Une campagne d’analyses menée par Greenpeace dans toute l’Europe montre qu’un cocktail de pesticides contamine les pommes produites de façon conventionnelle et vendues dans les supermarchés. Les tests en laboratoire ont identifié 39 substances différentes; 60% des pommes conventionnelles contiennent deux pesticides ou plus. Aucun pesticide n’a été retrouvé dans les pommes bio.


Des pesticides ont été retrouvés dans 83% des échantillons conventionnels. ©Greenpeace/Stachowske

Des pesticides ont été retrouvés dans 83% des échantillons conventionnels. ©Greenpeace/Stachowske

Greenpeace a mené une campagne dans 11 pays européens – dont la Suisse – en achetant 126 échantillons de pommes différents dans des supermarchés et a fait analyser leur éventuelle teneur en pesticides dans un laboratoire indépendant spécialisé. Des pesticides ont été retrouvés dans 83% des échantillons conventionnels, 60% de ces échantillons étaient contaminés par deux pesticides ou plus. Aucune pomme de culture biologique ne contenait de pesticides.

Ces résultats montrent clairement que le traitement intensif appliqué durant la culture se retrouve dans l’assiette des consommateurs. Au vu du grand nombre de pesticides retrouvés, de leur potentiel de bioaccumulation élevé et de leur influence sur la reproduction, des effets sur la santé ne peuvent pas être exclus – même si les différentes valeurs limites nationales sont respectées. De plus, l’utilisation actuelle de pesticides a d’ores et déjà de graves effets négatifs sur la biodiversité et menace d’importantes prestations de notre écosystème telle la pollinisation.

Philippe Schenkel, chargé de campagne Agriculture à Greenpeace Suisse, explique: « L’utilisation élevée de pesticides dans l’agriculture industrielle affaiblit la biodiversité, menace notre santé et lègue un cocktail chimique dans nos aliments. Il devient urgent de s’atteler à un plan d’abandon des pesticides et de proposer aux consommateurs des aliments sains et produits de façon durable. »

L’économie agricole suisse doit renoncer à l’agriculture intensive et aux produits chimiques. Il faut en particulier réduire progressivement l’utilisation de pesticides de synthèse. Cela implique de se détourner des systèmes agricoles industriels et d’introduire des pratiques agricoles écologiques. C’est la seule façon de résoudre efficacement les problèmes écologiques et économiques contre lesquels l’agriculture lutte actuellement.

Concrètement, il s’agit d’améliorer l’exploitation des sols, de lutter contre les nuisibles de manière biologique, de cultiver des variétés résistantes et adaptées aux conditions locales, de mettre en place une rotation optimisée des cultures et d’augmenter la diversité des systèmes agricoles. Greenpeace appelle les supermarchés à soutenir les paysans dans leur transition vers une agriculture durable.

Résultats en Suisse


En Suisse, nous avons acheté des échantillons chez Aldi, Coop, Lidl et Migros. Aucun pesticide n’a été retrouvé dans les pommes bio (Coop & Migros). Une moyenne de 1,8 pesticide a été retrouvée dans les échantillons de pommes suisses produites de façon conventionnelle. L’échantillon acheté à la Migros était le plus contaminé avec 5 différents résidus. Le produit chimique THPI, un produit de dégradation du fongicide captan, a été retrouvé dans les pommes pour enfants Jamadu de la Coop. Tous les échantillons analysés respectaient les valeurs limites légales.