Animaux étranges, organismes d’un autre monde, espèces insolites… La vie marine étonne et fait rêver, avec ses isopodes géants, ses blobfish visqueux, ses myxines gluantes, ses homards poilus et toutes ses autres espèces improbables.

Peu surprenant dès lors que les films de science-fiction hollywoodiens se tournent si souvent vers les océans, en quête de monstres marins, de paysages subaquatiques et de mystères dans les grands fonds. Les profondeurs de l’océan nous semblent plus étranges encore que la surface de la lune.

Certains scientifiques pensent que le plancher océanique pourrait bien être l’endroit où la vie est apparue pour la première fois sur notre planète.

Découverte des évents hydrothermaux

Les évents ou monts hydrothermaux en eau profonde semblent en effet créer des conditions idéales pour l’émergence de la vie. Ces cheminées hydrothermales évacuent de l’eau surchauffée chargée de substances chimiques. Elles se situent dans des zones dépourvues d’oxygène que la lumière du soleil n’atteint jamais. Leur formation est due à la chaleur du magma terrestre, qui remonte à travers la croûte océanique aux endroits où se rencontrent les plaques tectoniques

La méduse à crinière de lion.

Les évents hydrothermaux n’ont été découverts qu’en 1977. Les scientifiques ont été étonnés de voir ces cheminées imposantes et les animaux étranges aux alentours : vers tubicoles géants, crabes mangeurs de bactéries et autres créatures surréalistes qui parviennent à survivre dans les grands fonds. Ces organismes se regroupent autour des colonnes dégageant leurs fluides hydrothermaux, comme une fumée d’eau de mer surchauffée riche en minéraux.

Cette découverte a mis en cause les idées courantes concernant la vie sur la planète, d’autant plus que des versions « alcalines » d’évents hydrothermaux ont été découvertes en 2000. Dans un environnement caustique, un peu comme l’eau de Javel faiblement concentrée ou le bicarbonate de soude, l’émergence de la vie paraît encore plus improbable. Et pourtant, c’est bien ce qui s’est passé.

La véritable soupe primitive ?

Le site de « Lost City », au cœur de l’atlantique, est le plus connu parmi les sites d’évents hydrothermaux. Ce champ de colonnes, de tours et de cheminées pourrait dater de 120 000 ans.

La recherche scientifique montre que les évents hydrothermaux sont créateurs d’hydrocarbures, des molécules essentielles à toute vie sur Terre. Se pourrait-il que ce brassage de substances chimiques et de minéraux dans l’eau de mer surchauffée soit à l’origine de la vie ? Est-ce qu’on est en présence de la véritable soupe primitive ?

Honnêtement, nous n’en savons encore rien. Au cours des deux dernières décennies, les scientifiques se sont efforcés d’étudier et de comprendre les mystères de la Cité perdue.

Alors que la recherche scientifique commence tout juste à mieux comprendre ces phénomènes, des industriels s’intéressent à ces zones uniques pour en exploiter les ressources minérales.

Machines géantes

Nous ne savons pas grand-chose sur le plancher océanique, et encore moins sur les évents difficilement accessibles dans les grands fonds marins. Bien que résistant à des conditions chimiques et physiques extrêmes, ils semblent néanmoins fragiles et vulnérables.

Les salpes se trouvent le plus souvent dans les mers chaudes ou équatoriales, où elles flottent au hasard, seules ou en longues colonies filandreuses.

Alors que les analyses scientifiques de ces environnements extraordinaires ne font que commencer, ils risquent d’être endommagés ou détruits à jamais par les entreprises qui visent à extraire les minéraux des grands fonds.

Des licences ont déjà été accordées pour la prospection minières avec des machines monstrueuses, qui risquent de saccager ces habitats avant que les scientifiques aient eu la chance de les étudier véritablement.

Signal d’alarme

Cette ruée vers l’exploitation des grands fonds avant même leur exploration scientifique est un signal d’alarme.

Il n’y a aucune raison de piller le plancher océanique pour fabriquer de nouveaux produits, alors que les entreprises fabricants les appareils électroniques et les biens de consommations courante ne sont pas en mesure de reprendre et de recycler les matériaux déjà mis en circulation. Les projets de prospection menacent des biotopes marins irremplaçables, et risquent de détruire ces zones pour toujours.

Le sébaste de Madère, ou Scorpeana Maderensis, peut changer de motif et de couleur de presque blanc à rouge foncé, pour tenter d’imiter le fond.

Greenpeace a lancé une expédition d’un pôle à l’autre, et se rendra sur le site hydrothermal de Lost City dans le courant de l’été, en compagnie de la scientifique qui a découvert cette merveille il y à moins d’une vingtaine d’années. L’expédition vise à mieux comprendre ce phénomène naturel, et à faire avancer la protection des fonds marins contre l’exploitation minière.

La vie sur terre a-t-elle commencé dans la soupe d’éléments chimiques des évents hydrothermaux des grands fonds ? Personne ne peut l’affirmer. Mais nous savons que les activités humaines menacent déjà suffisamment d’espèces et d’habitats. Il n’existe aucune raison légitime de détruire les eaux profondes et la fantastique vie marine qui s’y déploie.

Participez à la campagne de Greenpeace pour protéger les zones marines comme Lost City, et empêcher les industriels d’exploiter les régions les plus vulnérables et les plus importantes de nos océans : https://fr.greenpeace.ch/fr/act/petition-protection-oceans/