Le Swiss Overshoot Day, ou Jour du dépassement, correspond à la date de l’année à partir de laquelle nous sommes supposés avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an. Ce jour est calculé pour chaque pays. Plus il arrive tôt dans l’année, plus le niveau d’utilisation des ressources naturelles des habitants de ce pays est élevé. En Suisse, ce jour arrive le 11 mai en 2021. En 2018, c’était le 1er août. 

Ce sont des déclarations que nous avons tous déjà entendues. « Si tous les humains de la planète vivaient comme des Suisses, il faudrait 2 planètes supplémentaires. » Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement: quelles sont nos habitudes qui nous font consommer trop de ressources et que pouvons-nous faire pour réduire notre impact sur la planète? 

Notre empreinte écologique 

Les statistiques officielles sont formelles. L’empreinte écologique des Suisses correspond à 2,8 fois les quantités de ressources naturelles disponibles globalement par personne. « Nous vivons donc aux dépens des générations futures et d’autres régions du globe », peut-on lire sur le site Internet de la Confédération. Au niveau global, la moyenne de l’empreinte environnementale par personne est de 1,2. Mais cela cache des disparités gigantesques entre les pays. 

En tant que Suisse, nous faisons partie des habitants de cette planète ayant le plus profité des ressources naturelles disponibles. Notre mode de vie est uniquement rendu possible par “l’importation de ressources naturelles ainsi qu’en exploitant des biens communs globaux (comme l’atmosphère). » Notre empreinte écologique est surtout le fait de notre consommation d’énergie fossile et de l’exploitation du sol, à savoir notre utilisation des terres pour l’agriculture et la pâture et l’exploitation des forêts. La bonne nouvelle? Il existe déjà de nombreuses solutions à notre disposition pour réduire notre empreinte écologique et cesser de vivre à crédit. 

Réduire notre dépassement

Les transports constituent le secteur qui consomme le plus d’énergie dans notre pays. Le passage à un nouveau modèle de mobilité, basé sur les transports en commun et la mobilité douce, permet de réduire significativement notre empreinte écologique. Si l’on compare les différents modes de transport, on peut voir que le recours à une voiture avec une motorisation essence ou diesel représente des émissions largement supérieures au recours aux transports en commun. Selon le calculateur du site energie-environnement.ch – site des services énergétiques des cantons de Genève, Berne, Neuchâtel, Fribourg, Jura, Vaud et Valais – un déplacement entre Genève et Zurich en voiture génère l’émission de 35210 grammes de CO2 par personne contre 309,7 grammes pour le train. Il faut ajouter que le déplacement en voiture implique également des émissions de particules fines et d’oxydes d’azote, ce qui n’est pas le cas du train. Ces proportions restent les mêmes sur des parcours plus courts.

Il existe aussi beaucoup d’autres moyens pour réduire notre consommation énergétique. Nos habitudes en matière de chauffage, les appareils électriques que nous utilisons, l’éclairage, sont autant de domaines où nous pouvons agir. L’énergie la plus propre est celle que l’on ne consomme pas. Face à la crise climatique, les économies d’énergie sont notre meilleur allié.  

Économiser l’énergie et favoriser les transports en commun ou la mobilité douce n’est pas la seule arme à notre disposition pour combattre notre empreinte écologique. Changer nos habitudes alimentaires permet aussi de réduire notre impact sur l’environnement. A l’échelle de la planète, 30% des terres cultivées servent à produire de la nourriture pour les animaux d’élevage. Seul l’équivalent de 10 à 15 % de ces aliments est transformé en biomasse consommable par les humains. Ajoutons à cela que l’élevage a un impact climatique aussi destructeur que le secteur des transports. Le simple fait de réduire notre consommation de produits animaux – viande, produits laitiers, œufs – permet de réduire fortement notre empreinte écologique. Cela réduit également la surface de sol à exploiter pour produire nos aliments ainsi que la pression sur la biodiversité, car 80% de la déforestation dans le monde est liée à la production alimentaire. On peut ajouter à cela le fait que nous gaspillons en moyenne plus de 300 kg d’aliments par personne et par année. Cela représente 25% de l’empreinte écologique de notre alimentation. En adaptant nos habitudes, nous pouvons tous réduire ce gaspillage. 

Engageons-nous! 

Changer nos habitudes personnelles suffira-t-il à réduire suffisamment notre empreinte écologique afin de contrecarrer la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité? Selon Andreas Diekmann, professeur en sociologie à l’EPFZ: « S’il se préoccupe du climat, même si ce n’est qu’au travers de gestes symboliques, un individu sera plus enclin à voter pour des politiques favorables à l’environnement. Or, c’est à ce niveau qu’on peut avoir le plus d’impact ». Si le fait d’adapter nos habitudes peut avoir un effet bénéfique, il faudra aussi modifier les politiques publiques et le cadre légal afin d’obtenir des avancées nécessaires en matière de protection de l’environnement. Les autorités que nous élisons, les référendums et les initiatives sur lesquelles nous votons ont donc une grande importance. C’est aussi le cas de l’engagement des organisations de la société civile. Avec l’émergence de nouveaux mouvements écologistes en Suisse ces dernières années, nous avons à notre disposition de plus en plus de moyens de nous engager. Face à la dimension prise par la destruction de l’environnement, nous ne serons jamais trop nombreux à lutter. 

Nous disposons ainsi d’une large palette d’options afin de cesser de surconsommer les ressources que nous offre notre planète. Et s’il ne fallait choisir qu’un seul geste dans les semaines à venir, nous recommandons de voter OUI à la nouvelle loi sur le CO2 et 2 fois OUI aux initiatives concernant l’agriculture et l’alimentation le 13 juin prochain.