A la veille de nouvelles annonces de la Confédération concernant la crise du Coronavirus, Greenpeace appelle les autorités du pays et la place financière à utiliser les mesures de soutien et les plans de relance économique pour promouvoir la transition vers une économie en accord avec la protection du climat. L’aide à la relance promise par le Conseil fédéral et les cantons doit en priorité mieux protéger les personnes les plus pauvres et les plus touchées. Mais le soutien conjoncturel mis en œuvre par les administrations publiques est aussi une opportunité à saisir pour mieux soutenir les objectifs de durabilité inscrits dans la Constitution et accélérer les transitions nécessaires pour la protection du climat, notamment sur le plan énergétique. Il peut permettre de mieux préparer la Suisse pour les crises climatiques à venir tant d’un point de vue écologique que social.

Les mesures d’urgence mises en œuvre en Suisse en réponse à la pandémie de Covid-19 démontrent que la société et la politique sont capables de réagir rapidement à des menaces aiguës. Et elles montrent aussi combien la solidarité de la société est grande avec les personnes les plus vulnérables face au virus et face au ralentissement économique. Ce soutien est la priorité absolue dans la situation actuelle, c’est notamment pourquoi Greenpeace applique scrupuleusement les recommandations de santé publique et a adapté son activité en conséquence.

Ces mesures à court terme devront être relayées par des plans de soutien à plus long terme. « C’est précisément par solidarité et dans une perspective d’avenir que les différentes mesures de soutien financier à long terme de la Confédération, des cantons et des banques doivent favoriser l’émergence d’une économie bas carbone et plus résistante aux différentes conséquences du réchauffement climatique », déclare Georg Klinger, expert des questions climatiques pour Greenpeace Suisse. « Si nous voulons éviter autant que possible des crises d’une ampleur similaire à l’avenir, nous devons tout faire pour limiter le réchauffement climatique. »

Voici les paramètres à prendre en considération par la Confédération et les cantons en ce qui concerne les mesures de relance de l’économie:

  • La restructuration du secteur énergétique doit être accélérée.
  • Les investissements du secteur financier doivent rapidement devenir plus respectueux du climat.
  • Dans le domaine de l’agriculture, il faut promouvoir une agriculture biologique qui a un effet positif sur le climat, adaptée aux spécificités locales et libérée des importations de fourrage.
  • Les entreprises dont l’activité génère de grandes émissions de CO2 et qui pourraient recevoir des fonds publics doivent apporter leur contribution à la résolution de la crise climatique.
  1. La restructuration du secteur énergétique doit être accélérée. Afin de résoudre la crise climatique, il faut par exemple réaliser des efforts pour la maîtrise de la consommation et soutenir un essor rapide de l’énergie solaire et des renouvelables afin de remplacer plus rapidement les combustibles fossiles importés. L’intégration de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans la vie quotidienne implique également la promotion des moyens de transport les plus efficaces. Cela nécessite plus d’espace pour les sentiers pédestres, les pistes cyclables et les transports publics. Cela inclut également la promotion de la conversion énergétique du parc immobilier, des solutions de stockage et des stations de recharge. Non seulement parce que cela permettra de réduire les émissions plus rapidement, mais aussi parce qu’une industrie énergétique locale et décentralisée crée des emplois sûrs à long terme et est plus robuste face aux crises. Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), souligne également qu’il y a un intérêt à investir dans ce domaine, car la transition urgente vers un système énergétique respectueux du climat est menacée par l’effondrement du prix des combustibles fossiles.
  2. Les investissements du secteur financier doivent rapidement devenir plus respectueux du climat. Les décisions des banques et des investisseurs sont cruciales pour surmonter la crise actuelle. En raison de sa taille, le secteur financier suisse joue un rôle important dans la transition vers une économie mondiale durable. L’argent qui finance les activités économiques mondiales via la place financière suisse a un impact massif sur le climat. Il faut des règles pour le soutien gouvernemental aux prêts bancaires et pour le réinvestissement des capitaux qui sont actuellement retirés des marchés, afin de saisir l’opportunité d’injecter ces sommes dans le développement d’une économie bas carbone. Enfin, il serait inacceptable que les mesures requises pour le système bancaire soutiennent les prêts des grandes banques aux entreprises du secteur des énergies fossiles, qui sont aujourd’hui menacées par la crise actuelle.
  3. Dans le domaine de l’agriculture, il faut promouvoir une agriculture biologique qui a un effet positif sur le climat, adaptée aux spécificités locales et libérée des importations de fourrage. Ce modèle d’agriculture est non seulement plus respectueux de l’environnement, mais est aussi plus résistant aux crises que le modèle d’agriculture industrielle qui prévaut actuellement.
  4. Les entreprises dont l’activité génère de grandes émissions de CO2 et qui pourraient recevoir des fonds publics doivent apporter leur contribution à la résolution de la crise climatique. Dans le cas des entreprises qui ne prévoient pas de réduire leurs émissions, le soutien pourrait être lié à un droit de regard afin de maintenir une capacité d’agir contre la crise climatique. Si, par exemple, une compagnie aérienne souhaite profiter d’une aide publique, l’objectif serait alors de pouvoir fixer des plafonds d’émissions annuels ou de limiter les vols de courte distance qui peuvent être remplacés par le train.

Les investissements à venir pourraient ainsi apporter des améliorations significatives à long terme pour la vie quotidienne, les emplois et les revenus des Suisses. La réaction à la crise financière mondiale en 2008 a donné un élan contre-productif aux industries qui sont à l’origine du réchauffement climatique. Cette erreur ne doit pas être répétée dans la réponse au Covid-19. C’est précisément maintenant qu’il faut veiller à ce que les systèmes écologiques et sociaux sur lesquels la population peut compter en temps de crise soient protégés et optimisés.

Plus d’informations:
Georg Klingler, expert des questions climatiques pour Greenpeace Suisse, [email protected], +41 79 785 07 38, (réponse en allemand)
Mathias Schlegel, porte-parole pour Greenpeace Suisse, [email protected], +41 79 794 61 23