Durant le mois de mars 2020, la déforestation mondiale a augmenté de 150 % en moyenne par rapport aux données récoltées à la même période entre 2017 et 2019. C’est une information qui nous choque profondément. Il s’agit de forêts tropicales, d’écosystèmes rares et fragiles, d’une flore et d’une faune uniques, et du lieu de vie de populations autochtones.

Comment est-ce possible? Il faut malheureusement faire le constat que la pandémie du Covid-19 fournit les conditions idéales pour une surexploitation incontrôlée. Cet état de fait affecte non seulement les forêts tropicales, mais aussi d’autres écosystèmes importants, comme le Cerrado au Brésil, une gigantesque région de savane abritant une biodiversité exceptionnelle. Le principal moteur de la déforestation c’est l’élevage. Les forêts sont rasées et converties en monocultures fourragères à grande échelle et en zones de pâturages. Les entreprises du secteur des matière premières agricoles vendent les marchandises issues de cette déforestation dans le monde entier, et notamment en Suisse. 

La pétition « Stop à l’importation de viande et de fourrage destructeurs pour l’environnement » déposée auprès des autorités fédérales aujourd’hui à Berne reste donc malheureusement d’une grande actualité. Nous avons recueilli 33’287 signatures pour ce texte soutenu à la fois par Greenpeace Suisse  mais aussi par Extinction Rebellion, la Société pour les peuples menacés, Incomindios, Climatestrike Suisse et Agriculture du futur. 

Déguisés en porcs mangeant un gâteau de soja, les militants de Greenpeace illustrent la situation actuelle.

La viande ou la vie? 

Si les images des incendies en Amazonie, et la menace qui pèse sur les habitants des forêts ont interpellé l’opinion mondiale, force est de constater que ces images choquantes sont oubliées lorsque la plupart d’entre nous choisissons notre prochain menu. Le monde a envie de viande et donc de fourrage pour les animaux d’élevage. Malheureusement, cet appétit grandissant entraîne une pression toujours plus forte sur les écosystèmes naturels. Aujourd’hui, 75 % des terres agricoles dans le monde servent à élever du bétail. Cela explique pourquoi nous encourageons les personnes à réduire leur consommation d’aliments issus de l’élevage. La production d’une calorie végétale nécessite jusqu’à 10 fois moins de terre et environ 5 fois moins d’eau que la production d’une calorie animale.

Aujourd’hui démarre la World Meat Free Week qui a lieu chaque année en juin. Alors? Vous pensez pouvoir passer une semaine sans manger de viande? 

Vous avez dit « Politique »? 

La pétition est adressée au Conseil fédéral et au Parlement. L’article 104a de la Constitution fédérale stipule que les relations commerciales transfrontalières doivent contribuer au « développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire ». La viande ou les aliments pour animaux produits par une déforestation scandaleuse et la destruction des écosystèmes, ce n’est pas durable. La dégradation de l’environnement et les violations des droits de l’homme doivent être évitées grâce à des standards minimaux clairs dans les relations commerciales avec des pays tiers. La conclusion de l’accord de libre-échange avec le Mercosur menace de nous faire faire un grand pas dans la mauvaise direction!

Le mirage de l’agriculture suisse

L’agriculture suisse n’est pas en mesure de nourrir les animaux de ferme qu’elle élève avec ses propres cultures. Elle a besoin d’un grand soutien de l’étranger : la Suisse importe plus de la moitié de ses aliments concentrés en moyenne annuelle. Le fait est que la production alimentaire en Suisse ne correspond plus depuis longtemps à son image d’Épinal. Les méthodes axées sur une productivité maximale mettent en danger nos sols, polluent l’air que nous respirons et nos réserves d’eau. Elles sont aussi une grande source d’émission de gaz à effet de serre.  

Afin de faire émerger une production biologique et respectueuse des animaux nécessiterait il faudrait limiter drastiquement le nombre de têtes de bétail. Cela permettrait de rendre les sols plus fertiles et de réduire la pollution de l’eau et du climat. 

Trouver une volonté commune

Alexandra Gavilano, notre chargée de campagne pour l’agriculture et l’alimentation le résume très bien: « Il existe un lien direct entre la nourriture dans nos assiettes, la déforestation et donc aussi les violations des droits de l’homme qui en découlent. En réduisant la quantité de produits d’origine animale dans notre alimentation, nous pouvons faire en sorte que notre consommation alimentaire ne provoque pas de tragédies écologiques et humaines dans d’autres pays. Cela nécessite la volonté de la population d’une part, mais aussi la volonté des hommes politiques et du secteur agricole de définir des mesures efficaces et performantes en faveur d’une agriculture locale durable ».

En apprendre davantage

Vous pouvez vous immerger encore plus dans le sujet en participant au webinaire, que nous organisons à l’occasion de la « World Meat Free Week ». Oliver Salge, de Greenpeace Brésil, vous donnera des informations de première main sur les effets de la déforestation en Amazonie. Franziska Herren, le cerveau de l’initiative Pour une eau potable propre et une alimentation saine sera également présente.