Ce texte a été rédigé par Alexandra Gavilano, responsable de la campagne Agriculture et Climat pour Greenpeace Suisse. Il fait partie d’une série d’articles sur l’agriculture publiés par le média zurichois Tsüri.ch en collaboration avec Greenpeace Suisse.

Le refus de l’initiative « Pour une eau potable propre et une alimentation saine » le 13 juin 2021 signifie que le système actuel de la production de viande, fortement dépendante aux importations de fourrages concentrés, est maintenu jusqu’à nouvel ordre.

L’agriculture a un impact considérable sur le réchauffement climatique. Dans notre pays, elle est responsable de 14,2 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Cela est dû en grande partie au nombre très élevé d’animaux de ferme. Les poulets, les porcs et les bovins sont élevés à grande échelle pour satisfaire l’avidité des consommateurs pour les produits animaux. Le nombre élevé de têtes de bétail observé en Suisse n’est possible qu’au travers de l’importation de 1,4 million de tonnes de fourrage chaque année. L’élevage intensif produit des gaz à effet de serre. Les régions où cet élevage sont pratiqué produisent un énorme excédent d’azote à cause du fumier produit. Près de la moitié des terres arables sont utilisées pour la production de fourrages, mais cela reste insuffisant. Pour couvrir ses besoins, l’industrie doit également en importer de grandes quantités. L’élevage industriel a permis à la viande de devenir un produit bon marché que nous pouvons consommer quotidiennement.


Voulez-vous manger de manière respectueuse du climat ? Le poster « All you can eat » illustre le score CO2 de 500 aliments et se laisse facilement aimanter sur votre réfrigérateur.


Au lieu d’œuvrer à la réduction de la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers en Suisse, afin d’atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, la Confédération redouble d’effort pour maintenir la demande élevée. L’année dernière, environ 39 millions de francs suisses de l’argent des contribuables ont été consacrés au marketing de l’industrie de la viande, des œufs et des produits laitiers. Les consommateurs se voient littéralement servir un conte de fées : une agriculture idyllique respectueuse de la nature, des animaux heureux et une production traditionnelle.

Avec la marque « Viande Suisse », l’association Proviande, la faitière du secteur de la viande, prend en charge la promotion de la consommation de viande financée par de l’argent publique. Pourtant, même les produits présentés comme de la « viande suisse » contiennent souvent moins de Suisse qu’on ne le pense. C’est ce que nous avons mis en lumière dans une étude sur les fourrages en Suisse publiée en hiver 2021.

Malheureusement, Proviande et l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) refusent de faire preuve de transparence et à sensibiliser activement la population à la necessité de réduire la consommation de viande. Ces publicités trompeuses sont payées avec l’argent des impôts de tous les Suisses, y compris les véganes et les végétariens, mais ne s’adressent qu’à un groupe de consommateurs spécifique. Pour l’OFAG et Proviande, l’important c’est de soutenir les producteurs de viande suisse, même si cette dernière n’est pas nécessairement biologique ou même certifiée IP. Pour ces acteurs, des organisations telles que Greenpeace peuvent se charger de la sensibilisation. C’est en tout cas ce que suggérait le responsable du marketing pour Proviande lors d’une rencontre.

On semble avoir oublié que Greenpeace et d’autres organisations ne sont pas payées par l’État pour éduquer et sensibiliser la population. Les institutions mandatées par l’État devraient avoir pour tâche claire d’adapter les campagnes publicitaires financée par les contribuables à la nécessité d’un changement de consommation. Compte tenu de la crise du climat et de la biodiversité, cela signifie la réduction et une consommation plus intelligente des produits animaux. Proviande refuse de reconnaître la légitimité d’un débat entre le « droit » de consommer de la viande et la nécessité d’adapter nos habitudes alimentaires afin de favoriser la survie de l’homme sur cette planète. Pour les personnes qui ne s’intéressent pas activement à la question, la confusion maintenue actuellement fausse inutilement le débat. Certains consommateurs sont induits en erreur en pensant qu’un morceau de viande suisse est meilleur pour l’environnement que du soja de l’étranger et oublient également que les aliments végétariens et végétaliens au soja présent sur le marché ne proviennent pas du Brésil mais de la Suisse ou de l’Union Européenne.

Pour analyser l’influence des plus grands annonceurs de viande sur le comportement alimentaire, nous devons comprendre comment les techniques de marketing de l’industrie de la viande influencent les attitudes et les croyances sur la légitimité de la consommation de viande et renforcent les préjugés. Ce lien entre la publicité pour la viande et les habitudes de consommation de viande doit être compris et mis en lumière. C’est une première étape afin de faire comprendre aux autorités politiques que le marketing de l’industrie de la viande doit être fortement réglementé, à l’image de ce qui est fait pour le tabac et l’alcool.


Pétition « Pas d’argent public pour un conte de fées ».

Saviez-vous que l’agriculture suisse a un impact considérable sur le réchauffement climatique ? Dans ce pays, l’agriculture est responsable de 13,5 % du total des émissions de gaz à effet de serre. La majorité d’entre elles proviennent de l’élevage.

Au lieu d’œuvrer à la réduction de la consommation de viande, d’œufs et de produits laitiers en Suisse, on en fait la promotion. Chaque année, des millions de francs de l’argent des contribuables sont injectés dans le marketing de l’industrie de la viande et du lait. Cela doit cesser.