Un nouveau rapport des ONG américaines Stand.earth et Amazon Watch souligne le rôle central joué par les banques suisses Credit Suisse et UBS et de nombreuses autres banques présentes en Suisse dans le commerce du pétrole de la région amazonienne en Équateur. Là, la production de pétrole entraîne déversements pétroliers, la destruction de la forêt, des violations des droits fondamentaux tout en alimentant le réchauffement climatique. Les ONG suisses se joignent aux demandes adressées aux banques pour qu’elles se retirent de ce genre d’affaires et qu’elles rendent leurs activités compatibles avec la protection du climat, la préservation de la forêt et la défense des droits humains, notamment les droits des populations autochtones.

Dans le rapport, Stand.earth et Amazon Watch décrivent en détail comment les banques européennes et surtout suisses financent le commerce du pétrole de l’Amazonie vers les États-Unis. Le rapport examine également l’impact de l’industrie pétrolière financée par les banques sur la forêt amazonienne : déversements de pétrole, dommages causés aux populations indigènes et réchauffement climatique. Une région que les Indiens d’Équateur appellent le « cours supérieur sacré » est particulièrement touchée. Ce rapport intervient une semaine seulement après qu’une coalition d’organisations indigènes en Équateur a lancé une campagne mondiale et une action en justice pour obtenir un moratoire sur la production de pétrole brut dans la région.

Les principales banques qui financent le commerce du pétrole de la région sont la succursale genevoise d’ING Belgique, Credit Suisse, l’UBS et la succursale genevoise de BNP Paribas, Natixis et Rabobank. Presque toutes les banques citées dans le rapport ont pris des engagements en termes de durabilité ou ont signé des engagements volontaires. Il y a quelques jours, le Credit Suisse a annoncé une nouvelle orientation stratégique, qui contient des engagments pour renforcer la prise en compte de la biodiversité et à transformer les services bancaires aux entreprises dans le secteur du pétrole et du gaz. Le financement du commerce du pétrole en Amazonie viole clairement l’esprit de ces engagements.

Depuis 2009, ces banques et d’autres institutions financières privées ont fourni un financement commercial pour environ 155 millions de barils de pétrole provenant d’Équateur aux raffineries américaines, pour un total de 10 milliards de dollars. Ce pétrole représente environ 66 millions de tonnes de CO2.

Plusieurs banques mentionnées dans le rapport ont fait des commentaires sur les questions soulevées. À ce jour, aucune banque n’a mis à jour ses politiques. Rabobank a déclaré qu’elle s’est désengagée de certaines régions incriminées, mais elle ne s’est pas engagée à mettre à jour ses lignes directrices. UBS et ING Belgique se sont engagées à travailler avec les parties prenantes sans mettre à jour leurs politiques. Credit Suisse a reconnu l’importance des conclusions du rapport, mais a déclaré que ses lignes directrices ne s’appliquaient qu’au financement de projets.

Les organisations non gouvernementales signataires demandent donc que les banques et les institutions financières prennent les mesures suivantes:

  • Respecter les droits des peuples autochtones dans toutes les transactions bancaires, en particulier le consentement libre, préalable et éclairé des communautés autochtones ;
  • Faire preuve de transparence dans le financement du commerce et dans le commerce physique des marchandises ;
  • Suspendre le financement de la production et du commerce du pétrole de toute la région amazonienne jusqu’à ce que les zones polluées soient réhabilitées, que le droit à la santé des communautés locales soit garanti et que des mesures de protection soient prises pour prévenir de futures pollutions aux hydrocarbures ;
  • Publier et appliquer un plan de sortie du financement, de la promotion et du commerce de ces sources d’énergie.

Les pays concernés devraient s’engager à ne plus augmenter la production de pétrole et à fermer les puits existants, conformément aux objectifs climatiques mondiaux et dans le respect des populations autochtones.

Organisations signataires du rapport : Amazon Watch, Campax, Extinction Rebellion, fossil-free.ch, Société pour les peuples menacés, Greenpeace, Incomindios, Stand.Earth