De la poudre aux yeux?
À la recherche de solutions.

Une proposition largement discutée pour résoudre le changement climatique est le captage du CO2 et son stockage souterrain (Carbon Capture and Storage, CCS). Les milieux politiques et industriels utilisent tous deux cette théorie pour se montrer sous un jour respectueux du climat. Reste que la technologie CCS suscite de faux espoirs: en effet, elle comporte des risques incalculables et freine le tournant énergétique. La méthode consiste à capter le CO2 à la sortie des cheminées des centrales électriques, à le comprimer et à le stocker sous terre.

Apparemment prometteuse, la méthode est surtout discutable. Car pour une utilisation à grande échelle, cette technologie arrive malheureusement trop tard. En effet, elle ne serait pas disponible avant 2030. Les calculs ont montré que, en fonction du type de méthode CCS utilisée, jusqu’à 40% de la puissance des centrales seraient perdus. L’application du CCS entraînerait donc encore plus d’émissions de CO2. Sans compter que les centrales CCS nécessiteraient presque deux fois plus d’eau que les centrales conventionnelles.

Méthode complexe et coûteuse

Plus le CO2 capturé doit être pur, plus la dépense énergétique est élevée et plus le processus CCS dans son ensemble se révèle anti-économique. Le CO2 séparé des autres gaz puis comprimé doit être transporté par camion, par train ou par pipeline vers les éventuels sites de stockage définitif ou provisoire. Les plans pour la surveillance des installations de stockage et des environs – sur terre ou sous la mer – sont encore inaboutis, voire inexistants. Des conditions essentielles pour garantir la sécurité de la population et de l’environnement sur l’ensemble de la chaîne de processus de la technologie CCS sont tout simplement absentes.

Équiper les centrales serait déjà cher, mais la construction de pipelines et d’installations de compression de CO2 serait encore plus onéreuse. Selon une étude réalisée en 2008 par le cabinet de conseil McKinsey, le développement de la technologie CCS en Europe à lui seul demanderait dix milliards de financement initial par les gouvernements. L’élimination d’une tonne de CO2 coûterait entre CHF 60.- et 90.-. Et comme les coûts d’exploitation des centrales auraient doublé, une hausse du prix de l’électricité serait inévitable: avec une hausse de 20, 50 voire 100% des coûts d’électricité, la technologie CCS s’avère donc tout sauf concurrentielle.

Une telle technologie à risque soulève aussi une question cruciale: qui est responsable en cas de fuites des dépôts de CO2, en cas de maladies, d’eau potable contaminée ou d’émissions en hausse? Au mépris du principe pollueur-payeur, les exploitants veulent que les États assument la responsabilité pour la sécurité des dépôts – dès 30 ans après leur fermeture. En d’autres termes, ce serait au public de supporter le risque pour le stockage du CO2 et de payer en cas de problème.

Pourquoi ne pas miser sur la solution la plus évidente: des énergies à 100% renouvelables?