Les arguments des climatosceptiques sont tout sauf irréfutables.

Le changement climatique est-il vraiment causé par l’homme? Ou le soleil est-il responsable de ces changements? Les médias posent régulièrement des questions de ce genre, pourtant la science y a répondu depuis bien longtemps. Semer le doute est une des stratégies du lobby des énergies fossiles.

Des doutes monnayés

Wei-Hock «Willie» Soon, un scientifique du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics (CfA), est un des climatosceptiques les plus cités. Sa théorie: le réchauffement de la planète depuis le début de l’industrialisation est principalement dû aux fluctuations de l’énergie solaire. Soon est ainsi devenu le scientifique le plus cité par les médias US conservateurs et la référence des climatosceptiques du monde entier.

Mais en février 2015, une page s’est tournée. Le New York Times a divulgué des documents prouvant que Willie Soon a reçu pas moins de 1,25 million de dollars sur une période de plus de dix ans des groupes, lobbys et entreprises pétrolières et qu’il a caché cette source de revenus. Parmi les financeurs de Soon, on trouve des groupes pétroliers comme ExxonMobil (Esso), la société charbonnière Southern Energy et Charles Koch, milliardaire de l’or noir. À cela s’ajoute que les documents citent l’avis des financiers: en parlant des résultats de recherche de Soon – notamment les présumés effets du soleil sur le changement climatique – ils parlent de «résultats publiables».

Le rôle du géant pétrolier ExxonMobil dans ce genre de jeux est connu depuis bien longtemps. Aux États-Unis, durant les années nonante, les lobbyistes ont fait un excellent travail. Si les États-Unis n’ont jamais signé le Protocole de Kyoto, c’est notamment l’œuvre des climatosceptiques rémunérés par Exxon. Et ce sont aussi les climatosceptiques américains qui ont fondé, en 1996, l’European Science and Environment Forum (ESEF). Un institut dont le seul but est d’empêcher toute politique climatique européenne efficace.

Malgré ces révélations, les publications de Soon continuent d’être considérées comme des «preuves scientifiques» par les climatosceptiques du monde entier, pour lesquels le fait que les théories de Soon ont été réfutées depuis belle lurette est tout juste anecdotique.

Les 10 arguments préférés des climatosceptiques… et ce qu’en dit la science

1. Le climat a varié de tout temps

Les analyses scientifiques démontrent que la concentration de gaz à effet de serre – notamment le CO2 – a pour la première fois atteint le même niveau qu’il y a 800’000 ans. Le climat de la planète a toujours fait l’objet de variations naturelles. Cependant, jamais encore le climat n’a changé aussi rapidement qu’aujourd’hui. En outre, il est démontré que le CO2 actuel provient essentiellement de la combustion de charbon et de pétrole, donc qu’il est causé par l’homme.

2. Activité solaire

Au cours des 35 dernières années de réchauffement de la terre, le soleil a légèrement refroidi. Le soleil et le climat ont donc évolué selon des directions diamétralement opposées. Les cycles solaires sont réguliers, avec une intensité de rayonnement variable. Les mesures par satellite ont montré qu’au cours des dernières décennies, l’écart entre les minima et les maxima du rayonnement étaient trop faibles pour avoir pu déclencher le changement climatique actuel.

3. La situation n’est pas aussi grave que ce que l’on prétend

Chaque degré de réchauffement rend les conséquences du changement climatique plus palpables. Résultat: une hausse de 2 °C de la température serait extrêmement préjudiciable, une hausse de 4 °C serait un désastre.

4. Il n’y a pas qu’une seule opinion

Pas moins de 97% des scientifiques sont d’accord sur la cause du réchauffement. Plus de 10’000 publications scientifiques et toutes les académies des sciences dans le monde le disent: le changement climatique est bien réel et anthropique.

5. Le climat se refroidit

Les mesures empiriques montrent que notre planète continue d’absorber de la chaleur et que la température de la terre augmente. Toutefois, les températures de surface peuvent momentanément baisser. Cela se produit notamment lors d’échanges de chaleur entre l’atmosphère et les océans. Nos océans peuvent absorber et stocker beaucoup plus de chaleur que l’air.

6. Les modèles climatiques ne sont pas fiables 

Les modèles climatiques reflètent le passé de manière correcte et les pronostics qu’ils ont fait se sont avérés exacts.

7. Les mesures de température sont inexactes 

Des études indépendantes recourant à des logiciels différents, des méthodes différentes et de jeux de données différents arrivent tous à des résultats analogues: la température augmente. Une évolution directement liée au climat.

8. La faune et la flore sont capables de s’adapter

Les principales extinctions de masse du passé ont été associées à des changements du climat. Comme le climat se modifie aujourd’hui de manière très rapide, la plupart des espèces n’ont d’autre choix que de disparaître. Pour elles, le changement climatique est trop rapide et trop abrupt.

9. La Terre ne s’est pas réchauffée entre 1998 et 2005

Depuis 1998, notre planète stocke en permanence de plus en plus de chaleur. L’année 1998 était exceptionnellement chaude en raison du phénomène El Niño. Les années 2005 et 2010 étaient les plus chaudes depuis le commencement de l’enregistrement des températures.

10. La banquise augmente en Antarctique

Les mesures par satellite montrent effectivement que la banquise – en mer – croît. Toutefois la glace sur le continent antarctique fond, et contribue ainsi à augmenter le niveau des mers.