent sensiblement et dans un délai raisonnable l’utilisation des emballages en plastique et des produits jetables en plastique », en collaboration avec les secteurs concernés.

Par leur lobbying, les acteurs du commerce de détail, et notamment les géants Migros et Coop, montrent une fois de plus qu’ils ne sont pas prêts à assumer leurs responsabilités. Au lieu de cela ces acteurs au rôle prépondérant mènent différentes tactiques pour imposer leur vues. Notamment dans un courrier adressé aux parlementaires fédéraux :

Blâmer les autres déchets plastiques : affirmer que le commerce de détail n’est « pas le principal problème » en termes de pollution plastique. C’est évidemment faux. Les emballages et les bouteilles, représentent plus d’un tiers des déchets municipaux et génèrent plus de la moitié des coûts liés au littering.

Blâmer d’autres acteurs : la motion se concentre « unilatéralement sur le commerce de détail » au lieu de « s’attaquer de manière générale à la solution du problème ». Toutefois, une réponse partielle n’entrave pas le commerce de détail dans son ensemble et ne rend pas plus difficile l’élaboration de nouvelles solutions en même temps.

Minimiser le problème : les emballages ou les objets en plastique en général ne sont « problématiques que s’ils sont éliminés de manière inadéquate et contribuent ainsi à la pollution de l’eau et du sol ». Mais qu’en est-il de l’extraction du pétrole pour la production de matières plastiques ? Et qu’en est-il du CO2 produit lors de la combustion de ces déchets- en plus des scories toxiques et des poussières de filtre ?

Faire diversion en soulevant des arguments qui ne font même pas l’objet d’un débat : la demande de renforcement des efforts de recherche et développement est – littéralement – déjà dans la motion, tout comme l’objectif de l’amélioration écologique. Des exigences supplémentaires pour maintenir la qualité et la quantité du recyclage, l’efficacité et l’équité envers le pollueur, ne sont pas des arguments pour refuser la motion, car les mesures doivent encore être définies avec les industries concernées.
Ces arguments montrent clairement que le commerce de détail ne tiendra pas sa promesse de mettre en œuvre des mesures « volontaires ». La motivation n’est évidemment pas là. Le Conseil des Etats doit maintenant emboîter le pas, mais le Conseil fédéral est également interpellé par le développement en cours de la stratégie de prévention des déchets. Dans le cas contraire, la Suisse devra encore une fois être blâmée par l’OCDE pour sa position de leader dans la production de déchets et le gaspillage des ressources qui en découle.

La lettre des associations faîtières (en allemand)