Nestlé a étonné son monde en publiant 2 annonces sur l’environnement de façon quasi simultanée. La première nous apprends que l’entreprise souhaite s’investir plus fortement sur la question climatique. Avec la seconde, Nestlé nous présente un institut de recherche pour des alternatives en matière d’emballage. Il est évidemment réjouissant de voir une entreprise de cette taille chercher à prendre son rôle environnemental plus au sérieux. Il reste toutefois de nombreuses questions à régler avant que nous soyons entièrement satisfait par les démarches annoncées.

A l’approche du Sommet Action Climat à New-York, Nestlé se joint à d’autres entreprises transnationales pour faire des annonces sur le climat. Le but à atteindre pour Nestlé est la neutralité carbone d’ici à 2050. Nous aurions préférés des objectifs d’émissions de carbone plus stricts, c’est-à-dire arriver à des émissions nettes nulles d’ici 2040, avec des objectifs intermédiaires pour 2025 et 2030. Il faudra encore patienter 2 ans avant d’avoir un veritable aperçu des stratégies qui seront mises en oeuvre par le géant de l’agro-alimentaire. Pour l’heure bien des questions restent sans réponses.

Un exemple illustre particulièrement bien ce cas de figure. L’entreprise s’engage à multiplier les préparations alimentaires 100% végétales, mais sans annoncer un objectif de réduction du recours aux aliments issus de l’élevage comme la viande, les œufs et les produits laitiers. Or, pour se donner une chance de protéger le climat, les forêts et la biodiversité, il faut réduire drastiquement et rapidement la consommation de produits d’origine animale. Cette incohérence traduit-elle le fait que les annonces actuelles servent essentiellement à suivre les évolutions des habitudes de consommation? La seule façon de prouver le contraire pour Nestlé est de se montrer entièrement transparente sur les stratégies qui seront mises en place et les objectifs intermédiaire pour atteindre la neutralité carbone.

Un vrai problème mais de fausses solutions

L’inauguration du Nestlé Institute of Packaging Sciences part peut-être d’un bon sentiment, mais elle illustre, elle aussi, l’inadéquation entre les solutions retenues par l’entreprise et la réalité de la crise liée au objets et emballages jetables. Les activités de cet institut tournent essentiellement autour de solutions alternatives au plastique, comme le papier, et du recyclage. Or on sait pertinemment que choisir d’autres matières premières pour des objets jetables consiste à remplacer un gaspillage par un autre. Le recours au papier, tout particulièrement, serait redoutable pour nos forêts, la biodiversité qu’elles abritent et leur capacité à réguler le climat.

Le recyclage n’a jamais fait ses preuves. Les entreprises qui produisent les biens de grande consommation insistent sur le recyclage afin de se décharger de leurs responsabilité sur les consommateurs et les Etats. Or ces derniers se montrent incapables de lutter efficacement contre le littering et n’arrivent pas à mettre en place des filières de recyclage capables d’absorber la quantité grandissante de matière plastique consommée. La solution passe par la sortie de la culture du jetable.

Il faut favoriser des systèmes qui permettent la réutilisation et la réduction des emballages. De nombreuses initiatives existent déjà qui, une fois généralisées, pourraient permettre à Nestlé d’avoir rapidement un impact important sur la question. D’ailleurs l’entreprise s’y intéresse déjà, mais les efforts réalisés en la matière demeurent encore bien timides. Pour les généraliser, l’entreprise devra revoir en profondeur son modèle d’affaire. En a-t-elle le courage?