Les villes abritent aujourd’hui la majorité de la population de la planète, et cette tendance va en se renforçant. Les directives et règles édictées par les villes en matière d’alimentation ont de ce fait une influence très importante. L’alimentation, en prenant en compte la production de la nourriture, le transport, la transformation le stockage et le conditionnement représente 37% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète.


L’alimentation représente aujourd’hui 27% de l’impact environnemental des ménages suisses. Cela s’explique notamment par la part élevée de viande et de produits laitiers dans notre alimentation. Pour produire une calorie animale, il faut un nombre important de calories végétales. Alors que dans les aliments végétaux, les calories passent directement au consommateur. Il faut donc nettement moins d’espace, d’énergie et d’eau pour produire des aliments végétaux. En plus de la réduction drastique des aliments d’origine animales, les autres critères pour une alimentation respectueuse du climat et de l’environnement sont la réduction du gaspillage alimentaire et le fait de privilégier des aliments de saison, issus d’une production respectueuse de l’environnement.

Impact environnemental d’un ménage suisse type par groupe d’aliments. Source : ESUServices, analyse pour Greenpeace 2019.

Les bon critères pour l’alimentation

En Suisse les villes communiquent beaucoup sur la durabilité et sur l’alimentation. On peut toutefois s’interroger si les réflexions en terme d’alimentation s’appuient sur les bons critères. Greenpeace Suisse a donc mené l’enquête et a analysé les directives alimentaires des 10 plus grandes villes de Suisse, qui abritent plus d’un million et demi d’habitants. Un premier comparatif des villes de Suisse est paru eu printemps 2018, et le constat était amer: aucune des villes n’a correctement pris en compte la question climatique dans ses directives alimentaires.

Impact environnemental d’un ménage suisse type par activité. Source : ESU-Services, analyse pour Greenpeace 2019.

Nous publions aujourd’hui une mise à jour de cette analyse. Si certaines villes comme Bienne ou Zurich ont bel et bien avancé sur le sujet, la prise en compte de l’alimentation dans les critères de durabilité n’avance que trop lentement. Nous ne goutons guère le fait que le retard des villes suisses n’a fait que s’accentuer durant les 18 mois séparant les deux rapports.

Une Suisse qui stagne

Durant cette période, plusieurs initiatives très importantes ont pourtant été lancées par certaines villes à travers la planète, et non des moindres. Copenhague a par exemple décidé en août 2019 de réduire drastiquement la quantité de viande dans les menus des écoles et autres institutions publiques dont elle a la charge. La capitale danoise, qui fait figure de pionnière dans la protection du climat, va aussi s’attaquer au gaspillage alimentaire. En octobre 2019, 14 maires de certaines des plus grandes villes au monde ont pris l’engagement d’aligner leurs politiques en termes d’alimentation sur des objectifs de protection du climat et de la biodiversité. On retrouve parmi elle des mégapoles comme Séoul, Tokyo, Paris, Londre ou Milan.


Pendant ce temps, les villes de Suisse prennent encore trop en compte le critère de la localité. Celui-ci est certes important pour le tissu économique local, mais ne permet pas de limiter suffisamment efficacement l’impact de l’alimentation sur l’environnement. Pourtant, elles ont avec l’alimentation un formidable moyen d’agir pour le climat. Une opportunité alléchante à l’heure où les nouvelles générations s’engagent fortement sur ce sujet.