Depuis l’élection du gouvernement brésilien en 2018, la destruction de la forêt devient de plus en plus aiguë. Une étude de Greenpeace montre comment des zones censées être protégées sont illégalement exploitées pour l’élevage.


L’ara hyacinthe est l’espèce de perroquet la plus longue du monde. Ces animaux impressionnants atteignent une longueur d’un mètre et peuvent vivre jusqu’à 90 ans. Leur bleu vif ravit des observateurs, quelles que soient leurs affinités avec l’ornithologie. Le fait qu’ils soient en menacé de disparition est malheureusement moins réjouissant. Leur population diminue continuellement. Actuellement, les populations de ces oiseaux se concentrent sur 3 zones en Amérique du Sud. L’une d’elles se trouve dans le parc national de Serra Ricardo Franco, dans l’État brésilien du Mato Grosso.


Dans les faits, un parc national est une zone protégée approuvée par l’État. Mais sous la gouvernance de Jair Bolsonaro, l’état a tendance à revenir sur ses engagements en la matière. Le nouveau gouvernement brésilien démantèle les institutions de protection et de contrôle de l’environnement et réduit leur pouvoir dans les zones à protéger entrainant des conséquences dramatiques. La destruction des forêts a augmenté de manière significative ces derniers mois. Dans les zones protégées l’augmentation atteint le niveau de 55 % et dans les zones peuplées de populations autochtones de 62 %.

Remplacer la forêt par des boeufs

Le parc national Serra Ricardo Franco existe depuis 1997 et abrite des espèces rares et uniques, parmi lesquelles l’ara hyacinthe et la loutre géante. Mais l’état de conservation du parc n’est guère défendu. Selon les recherches de Greenpeace, les agriculteurs revendiquent la propriété de 71 % des terres du parc. Vingt-cinq pour cent de la zone protégée a déjà été nettoyée. Un tiers de cette zone a été défrichée après la création du parc. Au lieu des aras et des loutres géantes, le bétail vit maintenant dans ces zones déboisées illégalement.

Greenpeace a examiné plus en détail certaines des fermes d’élevage et a découvert qu’elles vendaient des milliers de bovins aux abattoirs appartenant aux entreprises de viande JBS, Marfrig et Minerva. Ces entreprises exportent également vers l’Europe. D’avril 2018 à août 2019, près de 13 % de leurs exportations de viande sont allées en Europe, y compris en Allemagne. Les entreprises qui importent de la viande bovine des trois sociétés ne peuvent actuellement pas exclure que cette viande soit liée à la destruction des forêts dans des zones protégées telles que le parc national Serra Ricardo Franco. Cela s’explique par le fait que les chaînes d’approvisionnement sont très peu transparentes.

La Suisse complice?

L’étude de Greenpeace est représentative pour de nombreux cas dans toute la région amazonienne. « Dans tout le pays, il est frappant de voir à quel point le nouveau gouvernement piétine la protection de la forêt tropicale en faveur des industriels qui souhaitent massivement défricher », déclare Gesche Jürgens, militante de Greenpeace pour l’Amazonie. « Son ministre de l’environnement prône même la destruction de l’environnement. C’est complètement absurde, mais vrai. La forêt est plus que jamais sous pression ». Et c’est dans des moments comme celui-ci que les pays européens, dont la Suisse, souhaitent conclure un accord de libre-échange avec les pays de la communauté économique sud-américaine Mercosur, qui comprend actuellement l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, et le Brésil. Cet accord devrait notamment réduire les droits de douane sur les importations de bœuf en Europe, ainsi que les droits de douane sur les exportations de pesticides vers l’Amérique du Sud.

Que faire?

La semaine prochaine aura lieu la « World Meat Free Week« , une excellente occasion de s’abstenir délibérément de manger de la viande pendant une semaine. Nous avons des recettes délicieuses et respectueuses du climat à partager avec vous, et nous sommes loin d’être les seuls. Suivez-nous sur les médias sociaux pendant la « World Meat Free Week » et partagez les contenus. Apprenez en plus sur les liens entre la destruction de l’environnement et la consommation de viande: participez à notre Webinaire jeudi 18 juin 2020 sur le thème des importations d’aliments pour animaux!