Genève, mercredi 27 mai 2020

Le rapport de Greenpeace Suisse sur les « Affaires dangereuses pour le climat« , publié aujourd’hui, montre que malgré leur engagement de façade en faveur de la protection du climat, Credit Suisse et UBS continuent d’investir des milliards dans le secteur des combustibles fossiles. Quatre ans après la signature de l’Accord de Paris, les deux banques ne craignent pas de faire affaire avec des entreprises actives dans des secteurs particulièrement nuisibles au climat, comme les sables bitumineux, les hydrocarbures de schiste et le charbon.

L’analyse des transactions de Credit Suisse et UBS avec 101 entreprises des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz, montre que les deux banques ont fourni des financements ou d’autres services pour un montant de 70 milliards de dollars entre 2016 et 2019. Cela a généré un total de 290 millions de tonnes d’émissions de CO2, ce qui équivaut à plus d’émissions de CO2 par an que le total de la population et de l’industrie en Suisse. Il est particulièrement inquiétant de constater que des entreprises pleinement engagées dans le développement et la production de sources d’énergie extrêmement dommageables pour le climat ont également été financées, alors que les réserves de combustibles fossiles déjà exploitées dépassent le budget carbone disponible au niveau mondial.

« Il n’y a pas de place pour des combustibles aussi nocifs dans une économie compatible avec la protection du climat », déclare Peter Haberstich, chargé de campagne « Climat et Finance » pour Greenpeace Suisse. « Le fait que les banques, malgré leur engagement en faveur de la protection du climat, fournissent des financements aux entreprises qui cherchent à développer l’exploitation de ces énergies sales montre que leurs propres directives sont insuffisantes. Les autorités politiques et les organes de régulation doivent donner aux banques des directives claires et s’assurer qu’elles soient appliquées. »

Des engagements de façade
Depuis la signature de l’Accord de Paris, Credit Suisse et UBS ont augmenté leur financement à Glencore, bien que la société suive une stratégie d’expansion dans le secteur du charbon, ce qui est en contradiction avec les engagements climatiques de la banque. Parallèlement, les deux grandes banques ont soutenu les activités de la compagnie pétrolière Total à hauteur de 600 millions de dollars US, alors que la compagnie projette d’augmenter considérablement sa production de pétrole issu des sables bitumineux, malgré l’impact environnemental dévastateur de cette activité. Il n’est guère surprenant que les lignes directrices établies par les banques n’aient pas l’effet souhaité.

Les deux grandes banques suisses font souvent preuve d’incohérence, notamment en mettant fin à certains financements de projets, par exemple la construction de centrales électriques au charbon, alors que la même entreprise continue de recevoir un prêt indépendant du projet dénoncé. Sur les 101 entreprises du secteur des énergies fossiles prises en compte dans le rapport qui sont en affaires avec Credit Suisse ou UBS, beaucoup font pression pour l’abrogation ou l’affaiblissement des lois de protection du climat prévues ou existantes. Moins de 5% de ces entreprises poursuivent un objectif climatique scientifiquement fondé, ce qui démontre que les « stratégies d’engagement » des banques vis-à-vis des entreprises du secteur des énergies fossiles sont inefficaces.

Les autorités politiques doivent agir
Pour Greenpeace Suisse, l’analyse montre que le respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris par les acteurs de la place financière suisse doit devenir une priorité politique. Les mesures recommandées, rassemblées dans le document « Stratégie pour une place financière climatiquement neutre« , illustrent les étapes nécessaires afin de rendre le secteur de la finance compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Il s’agit avant tout de mettre fin immédiatement au financement de combustibles fossiles particulièrement nocifs. La production d’autres combustibles fossiles ne devrait être financée que si les entreprises concernées peuvent démontrer comment leur modèle d’affaire peut devenir neutre sur le plan climatique. Les acteurs financiers doivent élaborer un scénario de transformation des flux financiers dans l’économie mondiale dans son ensemble et doivent être soutenus dans leur mise en œuvre par des mesures de régulation et de pilotage de l’État.

Documents:
Le rapport  » Des affaires dangereuses pour le climat : les émissions financées par UBS et Credit Suisse entre 2016 et 2019″ et le document « Stratégie pour une place financière climatiquement neutre »
Rapport « Banking on Climate Change 2020 »
Le rapport de l’année dernière « Les banques suisses et les émissions qu’elles financent » de Greenpeace Suisse

Plus d’informations:
Peter Haberstich, chargé de campagne « Climat et Finance » pour Greenpeace Suisse : +41 76 337 44 49, [email protected]
Mathias Schlegel, porte-parole Climat pour Greenpeace Suisse, +41 79 794 61 23, [email protected]